Tunisie : les actifs du « clan » gardent la cote

Malgré le gel des parts détenues par les proches de Ben Ali, les cinq principales entreprises concernées ont bien résisté en Bourse. Preuve qu’elles restent des valeurs intéressantes ?

Finis les avantages pour Carthage Cement, poussé par Trabelsi, ou Ennakl, propriété d’El-Materi. © Hichem

Finis les avantages pour Carthage Cement, poussé par Trabelsi, ou Ennakl, propriété d’El-Materi. © Hichem

ProfilAuteur_FredMaury

Publié le 20 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

Tunis a fait mentir la réputation qui colle aux marchés financiers, faite de réactions excessives, de phénomènes de panique, d’aversion radicale aux risques et à l’incertitude… Depuis début février, la Bourse n’a rien connu de tout cela, malgré la conjonction de trois facteurs défavorables : situation politique toujours tendue, effondrement de la croissance économique, vague de nationalisations sans précédent dans un pays qui, comme tant d’autres, a passé les quinze dernières années à privatiser à tout-va.

Plus étonnant encore : les valeurs que l’on aurait pu croire condamnées à une longue descente aux enfers, celles liées à la famille de l’ancien président Ben Ali, n’ont guère subi les foudres attendues. La Banque de Tunisie (BT, détenue à hauteur de 12,9 % par les Trabelsi), la Banque internationale arabe de Tunisie (BIAT, 13 % par Marwan Mabrouk), Ennakl (60 % par El-Materi), Carthage Cement (15 % par Trabelsi) ou encore Monoprix (26 % par Marwan Mabrouk) ont plutôt bien résisté à l’incertitude et à la tourmente. « Le fait que ces parts aient été gelées n’a pas eu d’impact majeur sur les cours », résume Aymen Ben Zina, analyste chez Attijari Intermédiation. « Nos clients ne craignent pas d’éventuels problèmes opérationnels liés aux enjeux capitalistiques », confirme Olfa Borsali Trabelsi, chez Finacorp.

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L’évolution des cours révèle même une réalité plus surprenante et confirme que ces titres sont globalement bien notés et bien considérés par la communauté financière. Après avoir touché un plus bas en février, avec une perte d’environ 25 % depuis le début de l’année, les cinq valeurs ont depuis retrouvé une pente ascendante, suivant d’ailleurs en cela l’ensemble du marché tunisien. En moyenne, elles enregistraient le 7 avril un gain de 9,5 % par rapport à la journée du 25 février. Ennakl a ainsi rebondi de 11 %, Monoprix et la BT de 10,5 %.

Pas d’inquiétude

La BT et la BIAT, deux institutions privées réputées, respectivement première et troisième capitalisation du marché, ne suscitent guère d’inquiétudes. « Dans ces banques, il y a une séparation claire entre management et actionnariat », estime Olfa Borsali Trabelsi. Idem chez Monoprix. Restent les cas de Carthage Cement et d’Ennakl, plus complexes. Représentant de plusieurs grandes marques de voitures internationales, le concessionnaire Ennakl profitait de généreux quotas d’importations. En sera-t-il toujours de même maintenant que son ancien principal actionnaire est en fuite ? De même, Carthage Cement aurait profité de l’influence des Trabelsi pour développer plus aisément son projet de cimenterie. Malgré cela, ces valeurs sont conseillées à l’achat par plusieurs courtiers locaux. Selon eux, ces titres disposent à moyen terme de bons positionnements pour profiter d’une reprise économique.

À plus long terme, la Bourse pourrait également bénéficier de ces bouleversements capitalistiques. Notamment via l’introduction sur le marché des parts gelées par l’État (à condition qu’après enquête il en devienne bien le propriétaire) dans des sociétés non cotées. « Il est peu probable que les 51 % [de Marwan Mabrouk] dans Orange Tunisie soient introduits, car la société est trop jeune, estime Aymen Ben Zina. En revanche, les 25 % [de Sakhr el-Materi] dans Tunisiana devraient l’être, probablement en 2012, car ce sera un gros ticket, et la conjoncture actuelle, avec la dégradation de la note souveraine de la Tunisie, ne se prête pas à ce type d’opérations. »

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