Burkina Faso : la soif de l’or
En trois ans, le Burkina Faso est devenu le quatrième producteur d’or du continent. Et ce n’est qu’un début.
De l’or, encore de l’or, toujours de l’or. Pas un mois ne se passe au Burkina Faso sans que l’on apprenne de nouveaux investissements dans la filière aurifère. En février, la société minière britannique Cluff Gold a dépensé plus de 14,4 milliards de F CFA (près de 22 millions d’euros) en espèces et en actions pour acquérir un nouveau projet à proximité de sa mine de Kalsaka (voir carte), qui a produit plus de 2 t en 2011. En janvier, le canadien Volta Resources débloquait un budget de recherche de 9,5 milliards de F CFA pour la seule année 2012 afin de mettre en valeur le gisement de Kiaka, racheté à la major sud-africaine Randgold Resources en 2009. L’exploitation du site, dont les réserves sont estimées à 125 t, devrait débuter au quatrième trimestre 2014.
En décembre, c’est un autre canadien, Avion Gold, qui annonçait un investissement de 60 milliards de F CFA pour développer le gisement de Vindaloo, à Houndé, avec l’objectif de démarrer la production en 2015. De son côté, l’État a lancé un appel d’offres pour la réouverture de la mine de Poura ; première concession du pays à avoir été exploitée (à partir de 1985), elle est fermée depuis la fin des années 1990. Les cours de l’or ayant baissé, elle avait alors été jugée non rentable. Huit sociétés ont répondu à cet appel d’offres, et l’État devrait annoncer son choix au mois de mars.
Les gisements se multiplient
À l’ouest, la mine de Mana, opérée par la Société d’exploitation minière d’Afrique de l’Ouest (Semafo), vient d’entrer en phase de production ; 5 t à 6 t devraient être extraites dès cette année. Ses réserves sont estimées à 35 t, et sa durée d’exploitation à six ans. Dans l’extrême ouest du pays, l’australien Gryphon Minerals lance une étude de faisabilité pour son projet aurifère de Banfora… La liste est loin d’être exhaustive.
Devises
« Le boom minier est aujourd’hui une réalité, confie Salif Lamoussa Kaboré, le ministre des Mines, des Carrières et de l’Énergie. Et ce n’est qu’un début, puisque quelque 605 permis de recherche ont été délivrés à des sociétés canadiennes, australiennes, britanniques, sud-africaines, etc. »
Quelque 605 permis de recherche ont été délivrés à des sociétés canadiennes, australiennes, britanniques, sud-africaines…
D’ores et déjà, six mines industrielles (Mana, Youga, Kalsaka, Taparko, Belahouro et Essakane), deux semi-industrielles et plus de deux cents sites artisanaux sont en phase d’extraction. L’entrée en production, en juillet 2010, du gisement considéré comme le plus prometteur du pays, à Essakane (Nord-Est), a donné un nouvel élan à la filière. Opérée par le canadien Iamgold, la mine produit environ 10 t par an, pour des réserves estimées à 120 t.
En trois ans, le pays est devenu le quatrième producteur d’or du continent, derrière l’Afrique du Sud, le Ghana et le Mali. La production burkinabè est en effet passée de 12,2 t en 2009 à 24 t en 2010 et 32,5 t en 2011, les prévisions pour 2012 oscillant entre 40 t et 42 t.
Depuis 2009, le métal jaune est devenu la première ressource de devises du pays, devant le coton, et génère quelque 5 000 emplois directs. Les mines ont rapporté 125 milliards de F CFA à l’État en taxes et impôts en 2011, pour un chiffre d’affaires global de 750 milliards de F CFA.
L’an dernier, l’essor accéléré de cette industrie a provoqué des contestations chez ses employés ainsi qu’au sein des communautés voisines des sites aurifères. Aussi, la révision du code minier burkinabè, en cours, devrait préciser de manière plus explicite les responsabilités des sociétés d’exploitation. L’État cherche également à améliorer sa gouvernance en mettant en place l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Petit à petit, la filière s’organise, notamment avec l’installation, en septembre 2011, de la Chambre des mines, qui regroupe des représentants des sociétés minières.
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