La Banque mondiale apporte ses garanties aux investisseurs privés
Filiale de la Banque mondiale, l’Agence multilatérale de garantie des investissements apporte ses garanties aux entreprises qui s’installent en Afrique. De quoi répondre à l’intérêt croissant du secteur privé pour le continent.
Assurances : l’Afrique dans la course
Agitée par les soubresauts du Printemps arabe, exposée aux incertitudes entourant la naissance d’une démocratie, la Tunisie a perdu ces derniers mois une partie de son attrait pour les investisseurs. De nombreux projets pourtant déjà actés sont restés dans les cartons, et 2011 aura été marquée par un recul de 29,2 % des investissements étrangers. À contre-courant de cette tendance, le fonds espagnol Fons Mediterrània Capital (FMC) a pourtant décidé d’y poursuivre sa stratégie de développement en finançant, entre autres, l’entreprise Bitaka, spécialisée dans la production de cartes de recharge et de puces pour l’industrie des télécoms. Notamment parce qu’une partie des risques a pu être prise en charge par l’Agence multilatérale de garantie des investissements (AMGI, ou Miga en anglais), filiale de la Banque mondiale. Une « couverture essentielle pour rassurer nos investisseurs le temps de la transition », indique Albert Alsina, directeur général du FMC.
Encore mal connue en Afrique, l’AMGI offre aux entreprises une assurance politique dans le cadre de projets transfrontaliers. « Nous prenons en charge toute une série d’événements non commerciaux : guerre, guerre civile, terrorisme, expropriation, mais aussi inconvertibilité des devises locales ou restriction de transfert de fonds. Nos contrats valent pour une prise de participation, un prêt ou une garantie donnée sur un prêt », explique Olivier Lambert, directeur Europe. Des accords dont la signature est toujours précédée d’une enquête approfondie pour s’assurer de l’origine des investissements.
« Nous prennons en charge toute une série d’évènnements non commerciaux : guerre, terrorisme, expropriation… » Olivier Lambert, directeur Europe de l’AMGI
Télécoms, énergie, finance, agriculture, services… Tous les secteurs d’activité sont concernés. Depuis 2010, même les projets déjà réalisés peuvent être assurés, à condition que leur impact sur le développement local soit significatif. En Afrique, les primes annuelles payées par les sociétés oscillent entre 1 % et 3 % des sommes assurées. Dans certains pays considérés comme très instables, comme la RD Congo, la couverture de l’AMGI, qui peut courir sur une période allant de un à vingt ans, est la seule à prendre en charge le risque politique. Dans d’autres, elle est combinée à des contrats passés avec des assureurs privés.
Depuis cinq ans, l’agence a vu son activité fortement augmenter, proportionnellement au nouvel intérêt des multinationales pour les marchés émergents. De nombreux investisseurs, comme Orange au Mali ou en Centrafrique, y ont déjà recours. « Nos services ne sont pas réservés aux grandes entreprises », précise toutefois Yann Burtin, spécialiste télécoms. Un programme offrant une exemption de certains frais est d’ailleurs réservé aux PME, si le montant des actifs à assurer n’excède pas 15 millions de dollars (11,4 millions d’euros).
Prescripteurs
Fiche d’identité
Date de création : 1988
Direction : Izumi Kobayashi (Japon)
Garanties accordées en 2011 : 2,1 milliards de dollars
Durant l’exercice 2011, l’AMGI a fourni 2,1 milliards de dollars de garanties (+ 50 % sur un an). « Et il y a encore beaucoup de capacité d’assurance disponible pour les entreprises », assure Olivier Lambert. Pour faire sa promotion sur le continent, l’agence peut compter sur une série de prescripteurs, comme Ecobank ou Standard Bank. Sa présence est en effet un gage de sécurité apprécié par les établissements financiers. Car le plus grand atout de l’AMGI réside avant tout dans sa capacité à désamorcer les conflits entre les investisseurs privés et les pouvoirs publics. « Quand nous discutons avec les États, nous profitons de la relation privilégiée qui existe entre eux et la Banque mondiale », indique Olivier Lambert.
Sur les 600 projets assurés, seuls six ont in fine débouché sur une indemnisation, notamment au Kenya et à Madagascar en 2009. Si elle a depuis suspendu ses activités sur la Grande Île, l’AMGI envisage la possibilité d’y intervenir à nouveau, tout comme elle étudie l’opportunité d’intégrer le Soudan du Sud dans son portefeuille de pays.
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