L’argent des Africains : Fodé Bokar, assistant juridique et entrepreneur en Guinée – 278 euros par mois

Fodé Bokar Bangoura, 25 ans, est assistant juridique à Conakry, au ministère des Mines et de la géologie et a également monté une entreprise de BTP avec son père. Pour notre série, il détaille sa rémunération et la façon dont il la dépense.

Fodé Bokar est passionné par son travail et souhaite devenir spécialiste minier. © D.R.

Fodé Bokar est passionné par son travail et souhaite devenir spécialiste minier. © D.R.

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Publié le 10 février 2016 Lecture : 3 minutes.

Démarche chaloupée, yeux pétillants, 1 mètre 77, Fodé Bokar Bangoura est un jeune guinéen de 25 ans que l’on remarque aisément dans la foule. Il a fini son master en management des ressources humaines il y a tout juste deux ans, après avoir obtenu une licence en droit public au Maroc. Depuis, il travaille comme assistant juridique et administratif au sein du cabinet du ministère des Mines et de la géologie en Guinée.

Ses journées de travail s’étalent généralement de 8h 30 à 16h 30. Durant ce laps de temps, plusieurs missions lui sont confiées : assister le département des ressources humaines dans les procédures administratives, gérer le courrier, préparer les dossiers du pôle juridique, etc. Bokar touche la somme nette de 1 500 000 GNF par mois, soit 178 euros dans un pays où le salaire minimum ne s’élève pas à plus de 51 euros, lorsqu’il est respecté. En plus de son salaire, ses activités entrepreneuriales lui permettent de gonfler ses revenus pour atteindre au total 278 euros par mois.

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Transport : 95 euros

Par jour ouvré, il estime consacrer 5 euros dans le carburant de sa voiture. Une automobile de la famille que ses parents ont bien voulu mettre à sa disposition. La situation géographique du ministère n’aidant pas, car basé dans le centre d’affaires de la capitale, il lui arrive de dépenser jusqu’à 95 euros par mois à cause des embouteillages, rien que pour se déplacer.

Alimentation et épargne : 48 euros

Célibataire, il vit dans un appartement de ses parents et ne paie donc aucun loyer et n’a besoin que de 24 euros pour se nourrir. « Cela ne représente pas grand chose, il faut avouer que je suis plutôt bien loti car même au travail c’est le patron qui nous rapporte le déjeuner », avance-t-il.

En plus de son emploi au ministère, Bokar a entrepris de se lancer dans l’entrepreneuriat. « Trois de mes bons camarades et moi avons mis sur pied une petite boutique de personnalisation de gadgets comme des coques de téléphone ». Il avoue cependant n’en être qu’au début. La petite affaire qui tient ses locaux dans la banlieue de Conakry, au quartier Gbessia n’a pas encore vraiment démarré.

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En parallèle, son père et lui se sont aussi lancés dans le BTP : ils collaborent dans une petite structure de construction immobilière établie à Almamya. Cette dernière lui rapporte environ 100 euros de plus par mois. « J’aurais pu travailler ailleurs qu’au ministère et gagner beaucoup plus mais les Mines et le sol, c’est ma passion et j’ai l’impression de servir mon pays », dit-il. La Guinée dispose d’un sous-sol riche en métaux précieux et en matières premières. Bokar Bangoura fait partie des Guinéens qui pensent que l’avenir du pays repose sur une bonne gestion de ses richesses minières.

Ces revenus additionnels lui permettent non seulement d’arrondir ses fins de mois mais aussi de pouvoir mettre un peu d’argent de côté. Chaque mois, il prévoit 24 euros à placer sur le compte épargne qu’il a ouvert dans une banque de la place.

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La boutique de personnalisation d’objets que Fodé Bokar a lancé avec des amis. © D.R.

La boutique de personnalisation d’objets que Fodé Bokar a lancé avec des amis. © D.R.

Divers et distractions : 136 euros

Cadet d’une fratrie constituée de 3 filles et de 3 garçons vivant pour la plupart à l’étranger, Bokar aime être entouré. Le jeune homme a une prédilection pour le sport : « le week-end, j’aime bien regarder le classico avec des amis » mais aussi pour les boîtes de nuit et les bons restaurants de Conakry. D’ailleurs le budget alloué aux sorties et aux besoins divers s’élève à 136 euros par mois. Il n’hésite pas à mettre la main à la poche pour dépanner un ami de temps à autre, ou s’acheter les dernières chaussures à la mode.

Mais ses ambitions ne s’arrêtent pas là. En 2017, Bokar a l’intention de retourner sur les bancs de l’université pour un second master, en droit minier cette fois. Le jeune homme espère au terme de ce cursus, être spécialiste minier, son objectif professionnel de toujours. « Mais je ne me fixe aucune limite, dans un futur  proche je me vois bien dans la politique guinéenne », lâche-t-il avec un brin d’amusement dans la voix.

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