Présidentielle au Benin : Marie-Elise Gbèdo, une femme dans la mêlée
Farouche pourfendeuse de la corruption dans son pays et combattante des droits des femmes, l’avocate Marie-Elise Gbèdo se présente au scrutin du 6 mars. Pour sa quatrième candidature une élection présidentielle, les Béninois lui donneront-ils enfin sa chance ? Voici cinq choses à savoir sur son parcours.
Première Béninoise candidate à une présidentielle
En mars 2001, très critique envers l’ancien président Mathieu Kérékou, Marie-Elise Gbèdo fait sensation au Bénin en se portant candidate à la présidence de son pays. « Je voulais prouver que les femmes peuvent être chef », explique t-elle. À l’époque, son audace met en lumière une autre facette de la femme béninoise, souvent investie dans les affaires, entreprenante et soutien financier de sa famille, mais pourtant peu entendue dans la sphère publique. La candidate centre sa campagne électorale sur la promotion des femmes en politique et la lutte contre la corruption. Elle ne recueillera cependant que moins de 1% des voix.
Celle que l’on surnomme « l’Amazone » se représentera également en 2006 et en 2011. Célestine Zanou (56 ans), agro-économiste et ancienne directrice de cabinet du président Mathieu Kérékou lui emboîtera le pas en 2006. Puis en 2011 elle est de nouveau la seule femme parmi les quatorze candidats à la magistrature suprême. Cette année, outre Marie-Elise Gbèdo, Élisabeth Agbossaga-Djawad, présidente d’un petit parti, l’UDC Nounagnon, sera la seconde femme candidate.
Pour sa quatrième tentative, Marie-Elise Gbèdo veut « convaincre la société que les femmes peuvent occuper les mêmes fonctions que les hommes, et gérer aussi bien sinon mieux qu’eux en étant intègres et compétentes ».
Avocate de renom
Marie-Elise Gbèdo, 62 ans, est avocate de profession. Née en 1954 à Mankono en Côte d’Ivoire, elle commence sa scolarité au Bénin avant de quitter son pays pour la France. Elle s’inscrit à la Sorbonne et obtient en 1984 son Certificat d’aptitude à la profession d’avocat (Capa). Rentrée au Bénin en 1987, après avoir intégré le barreau de Paris deux ans plus tôt, Me Gbèdo ouvre son cabinet en 1989 et se taille une solide réputation sur la scène juridique béninoise. Elle s’illustre en défendant des dossiers difficiles, comme lors de la dévaluation du franc CFA où elle conseille des opérateurs économiques en difficultés.
Militante des droits des femmes
L’ancienne étudiante de l’université Paris I Sorbonne lutte depuis près de trente ans pour les droits des femmes et des enfants dans son pays. Elle s’est notamment investie dans l’adoption d’un code la famille et d’une loi contre les mutilations génitales. La présidente de l’Association des femmes juristes du Bénin (AFJB) lutte également farouchement contre la corruption dès qu’elle en a l’occasion.
Grièvement blessée par balles
Son histoire aurait pu s’arrêter un soir de mars 1998. De retour de son cabinet situé dans le quartier Gbegamey, Marie-Elise Gbèdo est prise à partie devant son domicile par une demi-douzaine d’hommes armés. Ces derniers ouvrent le feu alors qu’elle est encore assise dans sa voiture. L’avocate est grièvement atteinte de cinq balles dont une dans le thorax. Les malfrats l’extirpent du véhicule, ainsi que son fils alors âgé de 7 ans. Puis, ils s’enfuient au volant de sa Honda Exi, la laissant pour morte.
La justice mettra finalement la main sur quatre malfrats. Jugés et reconnus coupables de vols, de coups et blessures volontaires, ils ont été condamnés en 2012 à 15 ans de travaux forcés. L’un d’entre eux est néanmoins acquitté, car « n’ayant pas joué un rôle actif dans le braquage ».
À l’époque, l’avocate était déjà très active sur le front politique. Et certains ont très vite parlé de tentative déguisée d’assassinat. Deux mois plus tard elle faisait pourtant sa première entrée au gouvernement.
Plusieurs fois ministre
En mai 1998, deux ans après le retour au pouvoir de Mathieu Kérékou, l’avocate est ainsi nommée ministre du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme. Son emploi sera de courte durée : elle est remerciée en juin 1999 en raison de sa liberté de parole, qui aurait porté atteinte à la cohésion gouvernementale. Elle fera ensuite son retour sous l’actuel président Yayi Boni, occupant notamment le portefeuille de Garde des sceaux, de mai 2011 à février 2013, et aussi celui du Commerce, de février à août 2013.
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