Haïti : le candidat du pouvoir attend fermement un nouveau calendrier électoral
Jovenel Moïse, candidat du pouvoir à l’élection présidentielle haïtienne, a demandé samedi lors d’une déclaration à la presse « l’organisation du deuxième tour rapidement » au lendemain de l’annulation par le conseil électoral provisoire (CEP) du scrutin prévu ce dimanche.
« Je crois que le peuple était prêt pour voter Jovenel Moïse en foule », a annoncé le candidat du parti PHTK (parti haïtien tet kale).
« Ce que je ne comprends pas trop dans la décision du CEP, c’est qu’ils ont renvoyé les élections du 24 janvier, comme ils avaient renvoyé les élections du 27 décembre, sans dire quand elles auront finalement lieu », a-t-il indiqué.
Au premier tour de la présidentielle le 25 octobre, Jovenel Moïse, a recueilli 32,76% des voix, contre 25,29% pour Jude Célestin, qui a qualifié ces scores de « farce ridicule ».
« Coup d’État électoral »
Le second tour de la présidentielle et des législatives partielles étaient initialement prévus le 27 décembre, mais l’opposition a multiplié les manifestations pour dénoncer « un coup d’État électoral ».
Vendredi, à moins de 48 heures de l’ouverture des bureaux de vote, le président du CEP a justifié le report du vote par l’ »ensemble d’incidents et d’actes violents sur l’ensemble des infrastructures du conseil ».
Plus d’une douzaine de bureaux électoraux ont été incendiés ou attaqués en province dans la nuit de jeudi à vendredi.
Suite à l’annonce de cette annulation, la foule d’opposants, qui manifestaient encore contre la tenue du scrutin, a été violemment dispersée par les policiers qui ont lancé des grenades lacrymogènes. Des tirs à balles réelles ont aussi été entendus par les journalistes de l’AFP.
La panique a alors gagné la commune de Pétionville, où se situe le siège du CEP. Une personne a été blessée par balle, trois voitures ont été incendiées et plusieurs vitrines de magasins brisées dans cette banlieue aisée de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince.
Déplorant ces incidents, Jovenel Moïse s’est montré samedi combatif: « rien ni personne ne peut nous arrêter », a-t-il affirmé. « Nous avons allumé la mèche d’un mouvement fort: c’est avec ce mouvement que nous allons gagner, quelle que soit l’heure à laquelle ils feront les élections », a conclu Jovenel Moïse.
Cette annulation des élections plonge à nouveau Haïti dans l’incertitude. Respecter la date constitutionnelle du 7 février pour la passation du pouvoir présidentiel semble désormais impossible.
Depuis la fin de la dictature des Duvalier en 1986, Haïti connaît une crise démocratique émaillée de coups d’Etat et d’élections contestées qui fragilisent le développement économique du pays, encore marqué par le terrible séisme de janvier 2010 qui a fait plus de 200.000 morts.
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