Risque : la Coface abaisse la note de cinq pays africains

Pour l’assureur-crédit français, qui anticipe une année « sous tension », sous le sceau d’une croissance hésitante et de prix de matières premières en berne, les risques d’impayés des entreprises se sont accrus en Afrique du Sud, en Algérie, au Gabon, à Madagascar et en Tanzanie.

Le siège de la Coface à Paris © AFP

Le siège de la Coface à Paris © AFP

Publié le 29 janvier 2016 Lecture : 2 minutes.

Pour la Coface, l’assureur-crédit français, les États africains sont parmi les plus risqués du monde en matière d’investissement, à l’exception de la Namibie (au niveau de la France), du Botswana ou du Maroc. Et la dernière version de l’évaluation trimestrielle publiée fin janvier – qui combine perspectives économiques et politiques, et climat général des affaires – ne déroge pas à la règle. Quitte parfois à grossir le trait…

Dans un contexte d’endettement des entreprises des pays émergents jugé “excessif”, cinq États africains – sur quinze pays déclassés toutes régions confondues – voient leur évaluation rétrogradée par le groupe français qui en 2014 a garanti contre les impayés 508 milliards d’euros de créances d’entreprises, dont 6 % en Afrique et sur le pourtour de la Méditerranée.

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Sur l’échelle à sept marches de la Coface (de A1 à D, d’un risque d’impayés “très faible” à “très risqué”), l’Afrique du Sud et l’Algérie – précédemment plutôt bons élèves (A4, “risque convenable”) – sont reléguées d’un cran (B, “risque assez élevé”), tout comme le Gabon, Madagascar et la Tanzanie (qui passent de B à C, “risque élevé”).

La Namibie (A3) et la Zambie ( C ) conservent, elles, leur rang dans ce classement mondial du risque (160 pays décortiqués à travers le monde), mais sont placées sous surveillance négative.

Croissance, hydrocarbures, minerais, politique

Les raisons invoquées par les analystes de la Coface pour justifier ces déclassements africains en série diffèrent d’un pays à l’autre : croissance au ras des pâquerettes et tensions sociales en Afrique du Sud, faiblesse du prix des hydrocarbures dans des économies algérienne et gabonaise trop peu diversifiées, dégringolade des prix du nickel et du cobalt à Madagascar, climat politique difficile en Tanzanie après l’annulation des élections présidentielles d’octobre 2015…

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Seule à tirer son épingle du jeu, la Côte d’Ivoire, quoique toujours classée C, est mise sous surveillance positive – la Coface reconnaissant sa stabilité politique, le dynamisme de son agriculture et le rythme soutenu de ses grands travaux publics.

Une Afrique décrite comme encore très risquée qui tranche avec l’enthousiasme qu’elle suscite chez les investisseurs du monde entier.

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À preuve, si durant l’année 2015, le recul de l’activité dans les matières premières a entraîné une chute des investissements directs étrangers (IDE) en Afrique à 38 milliards de dollars, le continent a connu une progression exceptionnelle des fusions et acquisitions transnationales qui ont bondi de +303,6 % à 20,4 milliards de dollars.

Un nouveau point d’équilibre

« Pendant un moment, c’est « l’Afrique-El Dorado » qui a fait les gros titres, avec une croissance stimulée par le super-cycle des matières premières. Aujourd’hui il faut ajuster notre perspective : plus qu’un réservoir de ressources naturelles, l’Afrique est aujourd’hui perçue de plus en plus, à juste titre, comme un marché en expansion avec son milliard d’habitants bientôt deux, qu’il faut nourrir, vêtir, équiper en téléphones portables… », note Henri-Bernard Solignac-Lecomte, chef de l’unité Afrique au Centre de développement de l’OCDE.

Pour l’économiste, si les agences de notation du crédit, à l’instar de la Coface, « ont fait des progrès dans les nuances à apporter d’un pays à l’autre « et ne donnent plus dans la « vision monolithique d’un continent », elles peinent encore à estimer ce que sera « le point d’équilibre de ce nouveau modèle de croissance ».

Évaluations des risques d’impayés des entreprises par pays – Coface (janvier 2016)

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