Mali : Tombouctou à nouveau confronté à une insécurité grandissante
Apres une série d’embuscades meurtrières, de vols de véhicules, et l’enlèvement d’une Suissesse par Aqmi, les habitants de Tombouctou cherchent des solutions pour en finir avec une insécurité qui mine les relations inter-communautaires.
Jeudi 28 janvier, le ministre malien de la Réconciliation, Zahabi Ould Sidi Mohamed, a présidé à Tombouctou une rencontre inter-communautaire organisée par Mohamed Ibrahim Cissé, le président de l’Assemblée régionale, et Sidi Brahim Ould Sidatti, secrétaire général du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), l’ex-rébellion arabe de la région. Objectif : trouver des solutions pour ramener la sécurité dans la ville et insister sur l’amélioration du vivre ensemble entre les différentes communautés de Tombouctou.
De fait, les populations de Tombouctou sont très affectées par les multiples attaques perpétrées depuis plusieurs mois dans la ville et dans la région, qui menacent plus que jamais la cohabitation pacifique entre les communautés. « Depuis la signature de l’accord de paix (15 mai et 20 juin 2015), les attaques contre les civils et l’armée malienne se succèdent. C’est un paradoxe ! L’accord de paix est censé ramener la paix et pas son contraire », déplore Mohamed Ibrahim Cissé.
Attaques et représailles
Le jour même de l’ouverture de la rencontre communautaire, des soldats maliens voyageant dans une voiture de ravitaillement pour un check-point sont tombés dans une embuscade tendue par des hommes armés, dans le quartier d’Adabaradjou, à la périphérie de Tombouctou. Un soldat a été tué et la voiture volée par les assaillants. Puis, dans le feu de l’action, sous le regard des soldats, une foule composée essentiellement de jeunes de Tombouctou ont mis le feu a au moins cinq logements appartenant à des réfugies touaregs maliens nouvellement revenus de Mauritanie.
« Ce sont les soldats qui ont dit aux enfants de mettre le feu », affirme Fadimata Ghaicha Walet Ibrahim, 60 ans, qui a assisté à la scène. Un événement qui en rappelle un autre, le 15 janvier, lorsque des hommes armés ont tendu une embuscade à des soldats maliens qui escortaient un convoi humanitaire entre Tombouctou et Goundam, tuant deux militaires avant d’emporter deux véhicules. Là aussi, dans la course poursuite qui a suivi, l’armée malienne a tué quatre personnes qu’elle a présentées comme des assaillants. Mais dans un communiqué daté du même jour, les ex-rebelles de l’Azawad parlent « d’une expédition punitive contre les campements nomades se trouvant aux environs du lieu de l’attaque, notamment à Zinzin et Wana (axe Goundam-Tombouctou) ».
Quelles solutions pour renforcer la sécurité ?
Même à l’intérieur de la ville de Tombouctou, personne ne se sent plus en sécurité depuis l’enlèvement de la Suissesse Béatrice Stockly chez elle par des hommes armés dans la nuit du 7 au 8 janvier dernier, un acte revendiqué par Aqmi qui a publié une vidéo de l’otage. « La solution est de créer quatre cercles de sécurisation autour de la ville, préconise Zahabi Ould Sidi Mohamed, le ministre malien de la Sécurité. L’intérieur de la ville doit être sécurisé par les forces de sécurité (police) ; autour de la ville, cela revient aux forces armées maliennes ; puis la Minusma prendra le relais ; enfin, les groupes armés prendront en charge la quatrième ceinture. »
« Comme ça, si un voleur de véhicule passe la première ceinture, il ne passera pas la deuxième ou la troisième ceinture de sécurité », estime Zahabi Ould Sidi Mohamed.
« Il faut que les mouvements armés et le gouvernement travaillent ensemble et honorent leurs engagements. Une fois cela atteint, vous allez voir qu’on va vite éradiquer ce phénomène d’insécurité », estime pour sa part Sidi Brahim Ould Sidatti, signataire de l’accord de paix au nom de la CMA.
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