Tout ce qu’il faut savoir sur Zika et l’Afrique

Si le virus Zika tire son nom de la forêt ougandaise où des chercheurs l’ont identifié en 1947, jusqu’ici l’Afrique n’a jamais connu d’épidémie aussi virulente que celle qui frappe actuellement l’Amérique latine. Jeune Afrique fait le point sur ce que l’on sait de la présence de ce virus sur le continent.

Un travailleur du ministère de la Santé à Managua, au Nicaragua, le 28 janvier 2016 © Inti Ocon/AP/SIPA

Un travailleur du ministère de la Santé à Managua, au Nicaragua, le 28 janvier 2016 © Inti Ocon/AP/SIPA

Publié le 7 février 2016 Lecture : 4 minutes.

Le 1er février, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a qualifié l’épidémie d’ »urgence de santé publique mondiale ». Présent dans plus d’une quinzaine de pays sur le continent américain, le virus Zika se propage « de manière explosive », a averti l’OMS.

Comme la dengue et le chikungunya, Zika se transmet par les moustiques du types Aedes. Au Brésil, pays le plus touché, on recense plus d’un million et demi de cas. En Europe et en Amérique du Nord, des dizaines de cas d’infection par le virus Zika ont été signalés parmi les personnes revenant de voyage dans les pays touchés.

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Le virus Zika est-il répandu en Afrique ?

Le virus a été détecté pour la première fois en 1947 en Ouganda, sur un singe dans la forêt de Zika, une petite réserve à 25 kilomètres de la capitale Kampala. Depuis sa découverte sur l’homme en 1952, il circule sur le continent africain sans se faire remarquer.

Selon l’Institut Pasteur, le virus Zika est présent en Afrique de l’Ouest – au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Burkina, au Nigeria, au Cameroun, au Gabon en République centrafricaine, et bien sûr en Ouganda. Dans l’ensemble de ces pays, on a pu identifier des cas d’hommes ayant déjà contracté le virus par le passé. En Égypte, en Tanzanie et en Sierra Leone, des personnes ont développé des anticorps du virus sans qu’aucun cas n’ait jamais été signalé.

Si le virus Zika est connu en Afrique, celui qui frappe actuellement l’Amérique n’est pas tout à fait le même. « Il existe plusieurs génotypes du virus Zika : un génotype africain et un génotype asiatique », explique Dr. Anna-Bella Failloux, entomologiste et directrice de recherche à l’Institut Pasteur. « S’agissant de l’épidémie en Amérique, on retrouve le génotype asiatique. »

Les seuls cas ayant été signalé sur le contient depuis le début de l’épidémie qui frappe l’Amérique se trouvent au Cap-Vert. Pour l’heure, on ne sait pas s’il s’agit du génotype africain ou bien du génotype asiatique.

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Carte de la présence du virus sur le continent africain

(Source : Institut Pasteur)

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Quelle est la virulence de Zika en Afrique ?

Aujourd’hui, l’une des principales préoccupation de l’OMS réside dans « l’association probable » du virus Zika avec des malformations congénitales chez des foetus de femmes malades et des syndromes neurologiques, même si, pour le moment le lien de cause à effet n’a pas été établi.

Dès le mois d’octobre, le Brésil avait tiré  la sonnette d’alarme face au nombre inhabituellement élevé de cas de microcéphalie chez les nouveaux-nés dans le nord est du pays, une malformation congénitale qui se manifeste par une tête et un cerveaux anormalement petit et dont l’augmentation de cas pourrait être lié à l’infection. Au total ont été enregistrés 270 cas confirmés de microcéphalie et 3.448 cas suspects, contre 147 en 2014.

Pas de cas de microcéphalie en Afrique

D’après Dr. Anna-Bella Failloux, de tels de microcéphalie n’ont jamais été signalés en Afrique, du moins « on n’y a jamais fait attention », commente-t-elle. Dans le cas du Zika africain, « les symptômes se limitent à une petite fièvre, des éruptions cutanées, des douleurs articulaires pendant une semaine puis cela passe », ajoute-t-elle.

« Contrairement à la dengue ou à la fièvre jaune, le virus Zika ne tue pas », insiste Dr. Anna-Bella Failloux. Déjà à l’époque, le virus avait été découvert par hasard alors que les scientifiques cherchaient à identifier celui de la fièvre jaune.

Forêt Zika, Ouganda © Stephen Wandera/AP/SIPA

Forêt Zika, Ouganda © Stephen Wandera/AP/SIPA

Y a-t-il un risque que l’Afrique connaisse une épidémie aussi grave ?

« Sur le continent américain, les populations n’avaient jamais été exposées au virus Zika, contrairement aux Africains qui ont davantage l’habitude d’être exposé à ce genre de virus comme la dengue ou la fièvre jaune qui appartiennent à la même famille que le Zika, ou encore au Chikungunya« , ajoute-t-elle. Les populations auraient ainsi développer des anticorps..

Selon la directrice de recherche de l’Institut Pasteur, « c’est ce qui pourrait expliquer pourquoi l’épidémie s’est étendue aussi vite » sur le continent américain. Mais le virus de génotype asiatique qui frappe ce dernier pourrait aussi avoir muté.

Si pour le moment l’Afrique a été épargnée, l’OMS a malgré tout fait part de ses inquiétudes en raison de la présence des moustiques porteurs du virus Zika « dans la majeure partie de l’Afrique, dans des pays d’Europe du Sud et dans beaucoup de région d’Asie en particulier en Asie du Sud », a déclaré en début de semaine Anthony Costello, pédiatre et expert de l’OMS lors d’une conférence de presse à Genève.

Comment s’en protéger ?

À l’heure actuelle, il n’existe ni remède spécifique ni vaccin contre Zika, seulement des traitements symptomatiques. La présence du virus se détecte grâce à des tests sanguins. Toutefois, l’OMS a prodigué une série de conseils pour se prémunir du virus, qui se transmet par le biais d’une piqûre de moustique. La meilleure façon de se protéger de Zika consiste donc à tenir les moustiques à distance. Dans le détail, voici les recommandations de l’OMS :

  • dormir sous des moustiquaires
  • appliquer des produits répulsifs
  • porter des vêtements (de préférence de couleur claire) couvrant le plus possible le corps
  • mettre des obstacles physiques :  écrans anti-insectes, portes et fenêtres fermées
  • vider, nettoyer ou couvrir tous les contenants susceptibles de retenir l’eau et de favoriser la reproduction des moustiques

Des précautions qui pourraient s’avérer insuffisantes. Selon une haute responsable sanitaire américaine citée par l’AFP, deux cas d’infection laissent penser qu’une transmission par contacts sexuels est possible.

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