Tunisie : les propositions de l’opposition pour répondre à la contestation sociale
Les récentes manifestations qui ont embrasé la Tunisie ont sorti les partis politiques de leur léthargie. Chacun y va de sa recette pour régler la crise.
L’incapacité du gouvernement tunisien à contenir la crise socio-économique a donné aux partis politiques ne figurant pas dans la coalition gouvernementale l’opportunité de revenir sur le devant de la scène.
Al Massar, Al Joumhoury, Ettakatol, les trois partis historiques avaient été laminés par la stratégie du vote utile qui a permis la percée de Nidaa Tounes aux élections législatives de 2014 et ont été depuis affectés par la désertion de nombreux militants. Plus d’un an plus tard, sans représentativité à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) – sauf Al Joumhoury qui n’a qu’un seul siège – ils reviennent en force et prennent une position critique qui tranche avec la mollesse des décisions de l’exécutif.
Se positionner comme force de proposition
Samir Taïeb, secrétaire général du parti Al Massar, appelle à l’instauration « d’un État d’urgence sociale » et suggère une souscription nationale pour la création d’un fonds de discrimination positive, base d’une future banque de développement destinée aux régions enclavées.
Mustapha Ben Jaâfar, secrétaire général du parti Ettakatol, accuse la coalition gouvernementale de ne pas respecter la Constitution. Alors que Nejib Chebbi, leader d’Al Joumhoury, revient sur l’idée d’une union nationale. Il estime que « le temps est venu pour une nouvelle initiative qui doit être fédérative et venir d’un groupe de personnalités crédibles, diverses et ouvertes à tous et à toutes ».
Un nouvel équilibre à l’ARP
La création, à la mi-janvier, du groupe parlementaire « El Horra », formé par 22 dissidents de Nidaa Tounes ainsi que d’autres députés indépendants, rebat les cartes au sein de l’Assemblée avec la perspective d’alliances ponctuelles qui influeraient sur les votes. La crise profite aux 15 élus du Front populaire (FP) dont le porte-parole, Hamma Hammami, assène que « son parti a un projet et peut gouverner » et repousse l’argument sécuritaire avancé par le gouvernement pour en finir avec les manifestations.
Moins visible mais à prendre en compte dans l’avenir : le Congrès pour la république (CPR), devenu Al Irada. Son fondateur et ex-président de la République, Moncef Marzouki, opère son retour en soutenant l’idée d’un gouvernement d’union nationale et de la restauration d’un dialogue national.
De son côté, le gouvernement se déclare prêt à examiner toutes les propositions utiles d’autant que la feuille de route qu’il a présentée à l’ARP, le 27 janvier, pêche par sa linéarité et ne propose pas de réel plan de sauvetage économique du pays.
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