Côte d’Ivoire : tout savoir du procès de l’assassinat de Robert Gueï

Après avoir été suspendu en décembre, et ajourné ce jeudi, le procès des 22 suspects de l’assassinat de Robert Gueï, d’une partie de sa famille et de sa grade rapprochée, se rouvre lundi prochain à Abidjan. Décryptage en cinq points pour bien comprendre les enjeux de cette affaire d’État.

Robert Gueï, ex-chef de la junte en Côte d’ivoire, le 24 octobre 2000. © Issouf Sanogo / AFP

Robert Gueï, ex-chef de la junte en Côte d’ivoire, le 24 octobre 2000. © Issouf Sanogo / AFP

Publié le 20 janvier 2016 Lecture : 3 minutes.

L’audience du jeudi 21 janvier a finalement été ajournée au lundi 25 janvier. C’est donc à cette date que le tribunal militaire d’Abidjan devrait réouvrir le procès des suspects de l’assassinat du général putschiste Robert Gueï, de sa garde rapprochée et d’une partie de sa famille, le 19 septembre 2002, lors du coup d’État avorté qui s’est mué en rébellion armée dirigée par Guillaume Soro, l’actuel président du Parlement ivoirien.  Un procès, suspendu pour raisons de procédure le 17 décembre dernier, qui devrait apporter une réponse à l’une des plus grandes énigmes de la longue crise politico-militaire qu’a traversé la Côte d’Ivoire ces 20 dernières années. L’audition des témoins démarrera le 1er février.

Des suspects bien connus

Dans le box des accusés, on retrouvera des visages connus des Ivoiriens, tous membres influents du pouvoir de l’ancien président Laurent Gbagbo, notamment le général Bruno Zogbo Blé, à l’époque puissant patron de la Garde républicaine et le commandant Anselme Séka Yapo (dit Seka Séka), ancien responsable de la sécurité de l’ex-première dame Simone Gbagbo. Dans ce dossier, l’on dénombre 22 suspects, tous membres des ex-Forces de défense et de sécurité (FDS).

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La prescription évitée de justesse

Les éventuelles poursuites engagées pour l’assassinat de Robert Gueï devaient être frappées par la prescription le 19 septembre 2012, n’eut été la vigilance de la famille qui a porté plainte huit jours avant cette date. « C’est grâce à cette plainte que nous avons pu ouvrir l’enquête et lancer les différentes procédures qui ont abouti à l’arrestation de plusieurs suspects », a confié à Jeune Afrique, une source proche du dossier.

Le cardinal Bernard Agré avait révélé que le Robert Gueï avait été arrêté au sous-sol de la cathédrale d’Abidjan où il s’était réfugié, faisant s’effondrer la thèse des pro-Gbagbo

Différentes versions de l’assassinat

À titre de témoins, Pascal Affi N’Guessan, l’ex-Premier ministre de Laurent Gbagbo au moment des faits et Lida Kouassi Moise, ex-ministre de la Défense. Peu après l’assassinat, Pascal Affi N’Guessan avait déclaré dans les médias internationaux que Robert Gueï avait été « tué sur le champ des opérations alors qu il allait se proclamer chef de l État à la télévision ». Mais quelques années plus tard, l’ancien archevêque d’Abidjan, le cardinal Bernard Agré avait révélé que le Robert Guéi avait été arrêté au sous-sol de la cathédrale d’Abidjan où il s’était réfugié, faisant s’effondrer la thèse du pouvoir de Laurent Gbagbo.

La théorie du parquet

Après plusieurs centaines heures d’enquêtes et d’auditions, le parquet militaire croit désormais connaître la méthode qui a été employée pour éliminer Robert Gueï, sa garde rapprochée et sa famille. Deux commandos auraient été mis en place au sein de la gendarmerie et de la Garde républicaine. « Gueï a été extirpé de la cathédrale avant d’être tué de deux balles tirées de deux armes différentes. C’était sur le boulevard de la Corniche, à Cocody. Puis les meurtriers sont allés à sa résidence pour abattre son épouse d’une balle dans la tête », soutient une source proche du dossier. Qui ajoute que le deuxième commando a, lui, arrêté tous les membres de la garde rapprochée du général, dont le capitaine Fabien Coulibaly, son aide de camp à sa résidence du quartier de l’Indénié, au Plateau, avant de les exécuter à Sébroko, un sous-quartier de la commune d’Adjamé.

Autre difficulté du procès : certains témoins-clés seront absents, soit parce qu’ils sont morts, soit parce qu’ils sont loin de la Côte d’Ivoire

Les aveux controversés de Séka Séka

« Dans ses auditions faites par la DST, Anselme Seka aurait reconnu avoir tiré la première balle qui a tué Guéï. Mais, au procès, son conseil fera croire que ses aveux ont été extorqués sous la torture », explique la même source. Autre difficulté du procès : certains témoins-clés seront absents, soit parce qu’ils sont morts, comme le cardinal Bernard Agré ou l’ancien gardien de la cathédrale, soit parce qu’ils sont loin de la Côte d’Ivoire, comme Laurent Gbagbo, détenu à la prison de la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye, aux Pays Bas. Un point sur lequel devraient jouer les avocats de Seka Séka et de Bruno Dogbo Blé, Mes Rodrigue Dadié ou Mathurin Djirabou, qui tenteront d’obtenir la relaxe de leurs clients, déjà condamnés dans d’autres affaires liées à la grave crise postélectorale de fin 2010 – début 2011.

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