Maroc : un bilan aigre-doux pour Cosumar
Le sucrier marocain poursuit son plan de modernisation et voit ses résultats progresser. Pourtant, son cours a chuté de 7,5 % en 2011, alors que son principal actionnaire, SNI, veut diminuer sa participation.
Le sucrier marocain Cosumar s’en sort bien. La filiale du holding royal SNI, spécialisée dans la production et le raffinage du sucre, a certes vu son cours chuter de 7,5 % sur un an (du 31 décembre 2010 au 30 décembre 2011) à la Bourse de Casablanca, mais elle reste une valeur solide. « L’ensemble du secteur [les valeurs agroalimentaires, NDLR] a perdu 0,38 %, rappelle ainsi l’analyste d’Integra Bourse Maryame Njioui. Cosumar a été touché par une situation générale maussade, mais a bien résisté. Lesieur Cristal a, par exemple, perdu 28 %. » Dans ce contexte, Centrale laitière et Unimer font figure d’exceptions avec une progression respectivement de 9 % et de 7 % de leur cours de Bourse.
Les résultats de Cosumar au premier semestre 2011 ont, de fait, été conformes aux prévisions, avec une croissance du chiffre d’affaires de 3,8 % par rapport à la même période en 2010, à près de 3 milliards de dirhams (263 millions d’euros), une marge nette en hausse de 1,9 point et un résultat net part du groupe (RNPG) en progression de 22,7 %, à 363,5 millions de dirhams. Selon CFG Group, le chiffre d’affaires pour l’ensemble de l’année 2011 devrait s’établir autour de 5,9 milliards de dirhams (+ 2 %). « Le groupe profite principalement du raffermissement des quantités vendues », explique encore Maryame Njioui. Seul producteur de sucre du pays, il bénéficie de la croissance de la demande, de l’ordre de 2 % à 2,5 % par an.
Cosumar, qui dispose de cinq filiales (Cosumar SA, Sunabel, Surac, Suta et Sucrafor) opérant sur huit sites industriels, récolte les fruits des importants investissements du plan Indimage 2012, qu’il a lancé il y a près de cinq ans. Indimage prévoyait notamment de consacrer 3,6 milliards de dirhams à l’amélioration des performances industrielles et agricoles du groupe. Renforcement des capacités de raffinage, efficience industrielle, augmentation des rendements opérationnel et agricole, amélioration de la qualité… Une filiale de Surac consacrée à ces objectifs, Cosumagri, a été créée en 2010. « Dans le cadre du développement de son outil industriel, la filiale de SNI a alloué 1,6 milliard de dirhams aux unités de traitement des plantes sucrières et 2 milliards à l’extension et la modernisation de la raffinerie de Casablanca », précise CFG Group.
Cession retardée
Des investissements de bon augure dans la perspective d’une cession annoncée déjà depuis presque un an. SNI veut en effet vendre Cosumar, à l’instar de Lesieur Cristal. Si cette dernière opération a été rapidement bouclée (SNI a cédé 41 % de ses parts au groupe français Sofiprotéol cet été), celle du sucrier, qui devait intervenir avant la fin de l’automne, a été retardée de plusieurs mois. « Les mauvaises performances de Lesieur Cristal ont peut-être freiné le projet, explique Maryame Njioui. Mais il est toujours d’actualité. » En mai, SNI, actionnaire à 63 % de Cosumar, annonçait pourtant avoir eu des offres du monde entier, y compris d’Afrique. La société d’investissement affirmait en outre vouloir se délester de 25 % à 40 % de ses parts.
Selon CFG Group, « Cosumar évolue dans un marché mondial du sucre marqué par une forte volatilité des prix attribuable aux déficits mondiaux sur les deux campagnes antérieures, liés à des conditions climatiques défavorables et au transfert d’une partie de la production des plantes sucrières à la fabrication de biocarburants ». Dans leurs Perspectives agricoles 2011-2020, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) prévoient une chute des prix mondiaux du sucre en2011-2012 par rapport aux 759,4 dollars (552,4 euros) la tonne atteints en février 2011, le cours le plus haut depuis trente ans. « Cette déflation est imputable à une augmentation de la production encouragée par la hausse des prix sur les deux dernières années », analyse le cabinet marocain. Les estimations de la campagne de commercialisation 2011-2012 prévoient un surplus de production au niveau mondial. L’Inde, deuxième pays producteur, a déjà autorisé depuis fin novembre l’exportation massive de 1 million de tonnes de sucre.
CFG Group conclut cependant sur une note relativement optimiste pour Cosumar : « Malgré une certaine exposition de l’activité et de la performance du groupe aux aléas climatiques et à la volatilité des cours des matières premières à l’international, le groupe dispose de fondamentaux solides et d’opportunités importantes, notamment grâce à son positionnement d’opérateur unique, à son dispositif industriel modernisé et à proximité des cultures sucrières, à la résilience de son modèle économique et à la flexibilité de son outil industriel, ainsi qu’à une forte consommation de sucre par habitant (35 kg par an), bien au-dessus des pays voisins. »
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