Tunisie : réunion extraordinaire du gouvernement après la contestation sociale

Le gouvernement tunisien tient une réunion extraordinaire samedi à la suite d’une contestation sociale, inédite depuis la révolution de 2011, qui agite depuis une semaine le pays placé sous couvre-feu nocturne.

Un jeune Tunsien emmené après une tentative de suicide, le 22 janvier 2016 à Kasserine. © Mohamed Khalil/AFP

Un jeune Tunsien emmené après une tentative de suicide, le 22 janvier 2016 à Kasserine. © Mohamed Khalil/AFP

Publié le 23 janvier 2016 Lecture : 3 minutes.

Le Premier ministre Habib Essid s’est entretenu avec les ministres de la Défense et de l’Intérieur et doit présider un conseil des ministres extraordinaire puis donner une conférence de presse vers midi (11H00 GMT).

Un calme relatif régnait le matin dans les villes ayant été le théâtre ces derniers jours d’affrontements avec la police, selon des correspondants de l’AFP.

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« Sur le plan sécuritaire, ça a commencé à se stabiliser », a déclaré à l’AFP le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Walid Louguini. M. Essid avait déjà assuré vendredi à Paris, où il avait rencontré le président François Hollande, que la situation était « actuellement maîtrisée ».

A Kasserine, dans le centre défavorisé du pays d’où est parti le mouvement contre la misère et l’exclusion sociale après le décès d’un jeune chômeur, la vie a repris son cours. La veille, des habitants dont de nombreux jeunes avaient lancé une campagne de nettoyage des traces des heurts.

A Sidi Bouzid, non loin de là, quelques lycéens ont mis le feu à des pneus, mais il n’y a pas eu d’autres incidents.

C’est à Sidi Bouzid que le vendeur ambulant Mohammed Bouazizi s’était immolé par le feu fin 2010, un geste qui avait déclenché la révolution contre le régime de Zine El Abidine Ben Ali chassé du pouvoir en janvier 2011.

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Les dernières tensions sociales ont débuté le 16 janvier à Kasserine, ville de 80.000 habitants, lorsqu’un chômeur de 28 ans, Ridha Yahyaoui, est mort électrocuté après être monté sur un poteau. Il protestait avec d’autres contre son retrait d’une liste d’embauches dans la fonction publique.

« Pas de baguette magique »

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La contestation s’est rapidement propagée, témoignant de la persistance de l’exclusion sociale dans un pays qui fait figure de rescapé du Printemps arabe, mais ne parvient pas à s’extirper du marasme économique.

Vendredi soir, dans une allocution télévisée, le président Béji Caïd Essebsi a jugé la contestation « naturelle » et appelé le gouvernement à élaborer un plan contre le chômage car « il n’y avait pas de dignité sans emploi ».

« Nous n’avons pas de baguette magique pour donner de l’emploi à tout le monde en même temps », a dit pour sa part le Premier ministre, tout en disant « comprendre » le mouvement.

Dans certaines villes, des postes de police ont été incendiés et des « saccages » se sont produits dans une banlieue populaire du Grand Tunis.

Pour toute la journée et la nuit de vendredi, 261 personnes ont été arrêtées pour troubles et 84 pour violation du couvre-feu, selon le ministère de l’Intérieur.

Après ces violences, les autorités ont décrété à partir de vendredi un couvre-feu nocturne « au vu des atteintes contre les propriétés publiques et privées et de ce que la poursuite de ces actes représente comme danger pour la sécurité de la patrie et des citoyens ».

Le chef de l’Etat a mis en garde contre la récupération de la contestation par « des mains malveillantes », évoquant des partis politiques sans les nommer ainsi que le groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui a revendiqué les trois attentats majeurs ayant frappé la Tunisie en 2015.

M. Hollande a annoncé vendredi un plan de soutien à la Tunisie d?un milliard d?euros sur les cinq prochaines années, visant « à aider les régions défavorisées et la jeunesse, en mettant l?accent sur l?emploi ».

Plusieurs organisations, dont la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) et Oxfam, ont appelé « à l’adoption d’un modèle économique pour la réduction des disparités régionales et des inégalités sociales », en disant leur « déception » face à l’inaction des différents gouvernements.

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