Cameroun : le Racing de Bafoussam peut-il redevenir le « Tout-Puissant de l’Ouest » ?
Revenu en première division, le club camerounais Racing de Bafoussam, quadruple vainqueur du championnat entre 1989 et 1995, espère renouer avec la gloire. Alors que la saison de football reprend le 30 janvier, le Tout-Puissant de l’Ouest peut-il renaître de ses cendres ?
À Bafoussam, les supporteurs respirent. Alors que le championnat de première division débute (le Racing affronte à domicile le club Astres FC de Douala, le 31 janvier), les habitants de la troisième ville du pays sont enfin de la fête. Après une décennie de traversée du désert, depuis sa relégation en 2006, le Racing retrouve cette saison l’élite du football camerounais, où il côtoiera notamment l’autre grand nom de l’Ouest, l’Aigle royal de la Menoua, basé à Dschang.
Plus qu’un soulagement, ce retour au premier plan est une libération. Pour les supporteurs d’abord, mais également pour les joueurs qui supportaient de plus en plus difficilement le poids écrasant d’un passé prestigieux. Vainqueur du championnat de première division en 1989, 1992, 1993 et 1995, titré en Coupe du Cameroun en 1996 et finaliste de la compétition en 1976, 1988 et 1991, le Racing a en effet écrit en lettres capitales l’histoire du ballon rond camerounais, autant qu’il a rythmé la vie des habitants de l’Ouest. Avant de s’effondrer.
Son atout : une nouvelle génération
Car en quelques années, le « Tout puissant de l’Ouest » a perdu de sa superbe, au grand dam de ses fans. Philosophie de jeu en berne, vestiaire divisé, bisbilles plus politiques que sportives chez les joueurs comme chez les dirigeants… « Quand le Racing joue, il est au centre de toutes les discussions, au travail ou sur les terrasses », explique un supporteur assidu, qui se souvient sans sourire de la traversée du désert du club. « La vie n’était plus la même à Bafoussam, l’ambiance était différente », ajoute un autre.
Sous la pression populaire, le Racing est pourtant parvenu à inverser la tendance. S’il a recruté quelques joueurs d’expérience, le club s’est surtout appuyé sur son centre de formation, le plus prisé de la province. « Je crois que cette remontée est avant tout la réussite de cette nouvelle génération », explique Cédric Fokam Fotso, latéral droit de l’équipe formé au club. « On se connaît depuis de nombreuses années, il y a une très bonne ambiance dans le vestiaire, contrairement à il y a quelques années, et on se trouve très facilement sur le terrain », ajoute-t-il en lançant un regard complice avec son coéquipier, l’attaquant Fabrice Fotue.
Du champ de patates au grand stade ?
Les entraînements ont désormais lieu deux fois par jour, au stade municipal de Bamendzi, attirant de plus en plus de passionnés. « Il y a du monde, même pour les entraînements », explique Cédric Fokam Fotso. Quant aux matchs, ils réunissaient qu’environ 2 500 personnes jusque-là, en dehors des grands rendez-vous. L’ascension en division 1 devrait quadrupler ce chiffre. De quoi faire rêver la jeune génération conduite par l’entraîneur Guy Bertin Djiepnang, engagé en novembre 2015, et ancien coach de l’Apejes de Mfou, du Renaissance de Ngoumou et de l’Unisport de Bafang.
Pour elle, l’objectif est double : rivaliser avec les performances de leurs aînés David Embé (buteur au mondial de 1994 aux États-Unis) ou Gérémi Njitap, et s’ouvrir les portes d’un avenir européen, comme le confie Cédric Fokam Fotso, supporteur de l’Olympique de Marseille. Le latéral et son équipe devraient pour cela pouvoir compter sur des installations plus dignes de leurs ambitions, notamment au niveau des vestiaires et de la tribune, aujourd’hui vétustes. Son stade de Bamendzi, qui accueillera l’entraînement de certaines sélections lors de la CAN 2019, doit en effet être rénové et être équipé d’une pelouse.
Enfin, et même si cela devra se négocier avec la Fédération camerounaise de football, le Racing pourrait avoir pour les plus importantes affiches l’honneur de jouer dans le nouveau stade omnisport construit lui aussi pour la CAN 2019 et pratiquement achevé. Si ce dernier ne doit en théorie être utilisé que pour les matchs internationaux, les autorités locales espèrent bien en faire un écrin de choix, certes occasionnel, dédié à la renaissance du Tout Puissant de l’Ouest.
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