Pierre Legrand, Thierry Dol, Marc Féret : la fronde des anciens otages contre l’État français

Décidément, l’État français n’en a pas fini avec ses anciens otages en Afrique. Après Pierre Legrand et Thierry Dol, c’était au tour de Marc Féret de porter plainte contre X mercredi, accusant des hauts fonctionnaires français d’avoir retardé sa libération.

Daniel Larribe, Pierre Legrand, Thierry Dol, et Marc Féret, avec François Hollande. © Michel Euler/AP/SIPA

Daniel Larribe, Pierre Legrand, Thierry Dol, et Marc Féret, avec François Hollande. © Michel Euler/AP/SIPA

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 22 janvier 2016 Lecture : 2 minutes.

Marc Féret, enlevé par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) le 16 septembre 2010 à Arlit, site minier exploité par Areva au Niger, et libéré le 29 octobre 2013 après trois ans de captivité au Mali, estime que l’État français aurait pu écourter sa période de détention.

« Notre client aurait pu être libéré dès avril 2012 », affirment ses avocats, Mario Stasi et Sophie Obadia, qui ont déposé plainte contre X pour « complicité de séquestration » et « non-assistance à personne en danger », mercredi 20 janvier.

la suite après cette publicité

Que reproche-t-il à la France ?

L’ancien employé d’une filiale de Vinci (Sogea-Satom) accuse notamment de hauts fonctionnaires français d’avoir retardé sa libération. « Toutes les négociations avaient abouti, mais le processus a été torpillé en haut lieu en France », selon ses avocats.

D’après les termes de la plainte, dont l’AFP a eu connaissance, Aqmi avait donné son accord par écrit à la libération de Marc Féret, le 1er avril 2012. Un accord de principe avait aussi été trouvé pour Daniel Larribe, Pierre Legrand et Thierry Dol, qui ne seront, eux aussi, libérés qu’en octobre 2013. Cependant, selon la plainte, le 3 mai 2012, le négociateur mandaté par Vinci a reçu un courrier lui indiquant que « l’opération était annulée ».

Marc Féret n’est pas le seul a avoir porté plainte

Marc Féret n’est pas le premier ancien otage à intenter une action en justice visant les autorités françaises. Son ancien compagnon de détention, lui aussi enlevé à Arlit, Pierre Legrand, a ainsi déposé plainte en novembre 2013.

Thierry Dol, autre ancien otage d’Arlit, a quant à lui annoncé fin décembre 2015 qu’il comptait en faire autant pour non-assistance à personne en danger et mise en danger de la vie d’autrui notamment. Les deux anciens captifs s’interrogent sur d’éventuels manquements de l’État, mais également d’Areva et de Sogea-Satom concernant leur sécurité.

la suite après cette publicité

Manque de suivi après la libération

Un autre ancien otage pourrait également se lancer dans la bataille judiciaire. Il s’agit de Serge Lazarevic, enlevé en novembre 2011 en compagnie de Philippe Verdon, qui sera assassiné en juillet 2013. Libéré en décembre 2014, après plus de trois ans aux mains d’Aqmi, celui-ci n’a pas publiquement évoqué une action en justice, mais n’en exclurait pas la possibilité.

En juillet 2015, lors d’un entretien à iTélé, il avait notamment critiqué le manque de suivi de la part des autorités françaises. « Le premier jour [après la libération, NDLR], c’est tapis rouge et le deuxième, c’est coup de pied au cul », avait-il déclaré. Très affaibli, il avait ensuite passé un mois et demi au Val-de-Grâce.

la suite après cette publicité

« Tôt ou tard, ces gens se sentent tellement abandonnés qu’ils n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers la justice », explique Thierry Michel Atangana. Le Français d’origine camerounaise suit particulièrement l’évolution de ces dossiers.

Et pour cause, détenu arbitrairement durant 17 ans au Cameroun, il estime lui aussi avoir été délaissé par l’État français, après sa libération. Il se bat aujourd’hui, notamment auprès de députés et de sénateurs français, pour que soit créé un organisme d’accompagnement des anciens otages et détenus arbitraires en France.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires