L’argent des Africains : Hassane, enseignant (mais aussi couturier & animateur radio) au Mali – 398 euros par mois
Hassane Cissé a 38 ans. Enseignant à Taboye, près de Gao au Mali, il gagne un peu plus de 260 000 francs CFA par mois (398 euros), en arrondissant ses fins de mois grâce à ses activités d’animateur radio et de couturier. Pour notre série, il a détaillé son budget.
Hassane n’avait pas la vocation de l’enseignement. Issu d’une famille pauvre, c’est avant tout la nécessité de nourrir les siens qui l’a poussé à se lancer dans cette branche. Rien de très facile pour autant : aucun de ses proches n’exerce dans la fonction publique et à l’époque lui-même venait d’échouer au baccalauréat. Nous sommes alors en l’an 2000.
Il va pourtant tenter le concours d’entrée à l’Institut pédagogique d’enseignement général (IPEG), avec succès. Quatre ans plus tard, en 2004, il en ressort diplômé. Il ne s’en plaindra pas. Douze ans plus tard, il est toujours enseignant généraliste à Taboye, près de Gao, où il est né en 1982, donnant des cours à des enfants de 11 à 13 ans.
Un salaire mensuel pour trois activités : 398 euros
Le salaire a même augmenté « d’année en année », explique-t-il, ajoutant qu’il grimpe régulièrement les échelons grâce à des « examens professionnels » tous les deux ans. « Pour l’activité enseignante, je gagne 198 230 francs CFA », détaille-t-il.
Une somme mensuelle complétée par deux autres activités professionnelles : la couture (66 euros) et l’animation de la radio locale Bonfereye (« éclairer l’esprit » en songhaï) qui lui rapporte 30 euros par mois. Soit un salaire total de 398 dans un pays où le revenu moyen par habitant oscille entre 45 et 50 euros selon la Banque mondiale.
Deux familles à charge : 289 euros
Marié et père de trois enfants, Hassane dépense la majeure partie de son salaire pour la famille. La sienne et celle de sa mère, qui vit séparément. Il s’est chargé, après le décès de son père, de certains de ses cadets et cadettes et assure notamment leurs frais médicaux et scolaires, jouant ainsi le rôle de père adoptif. Entre la nourriture, l’habillement ou encore la scolarité, Hassane assure dépenser 289 euros par mois pour les deux familles.
Chez lui, une petite habitation qu’il loue pour 23 euros par mois, Hassane ne dispose d’aucun équipement technologique. Son logement personnel n’a ni électricité, ni eau courante, donc « encore moins un ordinateur ». « Nous utilisons le solaire ou les générateurs électriques », explique-t-il. « Pour l’eau, on s’approvisionne au puits ou à la seule fontaine du centre de santé », poursuit-il encore, concédant une dépense, minimale, de 1 250 francs CFA par mois.
Un crédit bancaire : 71 euros
Chaque mois, Hassane rembourse également 46 730 francs CFA à la banque. Il a en effet contracté un emprunt sur dix mois pour l’achat d’une parcelle à usage d’habitation.
L’objectif : disposer à Gao, où sa famille a déjà une concession familiale, d’un terrain où profiter de sa retraite et dont il serait propriétaire.
Essence, fournitures : 38 euros
Hassane doit acheter lui-même une partie des fournitures nécessaires à son activité d’enseignement, pour 30 euros chaque mois. Avec 8 euros pour l’essence de son véhicule, ce sont ses seules dépenses signifiantes.
Dans ces conditions, ses loisirs sont ceux de la communauté : regarder les rencontres de football à la télé, jouer aux cartes ou au scrabble avec ses amis. Peu de choses, d’autant qu’avec trois activités professionnelles, le temps manque.
Réveillé le matin à 5h, en route pour son école à 7h30, où il donne cours de 8h à midi et de 15h à 17h15, Hassane coud à l’heure du déjeuner et passe à la radio dans la soirée. Un programme qui laisse peu de place à l’oisiveté.
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