Côte d’Ivoire – CPI : le procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé s’ouvre à La Haye

Quatre ans après le transfert de Laurent Gbagbo à la Haye, le procès de l’ancien président ivoirien et de Charles Blé Goudé devant la CPI s’ouvre jeudi. Les propos liminaires de l’accusation et de la défense sont au menu des deux premiers jours d’audiences.

Laurent Gbagbo attend l’énonciation des charges pesant  contre lui (Février 2013) © Michael Kooren/AP/SIPA

Laurent Gbagbo attend l’énonciation des charges pesant contre lui (Février 2013) © Michael Kooren/AP/SIPA

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Publié le 28 janvier 2016 Lecture : 3 minutes.

La conférence de presse organisée mercredi 27 janvier à La Haye avait des airs de répétition générale. Tous les acteurs du procès de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé devant la Cour pénale internationale (CPI) ont pris la parole.

« L’objectif de cette procédure est de faire éclater la vérité pour que justice soit rendue aux victimes, et d’empêcher que d’autres crimes de masse ne soient commis, a déclaré la procureure de la CPI Fatou Bensouda. Nous pensons que nous avons les moyens de prouver la culpabilité au-delà de tout doute raisonnable. »

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Elle, qui joue très gros lors de ce procès, a tenu a précisé que son « bureau ne ménagera pas ses efforts pour que justice soit rendue et que les auteurs de crimes rendent des comptes dans les deux camps. Tel est le mandat juridique du bureau, c’est ce que les victimes méritent et c’est ce que l’accusation est plus que jamais déterminée à accomplir. »

Décrivant un Gbagbo « confiant », son avocat principal Me Emmanuel Altit a répondu que « ce procès sera l’occasion extraordinaire pour que tout soit dit et pour que les Ivoiriens se réconcilient ». Même tonalité chez le conseil de Charles Blé Goudé, Me Geert Alexander Knoops. « Blé Goudé est ici pour prouver son innocence. C’est un homme de paix et je pense qu’une prison n’est pas faite pour un homme de paix « , a dit l’avocat néerlandais.

Procès mode d’emploi

L’audience débutera jeudi 28 janvier à 9H30 (heure locale). Les deux premiers jours du procès sont consacrés aux déclarations liminaires de l’accusation, de la défense et de la représentante des victimes. Le bureau de la procureure pourra s’exprimer pendant 4 heures, les avocats de l’ancien président ivoirien et de l’ex-« général de la rue » auront 3 heures chacun. Enfin, la représentante des victimes disposera d’une heure.

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En fonction du retard pris, les propos liminaires pourraient se poursuivre lundi, date à laquelle les auditions des premiers témoins doivent débuter. La première partie du procès sera ensuite consacrée à l’accusation. Bensouda présentera près de 5300 éléments de preuves. Elle a demandé au moins 522 heures d’audience.

De quoi Gbagbo et Blé Goudé sont-ils accusés ?

Le bureau de la procureur accuse Charles Blé Goudé et Laurent Gbagbo de quatre chefs de crimes contre l’humanité : meurtres, actes inhumains et tentatives de meurtre, viols et persécutions. L’accusation a mis en avant quatre événements précis qui se sont tous déroulés à Abidjan : la manifestation des pro-Ouattara autour de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) entre le 16 et le 19 décembre ; la marche des femmes pro-Ouattara à Abobo le 3 mars 2011 ; le bombardement d’un marché à Abobo le 17 mars 2011 et l’attaque de Yopougon autour du 12 avril. Les attaques survenues à Yopougon entre le 25 et le 28 février sont également ajoutées dans la procédure visant Charles Blé Goudé.

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Plus de quatre ans de procédure

La procédure de la Cour pénale internationale a débuté le 23 novembre par l’émission d’un mandat d’arrêt internationale contre Gbagbo. Si l’ancien président à rejoint le pénitencier de Scheveningen dès le 30 novembre de la même année, ce n’est que le 2 mars 2014 qu’il a été rejoint par Blé Goudé. La CPI décidera de joindre leurs dossiers dix jours plus tard.

Si la procédure a duré plus de quatre ans, c’est d’abord parce que l’accusation a eu besoin de plus de temps que prévu pour convaincre les juges. Les questions récurrentes autour de la santé de Laurent Gbagbo sont une autre explication. Mais, si la santé l’ancien président est jugée inquiétante par ses proches, ses conseils l’ont également utilisé pour retarder au maximum la procédure.

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