Bouali Mbarki : « Il faut décréter un état d’urgence socio-économique en Tunisie »

Les revendications sociales portées par les jeunes chômeurs de Kasserine ont embrasé la Tunisie, amenant le gouvernement à décréter le couvre-feu nocturne sur l’ensemble du territoire. Bouali Mbarki, secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la plus grande centrale syndicale du pays, répond aux questions de Jeune Afrique.

Pour Bouali Mbarki, numéro 2 de l’UGTT, le gouvernement tunisien doit prendre des mesures urgentes et concrètes pour résoudre le  problème du chômage. © Amine Landoulsi/AP/SIPA

Pour Bouali Mbarki, numéro 2 de l’UGTT, le gouvernement tunisien doit prendre des mesures urgentes et concrètes pour résoudre le problème du chômage. © Amine Landoulsi/AP/SIPA

Publié le 22 janvier 2016 Lecture : 2 minutes.

Depuis le 17 janvier, la Tunisie vit au rythme de contestations sociales rappelant celles qui ont conduit à la chute de Zine el-Abidine Ben Ali en 2011. Démarré à Kasserine, le mouvement s’est étendu dans d’autres villes, obligeant le gouvernement à décréter un état d’urgence dans tout le pays. Quelles solutions concrètes apporter au problème du chômage et des inégalités sociales ? L’analyse de Bouali Mbarki, secrétaire général adjoint de l’UGTT.

Jeune Afrique:  Depuis cinq jours, le mouvement de revendications sociales qui a débuté à Kasserine s’est étendu à tout le pays. Quelle est votre analyse ?

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Bouali Mbarki : À l’UGTT, nous comprenons que les jeunes ne puissent plus attendre. Durant des années, tout leur a été promis mais rien ne leur a été donné. Ils sont touchés dans leur citoyenneté et dans leur droit au travail. Leurs revendications sont on ne peut plus légitimes et le gouvernement doit y répondre. L’exécutif est dans l’obligation de proposer des solutions et des programmes. Il faudrait décréter un état d’urgence socio-économique. En tant que centrale syndicale, nous souhaitons un débat national autour de ces questions, qui rassemblerait la société civile, les partis politiques, les institutions de l’État et le gouvernement. C’est une priorité pour préserver les équilibres précaires du pays.

Comment évaluez-vous la réponse du gouvernement ?

Nous avions averti l’exécutif que le mois de janvier serait chaud. Mais face à la crise et à cette flambée protestataire, les mesures avancées sont des solutions de raccommodage. Elles ne peuvent pas résoudre efficacement des problèmes ancrés dans des régions exclues du développement depuis des décennies. Ce n’est pas ainsi qu’on peut réduire la fracture sociale et régionale.

Nous mettons en garde les jeunes afin qu’ils ne soient pas influencés par ceux qui ne veulent aucun bien à la Tunisie et cherchent le chaos

Certains assurent que ce mouvement est manipulé. Quel est votre sentiment ?

Ces manipulations existent effectivement. Dans le monde entier, toutes les manifestations sont sujettes à des tentatives de récupération ou d’instrumentalisation. Nous mettons en garde les jeunes afin qu’ils ne soient pas influencés ou guidés par ceux qui ne veulent aucun bien à la Tunisie et cherchent le chaos. Il peut s’agir de contrebandiers, de terroristes, ou peut-être les deux.

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À quoi doit-on s’attendre dans les prochains jours  ?

Il faut rassurer, être à l’écoute et ouvrir un dialogue pour calmer les esprits. Le gouvernement doit agir et dire la vérité aux Tunisiens sur la situation du pays mais également s’engager sur des programmes concrets pour que la paix sociale revienne.

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