Jean-Paul Sawadogo : « Sur les OGM, notre bilan est très positif »

La grogne des producteurs burkinabè a fait revoir à la baisse les objectifs de la campagne 2011-2012. Cependant, le directeur général de la Sofitex est confiant. Et ne manque pas d’arguments.

L’ex-ministre de l’agriculture et des ressources animales a pris la tête de la Sofitex. © sofitex.bf

L’ex-ministre de l’agriculture et des ressources animales a pris la tête de la Sofitex. © sofitex.bf

Publié le 14 mars 2012 Lecture : 3 minutes.

 Ingénieur agronome, ministre de l’Agriculture et des Ressources animales de 1992 à 1996 puis coordonnateur du Programme national de gestion des terroirs, Jean-Paul Sawadogo a pris ses fonctions à la tête de la Société burkinabè des fibres textiles (Sofitex) en juin 2011, alors que s’amplifiaient les protestations des producteurs contre les prix des engrais (jugés trop élevés) et du coton (qu’ils estiment trop bas). Il revient sur l’impact de cette crise et sa résolution, ainsi que sur le bilan, dix ans après son autorisation, de la culture d’organismes génétiquement modifiés (OGM).

Jeune Afrique : Comment se porte la filière après la crise sociale et la fronde menée par certains producteurs l’an dernier ?

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Jean-Paul Sawadogo : Les destructions de champs ne nous permettront pas d’atteindre nos objectifs pour la campagne 2011-2012. La production de la Sofitex devrait s’élever à environ 300 000 t de coton-graine pour environ 127 000 t de coton-fibre. À l’échelle nationale, la production devrait se situer entre 380 000 t et 400 000 t de coton-graine, ce qui permet au Burkina de garder sa position de leader africain du secteur.

Avec les semences transgéniques, il n’y a besoin que de deux traitements pesticides.

Certains planteurs se plaignaient de la cherté des intrants et du niveau de rémunération. L’État a mis en place un cadre de concertation interprofessionnel. Nous avons fixé le prix d’achat à 245 F CFA [0,37 euro, NDLR] le kilo [au lieu des 230 F CFA/kg fixés initialement] et établi un barème de primes, qui seront versées en fonction des résultats et de l’évolution des cours mondiaux. La Sofitex a également pris ses dispositions pour que les producteurs soient payés dans les dix jours suivant l’enlèvement du coton. Les tensions sont aujourd’hui apaisées et l’engouement pour l’or blanc est revenu.

Fin janvier, la Sofitex a signé deux conventions de financement ; l’une avec le pool bancaire national, de 77 milliards de F CFA, et l’autre avec le pool bancaire international, de plus de 50 milliards de F CFA. Cela va nous permettre de financer les achats, le transport, l’égrenage et la commercialisation. L’objectif est de relancer la production nationale afin d’atteindre les 500 000 t pour la campagne 2012-2013.

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Le Burkina Faso est le premier pays d’Afrique de l’Ouest à avoir autorisé le recours aux semences transgéniques en champ. Quelle est désormais la part cultivée en OGM dans le pays ?

Elle est de 50 % cette année et sera de 60 % pour la campagne 2012-2013. Si cela ne tenait qu’à eux, les producteurs cultiveraient du coton transgénique à 90 %. Nous faisons des efforts pour ramener le kilo de semences à 24 000 F CFA, au lieu de 27 000 F CFA l’an dernier. En comparaison, les variétés hybrides leur reviennent à 20 000 F CFA.

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Quels sont les principaux bénéfices ?

Les cotons OGM présentent plusieurs avantages. En particulier, ils réduisent la pénibilité du travail. Pour un hectare cultivé [avec des semences classiques], un planteur réalise entre six et huit traitements phytosanitaires, ce qui lui fait parcourir environ 15 km avec 15 kg sur le dos. Avec les semences transgéniques, il n’a besoin de faire que deux traitements pesticides. Cela permet de réduire le coût économique et de sauvegarder l’environnement. Par ailleurs, le cotonnier OGM développe plus de capsules, et la productivité peut augmenter de 30 % si le programme de fertilisation est respecté.

Dix ans après, le bilan est-il positif ?

Le Burkina a fait un pari technologique tout en prenant des mesures de précaution. Et le bilan des OGM est très positif. Aujourd’hui, nos voisins se rendent compte que notre production s’est améliorée, en quantité mais aussi en qualité. Ils viennent même étudier nos méthodes de culture. On discute actuellement avec la firme Monsanto [qui a introduit le gène Bt dans les variétés burkinabè] pour voir comment produire des semences OGM pour les pays de la sous-région.

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