Africa Retakaful : l’assurance « islamiquement correcte »

Africa Re, le groupe panafricain basé à Lagos affiche de belles performances. Avec la création d’une filiale de réassurance islamique, Africa Retakaful, il compte s’imposer un peu plus comme un acteur de référence.

Africa Re a lancé en novembre 2011 une filiale de réassurance islamique. © AFP

Africa Re a lancé en novembre 2011 une filiale de réassurance islamique. © AFP

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Publié le 13 février 2012 Lecture : 3 minutes.

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Assurances : l’Afrique dans la course

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Après la finance et l’assurance islamiques, voici la réassurance islamique ! Nom de code : African Takaful Reinsurance Company (Africa Retakaful). L’annonce a été faite en novembre 2011, un peu plus d’un an après le lancement de ses activités, lesquelles sont « en conformité avec les règles et les normes de la charia », selon Bakary Kamara, président du conseil d’administration d’Africa Retakaful et directeur général de sa maison mère, Africa Re (actionnaire à 100 %). Et de préciser : « Africa Retakaful accepte les affaires de toute l’Afrique, du Moyen-Orient – et en particulier des pays du Conseil de coopération du Golfe – et de l’Asie. »

Un directeur visionnaire

Né en 1948 en Mauritanie, Bakary Kamara a été nommé le 1er juillet 2011 directeur général d’Africa Re, après vingt-sept années passées au sein de l’institution. Titulaire d’un master de droit civil obtenu à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar en 1975 et d’un DESS en droit des assurances décroché à l’université François-Rabelais de Tours (France) deux ans plus tard, il a débuté sa carrière au sein de la Société mauritanienne d’assurance et de réassurance (Smar). En 1984, il a intégré Africa Re en tant que secrétaire général. Il a été l’architecte d’une série de réformes – notamment la mise en place d’un plan stratégique de cinq ans à partir de 1993 – qui ont conduit la compagnie à passer d’un chiffre d’affaires de 38,6 millions de dollars en 1993 à 627,5 millions en 2010.

Recapitalisation

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Cette nouvelle filiale permet à Africa Re de s’imposer un peu plus comme l’acteur de référence dans la réassurance africaine. Depuis 2000, son chiffre d’affaires a été multiplié par huit, pour atteindre en 2010 quelque 627,5 millions de dollars (473,5 millions d’euros). Le groupe profite pleinement de la croissance économique du continent, mais la concurrence est vive : selon Junior John Ngulube, directeur exécutif de Munich Reinsurance Company of Africa, « avec une croissance soutenue malgré les crises, l’Afrique subsaharienne offre une alternative à tous les réassureurs ».

Créée en 1976 à Yaoundé sous l’impulsion de la Banque africaine de développement (BAD), la Société africaine de réassurance (Africa Re) compte à son tour de table 41 États membres de l’Union africaine, 107 sociétés d’assurance et de réassurance de droit national, ainsi que 5 institutions de financement du développement (BAD, SFI, DEG, FMO, Proparco). Après avoir porté son capital à 100 millions de dollars, Africa Re envisage aujourd’hui une nouvelle recapitalisation pour atteindre les 300 millions. Prochain objectif : 500 millions de dollars en 2015. Basé à Lagos, au Nigeria, le groupe jouit d’une part de marché d’environ 9 % sur le continent et possède des bureaux régionaux à Casablanca, à Nairobi, à Abidjan, à Port-Louis et au Caire, ainsi qu’une filiale à Johannesburg.

© Glez

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Lors de son évaluation fin 2010, l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) relevait : « Ces atouts sont toutefois atténués par la structure de la gestion intégrée des risques de la société, qui, bien que satisfaisante, n’est pas à la hauteur de celle de ses concurrents mondiaux. » L’agence mettait en avant les risques politiques et économiques liés aux marchés sur lesquels exerce Africa Re, lequel n’en demeurait pas moins, toujours selon S&P, une société bien capitalisée, solide et d’une « bonne souplesse financière ». En conclusion, elle décidait de relever la note d’Africa Re d’un cran, de BBB+ à A-. « Cette décision annonce le meilleur pour notre institution, dans une période où plusieurs firmes financières mondiales ont été dégradées », s’était alors félicité l’assureur. Ce bon présage aura-t-il été suivi d’effets ? Réponse en mars, à Casablanca, lors de la 34e assemblée générale d’Africa Re, au cours de laquelle seront présentés les résultats 2011.

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