L’argent des Africains : Zodwa, femme de ménage en Afrique du Sud – 152 euros par mois
Zodwa a 47 ans, elle est femme de ménage dans une université à Johannesburg, une fonction qui lui permet de gagner 2700 rands par mois, soit 152 euros. Pour notre série, elle a accepté de passer ses dépenses en revue.
Zodwa réside à Vereeniging, une petite ville de 350 000 habitants située à une soixantaine de kilomètres de Johannesburg, son lieu de travail. Elle se lève tous les matins à 3h00. À peine sortie du lit et après un brin de toilette, Zodwa dresse la table et prépare le petit déjeuner pour sa famille, qui se lève plus tard, « je leur fais du porridge avec de l’eau et du sucre, quand nous en avons les moyens j’ajoute du lait ». Zodwa est mariée et a trois enfants âgés de 25, 22 et 12 ans. Ses deux aînés vivent à la maison et sont en recherche d’emplois, son mari travaille de façon temporaire comme ouvrier et la petite dernière va encore à l’école.
Salaire mensuel : 152 euros
Son train, quand il n’est pas en retard, part à 4h45 et arrive en gare à 5h30. De là, elle doit encore marcher vingt minutes pour arriver à l’université du Witwatersrand, dit « Wits », l’une des plus prestigieuses du pays et dont la réputation n’est plus à faire au-delà de ses frontières.
Depuis octobre dernier, Wits, à l’instar de plusieurs universités, est le théâtre de protestations pour l’instauration d’un salaire minimum de 10 000 rands à l’égard des travailleurs du campus, majoritairement employés par des compagnies privées. Zodwa fait partie de ces sous-traitants. « Nous n’avons aucune reconnaissance de la part de nos patrons et encore moins de l’université, les prix de la nourriture augmentent mais pas nos revenus », raconte la femme de 47 ans qui est descendue dans la rue aux côtés des étudiants. Et sur son maigre salaire de 152 euros, elle dépense déjà 11 euros en transports.
Frais de scolarité de sa fille 22 euros
Zodwa est femme de ménage sur ce campus depuis l’année 2005. Sa journée débute à six heures et se termine à quinze heures. Le travail est fatigant, long et pénible. « Ce n’est pas facile de rester tout le temps debout, je nettoie des sols toute la journée et mon dos me fait mal ».
Avec une heure de pause quotidienne, Zodwa prend le temps de manger avec ses collègues. « J’apporte des aliments et nous partageons ce que nous avons, cela se passe toujours comme ça », dit-elle avec un grand sourire. Elle dépense en moyenne 80 euros par mois en nourriture et chaque soir, le repas est composé de légumes et de pap, de la semoule de maïs mélangée avec de l’eau.
Les frais de scolarité de sa fille sont aléatoires, il y a parfois des imprévus comme des excursions, l’achat de cahiers ou de livres, sans oublier les repas à la cantine et l’uniforme scolaire qu’elle doit payer chaque année, elle est donc obligée d’économiser une petite somme tous les mois. Elle estime que cela lui coûte environ 22 euros mensuellement.
Eau et électricité : jusqu’à 22 euros par mois
Par chance, Zodwa ne paye pas de loyer, elle réside dans un Shack, une maison vétuste de brique blanche qui abritait autrefois les mineurs et les chercheurs d’or dans années 1850. Elle doit cependant payer l’eau et l’électricité dont le prix varie chaque mois. « Entre 19 et 22 euros, on ne sait jamais vraiment combien on va payer, cela change tout le temps », soupire-t-elle.
Achat de médicaments : environ 4 euros
Zodwa vit au sein d’une communauté où des cliniques offrent des soins médicaux gratuits mais parfois, « l’achat de médicaments à ses propres frais est inévitable ».
Abonnement télévisé : 11 euros
Quand elle rentre chez elle après une longue journée de travail, elle aime par-dessus tout s’installer devant l’écran, « surtout pour les informations et le mouvement des étudiants », souligne-t-elle. Son abonnement de télévision lui coûte 11 euros mensuels.
Chaque année, l’université offre une prime à tous les employés, même les sous-traitants comme Zodwa, qui vient de recevoir 5,59 euros, un montant qu’elle juge dérisoire vu la difficulté de son métier. « Pourtant, au moment des manifestations sur le campus, l’établissement avait déboursé beaucoup d’argent pour faire appel à des agences de sécurité privées », tient elle à souligner.
« J’aimerais bien avoir un petit peu d’argent pour offrir des cadeaux pour les fêtes ou m’acheter un vêtement mais bon… » Difficile de se faire plaisir lorsqu’on n’a plus un sous à la fois du mois.
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