Afrique du Sud : la Banque centrale augmente son taux de base face aux risques d’inflation

Face aux risques de forte inflation liée à la chute vertigineuse du rand depuis un an, la banque centrale sud-africaine a augmenté jeudi son taux directeur d’un demi-point, en dépit des menaces de récession de la première puissance industrialisée du continent.

Billets de 100 rands sud-africains. © Siphiwe Sibeko/Reuters

Billets de 100 rands sud-africains. © Siphiwe Sibeko/Reuters

Publié le 28 janvier 2016 Lecture : 3 minutes.

« Compte tenu de la détérioration des perspectives d’inflation », la banque centrale « a décidé d’augmenter le taux de base d’un demi-point à 6,75 % », a annoncé le gouverneur, Lesetja Kganyago, lors d’une conférence de presse à Pretoria.

Cette décision, qui était attendue, intervient après une augmentation d’un quart de point du taux directeur en novembre.

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L’inflation devrait atteindre environ 6,8 % en 2016, contre 6 % selon les précédentes prévisions, a poursuivi le gouverneur, qui a estimé l’augmentation des prix pour 2015 à 4,6 %.

Elle devrait même atteindre « un pic à 7,8 % au quatrième trimestre 2016 et au premier trimestre 2017 », a-t-il précisé, alors que la banque centrale comptait la contenir à 6 %.

Les prix vont s’envoler en raison notamment de la forte baisse de la devise nationale. « Le rand s’est déprécié de 13,5 % face au dollar » depuis mi-novembre, a précisé le gouverneur. Sur un an, la chute est encore plus vertigineuse: 30 %.

Un effondrement lié aux « développements aux niveaux national et international », a expliqué Lesetja Kganyago.

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Baisse

Concrètement, l’Afrique du Sud, producteur de ressources minières, subit de plein fouet la baisse des cours des matières premières et le ralentissement de la demande chinoise, son premier pays partenaire économique.

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Le pays souffre aussi durement des fréquentes coupures d’électricité, qui handicapent l’industrie, et du limogeage surprise en décembre du respecté ministre des Finances Nhlanha Nene, une décision qui avait entraîné la panique des marchés et fait plonger le rand.

La hausse des prix de l’alimentaire est aussi alimentée par une terrible sécheresse dont « l’impact devient de plus en plus évident », selon le gouverneur.

L’Afrique du Sud, grenier à céréales de la région, traverse la pire sécheresse depuis un siècle. A tel point que le pays va devoir importer cette année six millions de tonnes de maïs, soit la moitié de sa récolte annuelle habituelle.

Risques de récession

« Les perspectives (économiques) sont compliquées par le fait que les prévisions de croissance ont été revues à la baisse », a ajouté le gouverneur Kganyago.

Désormais, « la croissance en 2015 est estimée à environ 1,3 % et devrait être de l’ordre de 0,9 % pour 2016 », a-t-il estimé.

Le Fonds monétaire international (FMI) avait récemment revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l’Afrique du Sud, à 0,7%, alors que les risques de récession s’accentuent selon plusieurs économistes.

Le secteur minier, pilier de l’économie sud-africaine avec environ 40 % des exportations, « reste sous pression en raison de la baisse des prix des matières premières et de la faible demande », a constaté le gouverneur.

Dans ce contexte, les perspectives d’emploi « demeurent sombres », a-t-il reconnu, alors que le pays se débat avec un taux de chômage supérieur à 25 %.

« Une augmentation du taux de base va inévitablement avoir un prix en terme de croissance et d’emplois », a réagi Raymond Parsons, professeur à l’école de commerce de l’Université sud-africaine du Nord-Ouest.

« Elle va encore entamer la confiance des patrons et des consommateurs, qui est déjà à un niveau bas », a-t-il ajouté, estimant que les « risques de récession » allaient augmenter cette année.

La confiance des patrons est à son plus bas depuis 1994, selon une enquête publiée début janvier par la Chambre de commerce et d’industrie.

L’inflation pourrait aussi envenimer les relations entre patronat et syndicats, qui pourraient réclamer des augmentations de salaire pour compenser l’augmentation des prix, a estimé pour sa part Daniel Silke, analyste financier interrogé par l’AFP. Sans compter le possible impact électoral d’une forte inflation, prédit-il à quelques mois d’élections municipales, test clé pour le Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis 1994.

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