Direction Niamey pour Thierno Sy
Le Sénégalais a pris en décembre la tête de BIA-Niger. Sa mission : donner un nouveau souffle au deuxième établissement financier du pays, dont Coris Bank a racheté 35 %.
Pour la Banque internationale pour l’Afrique au Niger (BIA-Niger), c’est l’espoir d’une renaissance. Pour Thierno Seydou Nourou Sy, son nouvel administrateur directeur général depuis décembre, c’est une marche supplémentaire gravie dans une longue carrière de banquier. La deuxième banque du Niger – 191 millions d’euros de total de bilan fin 2010 pour 12 millions de produit net bancaire – en avait bien besoin. « Elle était autrefois la première banque du pays, place qu’elle a perdue il y a quelques années en faveur de Sonibank, explique le tout nouveau patron, âgé de 50 ans. Elle commençait même à être rattrapée par Ecobank et Bank of Africa. » En cause : la décision il y a quelques années de l’actionnaire principal, Fortis (racheté depuis par BNP Paribas), de céder son activité de banque de détail en Afrique, portée par la filiale Belgolaise. Depuis, BIA-Niger était un peu en déshérence, sauvé toutefois par un management qui aura su rester fidèle au poste.
En juillet dernier, après plusieurs années de négociations avec divers repreneurs, c’est finalement le groupe bancaire burkinabè Coris Bank International qui décroche les 35 % détenus par BNP Paribas. L’un de ses dirigeants, Thierno Sy, se retrouve alors à la tête de la première filiale du groupe hors Burkina Faso… Le banquier, formé en France, au Conservatoire national des arts et métiers ainsi qu’à l’Université Paris-Descartes, y voit un nouveau challenge. « J’ai rejoint Coris Bank pour répondre à l’ambition de bâtir un groupe régional », souligne ce Sénégalais, ancien dirigeant de la Banque internationale pour le Mali (BIM) et ancien secrétaire général de CBAO au Sénégal, qui a quitté fin 2009 le groupe Attijariwafa Bank pour rejoindre la banque détenue et dirigée par Idrissa Nassa.
La première mission du nouveau « patron » est claire : depuis juillet, date à laquelle il a mis les pieds à Niamey, en observateur, puis à partir du 2 décembre, en tant que dirigeant, il oeuvre à remettre BIA-Niger sur pied.
ALLER VERS LES PARTICULIERS
L’établissement, qui compte quinze agences – huit à Niamey et sept dans les grandes villes du pays -, devrait en créer de nouvelles dans la capitale et en dehors. « Tout en maintenant notre position sur les clients Corporate, notamment chinois et français, l’administration, les organismes internationaux et les ONG, nous allons mettre l’accent sur la banque de détail, aller vers les particuliers en proposant notamment des produits innovants », souligne Thierno Sy. En tête, le modèle de la maison mère, Coris Bank : grâce à un dynamisme affirmé sur le segment des PME et des fonctionnaires et cadres du privé, la banque burkinabè est devenue en quelques années la deuxième du pays. Parmi ses annonces commerciales marquantes, la gratuité des frais de compte pour les salariés, en 2010, a marqué les esprits.
À ses côtés, le nouveau patron de BIA-Niger pourra compter sur deux adjoints et un secrétaire général, récemment nommés, mais qui figuraient déjà dans l’ancienne équipe dirigeante de la banque nigérienne. « Nous conservons les équipes en place et procédons seulement à une réorganisation, se réjouit Thierno Sy. Le seul nouveau venu sera au niveau de l’audit des risques et des finances, poste qui sera tenu par quelqu’un venu de Coris. » À Niamey, l’échiquier est en place pour la reconquête commerciale. Au-delà, Thierno Sy continue à garder un oeil sur les évolutions futures de Coris Bank. Candidat à la privatisation des banques togolaises, le groupe compte aussi s’installer bientôt en Côte d’Ivoire et au Bénin, en partant de zéro.
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