L’UE proroge d’une année supplémentaire le gel des milliards du clan Ben Ali

Décidé dès le 15 janvier 2011 au lendemain de la fuite du président Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi en Arabie Saoudite, le gel de leurs avoirs – dont le total pourrait atteindre 9 milliards de dollars – a depuis été reconduit par l’Union européenne (UE) d’année en année. Une décision à nouveau prorogée jusqu’au 31 janvier 2017.

Le président Zine el-Abidine Ben Ali, ici avec son épouse Leïla Ben Ali, a dirigé la Tunisie entre 1989 et 2011. © Fethi Belaid/AFP

Le président Zine el-Abidine Ben Ali, ici avec son épouse Leïla Ben Ali, a dirigé la Tunisie entre 1989 et 2011. © Fethi Belaid/AFP

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Publié le 5 février 2016 Lecture : 2 minutes.

Le Conseil de l’Union européenne (UE) a décidé de prolonger jusqu’au 31 janvier 2017 le gel des avoirs du clan Ben Ali – Trabelsi. La décision, prise le 29 janvier, a été saluée par la société civile tunisienne qui pointe cependant le manque de volonté politique de l’État pour récupérer un magot non négligeable pour l’économie exsangue du pays.

Le Conseil européen liste 48 personnalités de l’ancien régime, au premier rang desquelles l’ex-président Zine el-Abidine Ben Ali et sa femme Leïla Trabelsi, dont les biens en Europe doivent être confisqués mais se garde de chiffrer le total des avoirs.

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Une majorité des 9 milliards d’euros de biens en Europe

Mouheb Garoui, responsable de l’ONG tunisienne I Watch Organization qui lutte contre la corruption, évoque, en s’appuyant sur des travaux de l’ONG Transparency, le chiffre total de 9 milliards de dollars, « dont la grande majorité en Europe ».

L’absence d’un chiffrage officiel s’expliquerait par la lourdeur des enquêtes nécessaires pour référencer l’ensemble des biens meubles et immeubles, et des comptes en banque appartenant aux personnes incriminées. « Ils avaient l’habitude de passer par des sociétés écrans et des prête-noms, ce qui complique la procédure », explique Abdeljalil Bedoui du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES).

Mouheb Garoui ne nie pas ces difficultés techniques mais dénonce également l’ambivalence du pouvoir à ce sujet. Il critique notamment le mauvais signal donné par projet de loi sur la réconciliation économique relatif aux délits économiques et financiers (approuvé par le conseil des ministres le 14 juillet) qui faciliterait, selon lui, le blanchiment d’argent.

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Le responsable de I Watch s’est rendu à Bruxelles le 3 décembre 2015 pour rencontrer le Conseil européen : « Ils nous ont fait comprendre qu’ils ne seraient pas plus intransigeants que l’État tunisien et que ce dernier avait clairement choisi la voie de la réconciliation. Je salue la bonne décision du Conseil de ne pas avoir redonner cet argent. »

A contrario, Mouheb Garoui critique la décision de la justice tunisienne, en janvier, d’avoir remis en liberté provisoire Slim Chiboub, gendre de Ben Ali accusé de trafic d’influence, qui figure sur la liste des 48 Tunisiens visés par le gel des avoirs.

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Bouffée d’oxygène

Cinq ans après, la Tunisie ne semble pas prête à récupérer cette manne financière qui pourrait pourtant apporter « une bouffée d’oxygène » à l’économie du pays, selon Abdeljalil Bedoui. « À partir de trois milliards de dollars, nous ne sommes plus seulement dans l’ordre du symbolique. L’argent pourrait notamment permettre d’abaisser la dette extérieure », détaille-t-il.

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