Eau : le sud tunisien sous perfusion

Dans le Sud tunisien soumis à de fréquents épisodes de sécheresse, le déploiement d’un programme de sécurité hydrique se heurte à la question du coût de l’eau sans oublier celle de son subventionnement.

Bassin de stockage d’eau à NEFTA, dans le sud-ouest. © Nicolas Fauqué/www.imagesdetunisie.com

Bassin de stockage d’eau à NEFTA, dans le sud-ouest. © Nicolas Fauqué/www.imagesdetunisie.com

Publié le 21 février 2012 Lecture : 3 minutes.

Accès à l’eau : le grand défi africain
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Accès à l’eau : le grand défi africain

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Portée par la révolution, la demande d’une répartition équitable des richesses a remis sur le devant de la scène la nécessité d’améliorer l’accès à l’eau potable en Tunisie. Une priorité à laquelle les bailleurs dee l fonds ont déjà consacré plusieurs prêts ces dernières années : 41 millions d’euros pour l’Agence française de développement (AFD) depuis 2009, 95 millions pour la Banque africaine de développement (BAD) en octobre 2011… Des fonds surtout destinés au sud du pays, qui souffre de fréquents épisodes de sécheresse et où la répartition plus clairsemée da population complique son accès à l’eau potable.

Concrètement, le programme national d’alimentation en eau potable en milieu rural prévoit l’extension et la rénovation de 800 km de raccordement et la réalisation de neuf stations de dessalement. Objectif : permettre à plus de 350 000 habitants dans vingt gouvernorats d’avoir accès à l’eau potable à l’horizon 2016. Mais cette ambition se heurte à la gestion de la distribution dans les zones rurales, qui s’appuie sur deux réseaux : celui de la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) et celui du génie rural, tous deux sous tutelle du ministère de l’Agriculture.

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Perception sociale

Contrôlé par les groupements de développement agricole, le réseau du génie rural – le plus vétuste – facture entre 0,25 et 0,50 centime d’euro le mètre cube, tandis que celui de la Sonede revient à 0,07 centime d’euro. En toute logique, la population réclame donc des raccordements au second. Zacharie Mechali, chargé du secteur rural, de l’eau et de l’assainissement à l’AFD Tunis, note : « On en revient toujours au coût et à l’état de l’accès à l’eau. La problématique tunisienne relève aussi de la perception sociale de ce coût, biaisée par des années de subventions et par le manque de sensibilisation aux paramètres d’un climat semi-aride. Au Maroc et au Bangladesh, le prix est trois fois plus élevé, sans que cela ne choque personne. »

Selon la FAO, la Tunisie se situe en 9 ème place du classement mondial des pays menacés de pénurie d’eau. L’Égypte pointe à la première place.

Cette politique de l’eau met la Sonede dans une situation délicate. L’entreprise affiche un déficit de 30 millions d’euros et risque la faillite en vendant l’eau à un prix inférieur à son coût, alors qu’elle prend en charge le remboursement d’emprunts que l’État a souscrits pour le développement et l’entretien du réseau hydrique et dont il lui délègue la gestion.

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Mohamed Sakka, expert à la GZT, l’agence allemande de coopération internationale, invite à repenser le système de l’eau : « Il va falloir que le prix réponde aux exigences de l’ensemble de l’organisation de l’eau en Tunisie. Il faut modifier son approche comme secteur subventionné et fournir un meilleur service afin d’instaurer un rapport gagnant-gagnant qui tienne compte du système global de l’eau et non uniquement de l’usager. »

Algérie : Constantine peut mieux faire pour améliorer les services de l’eau

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Lors d’un déplacement dans la troisième ville du pays, le 31 janvier, le ministre algérien des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, a relevé plusieurs insuffisances devant les responsables de la Société de l’eau et de l’assainissement de Constantine (Seaco), coentreprise créée en 2008 entre l’Algérienne des eaux, l’Office national de l’assainissement et le Groupe des eaux de Marseille. Au chapitre des griefs formulés par le ministre algérien des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal : des retards dans la concrétisation des objectifs, notamment en termes de service continu et d’assainissement. À moins de deux ans de l’échéance du contrat, la réduction des fuites et la réalisation d’un centre de formation sont aussi des engagements restés lettre morte. « Au moment où [l’espagnol] Agbar s’apprête à assurer le service continu à Oran, à Constantine, les résultats évoluent en dents de scie et plusieurs projets sont en retard », a souligné le ministre.

 

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