Pétrole : Bourbon en eau calme
Bourbon, l’armateur spécialisé dans les activités liées à l’offshore pétrolier, progresse au rythme des succès de l’exploration en haute mer.
Pétrole et gaz : les enjeux des prochaines années
Le Surfer tangue à l’approche de la plateforme géante. Le jour tombe, et la torchère, dont la chaleur inonde les passagers du navire, éclaire une mer d’huile. Plusieurs fois par jour, le bateau effectue l’aller-retour entre Luanda et Pazflor, la barge de Total ancrée à 150 km au large des côtes angolaises. Bourbon, la société française propriétaire du navire, est l’un des acteurs des services offshore les mieux implantés dans la zone et le golfe de Guinée. Sur ce seul contrat, elle compte trois bateaux d’intervention et cinq de transport. Il en coûte 250 000 dollars (190 000 euros) par jour au contractant.
Bourbon est implanté au Nigeria, au Ghana, au Cameroun, au Gabon, au Congo et en Angola, à travers des bureaux de vente et des ateliers de réparation
Le sous-traitant profite pleinement du boom mondial de l’exploration en eau profonde et ses prix progressent en conséquence. Le bilan de l’année 2011 s’annonce bon : son chiffre d’affaires (CA) au premier semestre a augmenté de 18,8 % par rapport à la même période en 2010. Le groupe, dont le CA a progressé de 28 % par an depuis 2002 pour atteindre 849,9 millions d’euros en 2010, vise un taux de croissance annuel moyen de 17 % jusqu’en 2015. Autre signe de bonne santé : le plan Bourbon 2015 Leadership Strategy, lancé cette année, qui vise à créer une flotte de 600 navires offshore, pour un investissement total de 2 milliards de dollars. Au 30 juin, le groupe en avait déjà engagé 63 %, et il lui restait 115 navires à réceptionner.
Reconversion
Bourbon, c’est une histoire peu banale. Celle d’une sucrerie et d’une rhumerie nées à la Réunion en 1948 du regroupement de plusieurs affaires familiales. Après s’être diversifié dans la grande distribution, la pêche industrielle et les produits laitiers, le groupe décide de se concentrer sur ses activités maritimes. Il rachète, en 1996, les sociétés Les Abeilles (remorquage) et Setaf-Saget (transport). Bourbon s’introduit ensuite à la Bourse de Paris en 1998 et cède ses autres activités. Le déménagement du siège de Sainte-Marie à Paris, en 2005, clôt ce volet de son histoire.
Une stratégie payante. Bourbon intervient dans le transport de personnel et de matériel, dans le ravitaillement, l’ancrage et le remorquage de plateformes en haute mer, dans l’installation, la maintenance et la réparation sous-marines… « Nous sommes présents dans toutes les grandes zones d’activités pétrolières, principalement dans le golfe de Guinée, en Asie du Sud-Est (Thaïlande, Indonésie, Malaisie, Vietnam), au Moyen-Orient (Qatar), en Méditerranée (Égypte, Libye), au Brésil, dans le golfe du Mexique et en mer du Nord », détaille Rodolphe Bouchet, directeur régional Afrique de l’Ouest de Bourbon. Le continent, zone d’intervention historique, représente la moitié des résultats du groupe. Sur la terre ferme, Bourbon est implanté au Nigeria, au Ghana, au Cameroun, au Gabon, au Congo et en Angola, à travers des bureaux de vente et des ateliers de réparation. « Nous employons en tout 4 000 personnes sur le continent, dont en moyenne 65 % de personnel local », précise Bouchet.
Nous employons en tout 4 000 personnes sur le continent, dont en moyenne 65 % de personnel local
Juniors
Le CA de la branche Afrique ne cesse de croître, même si sa part dans le revenu global diminue depuis dix ans. « Le Ghana et la Côte d’Ivoire font partie de ces pays qui ont ouvert de nouvelles possibilités », souligne le directeur régional. La junior Tullow Oil, qui a découvert le champ Jubilee au Ghana, est l’un des clients. En outre, une forte demande commence à émaner de Sierra Leone, du Liberia, ainsi que d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe. « Nous avons déjà eu comme client BG Group en Tanzanie, rappelle Bouchet, et nous serons présents pour le développement des dernières découvertes de gaz au Mozambique. »
Très lié aux majors (Total, Exxon, BP, etc.), Bourbon a élargi son portefeuille avec l’arrivée en force de juniors, qui représentent à ce jour 20 % à 30 % de sa clientèle. Au large de Luanda, le Surfer s’éloigne de la plateforme de Total, l’un des plus gros clients du groupe. Un autre viendra demain matin, prolongeant le ballet incessant des armateurs de l’industrie pétrolière.
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