Sénégal : ces trentenaires qui reviennent au pays pour participer à l’essor économique

De plus en plus de jeunes actifs, après avoir étudié et travaillé quelques années en Occident, décident de rentrer à Dakar pour y devenir entrepreneurs. Portraits.

Hussein Lo a été convaincu par son cousin installé aux Etats-Unis. © Senboutique.com

Hussein Lo a été convaincu par son cousin installé aux Etats-Unis. © Senboutique.com

Publié le 20 avril 2011 Lecture : 4 minutes.

D’un côté, il y a les amis et la famille qui dissuadent les trentenaires expatriés de rentrer au Sénégal, arguant qu’« ici, il n’y a pas de travail », ou, au contraire, les poussent à investir au pays. De l’autre, il y a ceux, la majorité, qui se demandent bien pourquoi ils quitteraient un bon job en France, aux États-Unis ou au Canada, pour retourner dans leur pays natal, où le taux de chômage s’élève à 48 %. Et pourtant. Poussés par la volonté de participer au développement de leur pays et par l’envie d’un meilleur cadre de vie, ils sont de plus en plus nombreux à se réinstaller et à investir, principalement à Dakar. Portraits de ces anciens expatriés qui prouvent que l’avenir n’est pas forcément meilleur ailleurs.

Hussein Lo, administrateur de Senboutique.com

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Il a hésité un bon moment. C’est son cousin, Sénégalais installé aux États-Unis, qui l’a convaincu de rentrer à Dakar pour y gérer son supermarché en ligne : les Sénégalais de la diaspora, qui préfèrent parfois faire des courses directement pour leur famille restée au pays plutôt que d’envoyer de l’argent, passent commande sur senboutique.com ; Hussein Lo et son équipe de deux personnes achètent à Dakar puis livrent dans les principales villes du pays.

Parti en 1999 à Paris pour ses études en ressources humaines et conseil en organisation, le jeune entrepreneur de 33 ans avait des opportunités d’emploi en France. Mais « en stage de master, j’ai été victime d’un acte de racisme », raconte-t-il. En 2008, il décide donc de rentrer chez lui. « Ici je crée des emplois, j’investis dans l’économie de mon pays », se félicite-t-il. Avec environ 70 clients par mois, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 60 millions de F CFA en 2010 (91 500 euros). Hussein Lo ne regrette pas son choix, et son frère jumeau, encore en France, pense lui aussi au retour.

 Yacine Ndoye, directrice de Radia Déco

Après un master de marketing et quelques années de travail en tant que commerciale dans de grandes entreprises françaises, Yacine Ndoye en a eu assez du métro-boulot-dodo parisien. En février 2010, elle s’installe donc à Dakar, une formation de décoratrice d’intérieur en poche. « Ce marché est en développement ici, c’est une niche. » La femme de 32 ans, qui gère par ailleurs une boutique de vêtements, se donne deux ans avant de se verser un salaire.
Yacine Ndoye souhaite participer à la croissance de son pays. © D.R.
En attendant, elle réinvestit tout dans son agence et espère rapidement embaucher des employés. « J’ai toujours eu l’envie de revenir, de participer à la croissance de mon pays. J’attendais juste le bon moment, il me fallait d’abord un bac+5 et un bon bagage professionnel. » À Dakar, on lui a dit : « Pourquoi rentrer alors que les autres veulent partir ? » Mais en France, ses amis sénégalais l’ont comprise et l’ont poussée à revenir.

 Abdou Khadre Lo, directeur général de Primum Africa Consulting

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Abdou Khadre Lo veut prouver que les ressources locales peuvent faire du bon travail. © D.R.Après une maîtrise de sociologie et un passage par Sciences-Po Paris – avec en parallèle un travail à la cellule audiovisuelle du ministère français des Affaires étrangères -, Abdou Khadre Lo, 34 ans, est rentré à Dakar en 2005. « Je suis sénégalais, c’était clair dès le début que je reviendrais une fois mes diplômes obtenus », dit-il. Quelques années de travail salarié au Sénégal plus tard, il crée son entreprise.

Depuis deux ans, son agence Primum Africa Consulting, forte de trois salariés et d’une trentaine de consultants de toutes nationalités, opère depuis une grande villa du quartier de la VDN, à Dakar. Son activité : le conseil en communication auprès d’organismes internationaux. « Il faut montrer que des ressources locales peuvent faire du bon travail dans le respect des normes internationales. Il n’y a pas de raisons qu’on fasse systématiquement appel aux expatriés. » Son autre objectif : prouver aux autres jeunes de la diaspora qu’ils peuvent y arriver ici. « Le risque est à prendre, car c’est en voyant notre réussite qu’ils reviendront au pays. »

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 Salimata Diagne, administratrice de la crèche La Maternelle

Ouvrir une crèche lui trottait dans la tête depuis quelques années déjà. C’est chose faite depuis octobre 2010 pour cette jeune femme de 31 ans, revenue en 2009 au Sénégal après un master en audit et contrôle de gestion et un premier travail à la Société générale à Paris, soit neuf ans en France. Sa crèche colorée borde la route du quartier des Mamelles, à Dakar. « C’est un secteur qui se développe, car les jeunes cadres habitent de plus en plus en appartement. Il n’y a donc plus les femmes de la maison familiale pour s’occuper des enfants. »D.R." style="height: 156px; margin: 4px; border: 0px solid #000000; float: left;" src="https://www.jeuneafrique.com/photos/029042011111806000000salidiagne.jpg" _fcksavedurl="/photos/029042011111806000000salidiagne.jpg" alt="Selon Salimata Diagne, le Sénégal commence à avoir les structures pour accueillir les jeunes diplômés. © D.R." height="156px" />

À la Maternelle, qu’elle a financée sur fonds propres et via des organismes d’aide au retour, cinq personnes ont été employées. Ce retour, elle ne le regrette pas, car « aujourd’hui, le Sénégal commence à avoir les structures et le potentiel pour accueillir les jeunes diplômés ». De fait, autour d’elle, Salimata Diagne constate que, depuis cinq ans, de plus en plus de trentenaires rentrent au pays.

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