Nigeria : Buhari rejette la dévaluation du naira
Muhammadu Buhari s’est déclaré jeudi opposé à une dévaluation du naira, soutenant la décision de la Banque centrale du Nigeria, de maintenir inchangé le taux de change officiel vis-à-vis du dollar américain, alors que le naira dévisse sur les marchés informels.
Le président nigérian a affirmé le 28 janvier qu’il n’avait aucune intention de « tuer » le naira en le dévaluant, estimant que les Nigérians « ordinaires » n’avaient rien à y gagner. Muhammadu Buhari avait déclaré en décembre qu’il étudierait une dévaluation du naira, laissant espérer aux investisseurs potentiels une résolution rapide de la crise monétaire.
L’intervention du chef de l’État nigérian intervient deux jours à peine après la décision du gouverneur de la Banque centrale, Godwin Emefiele, d’écarter toute dévaluation du naira, maintenu à 197/199 pour un dollar, et de maintenir l’interdiction de ventes directes de dollars aux bureaux de change pour conserver ses réserves.
Au marché noir, un dollar vaut 305 nairas et les commerçants, locaux ou étrangers, se plaignent de ne pas avoir accès aux dollars requis pour importer. À cause d’un manque d’infrastructures, notamment, le Nigeria importe tout, du lait aux machines en passant par l’essence.
Anxiété
Les investisseurs, inquiets de la dévaluation inévitable du naira, attendent que le pays affiche une politique monétaire claire avant de s’engager.
« La situation actuelle engendre beaucoup d’anxiété et d’incertitude parce que personne ne sait comment anticiper » et « tout le monde se plaint du manque d’orientation du gouvernement », explique Anna Rosenburg, experte en marchés émergents pour le groupe Frontier Strategy, cité par l’AFP.
« À ce stade, un naira plus faible est moins important que le fait d’encourager le retour nécessaire d’investissements internationaux en levant les restrictions sur le marché des changes », estime Jean-François Ruhashyankiko, économiste chez Goldman Sachs, cité par l’agence.
D’autant que si le pays « n’attire pas ces entrées d’argent (des investisseurs), et s’il ne génère pas de bénéfices sur l’exportation de pétrole, cela va être d’autant plus dur de maintenir les réserves en devises à leur niveau actuel », précise Razia Khan, chef-économiste de la banque Standard Chartered.
« Et cela pourrait avoir un impact sur la solvabilité apparente (du pays), ce qui n’est pas une bonne chose, au moment où le Nigeria réfléchit à emprunter à l’étranger afin de financer d’ambitieux programmes d’infrastructures », ajoute-t-elle.
Budget
Les réserves en dollars sont à 28 milliards – une baisse de 20 milliards depuis avril 2013 – de quoi couvrir à peine cinq mois d’importations.
Le Nigeria a annoncé le mois dernier un budget record de 6 080 milliards de nairas (environ 28 milliards d’euros) pour 2016, pour stimuler la croissance en investissant dans de grands projets comme les routes et le rail. Mais le budget est basé sur un baril à 38 dollars et repose largement sur des emprunts.
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