Gestion de l’eau : un master « pour un nouveau corps de managers »
Le Congrès de l’association africaine de l’eau, qui s’est tenu à Marrakech du 20 au 23 février, a mis en exergue le manque criant de managers africains dans le secteur. Depuis 2009, le master exécutif international OpT (« Eau pour tous ») d’AgroParisTech, basé à Montpellier, tente d’y remédier. Jean-Antoine Faby, son directeur, en résume les caractéristiques.
Accès à l’eau : le grand défi africain
Jeune Afrique : À qui s’adresse ce master ?
Jean-Antoine Faby : Le master OpT s’adresse à des cadres déjà en poste, pressentis par la direction des services d’eau et d’assainissement pour prendre la tête de leur entreprise dans un futur plus ou moins proche. Ils ont quarante ans en moyenne et cumulent une dizaine d’années de métier, dans sa dimension financière, technique, marketing, commerciale etc. Ils ont le plus souvent une formation initiale en sciences dures ou un diplôme d’ingénieur. En comptant la troisième promotion, en cours, une quarantaine de managers ont été formés, et six des 22 premiers diplômés sont déjà directeurs. Aujourd’hui, notre formation est suivie à 85 % par des Africains, qui partagent des valeurs communes fortes. Il s’agit d’en faire un nouveau corps de managers, qu’ils soient opérateurs de services, régulateurs économiques, gestionnaires patrimoniaux ou directeurs de services du génie urbain.
En quoi consiste-t-il ?
Cette formation en alternance s’étale sur douze mois, avec une vraie orientation services. Elle est proposée une année en français, l’année suivante en anglais et se déroule pendant 29 semaines en France – ce qui demande de pouvoir se mettre en disponibilité -, les trois mois restant consistant en une phase de diagnostic et de réalisation du plan d’action dans leur pays d’origine. La moitié des formateurs sont issus de Suez environnement, qui est membre fondateur, les autres étant surtout des directeurs de sociétés d’eau africains et des membres de bureaux d’études français. Le programme repose sur un partenariat entre la société qui définit la mission de l’auditeur, l’auditeur qui met en place un plan d’action répondant à sa mission et l’équipe d’AgroTechParis. De retour dans son entreprise, l’auditeur met ses acquis en application et déploie son plan d’action.
Des évolutions sont-elles prévues ?
Je voudrais que quatre semaines de formation aient lieu sur le continent, avec des opérateurs reconnus comme 2iE, qui pourrait s’en approprier une partie. L’Agence française de développement envisage de financer l’organisation de certains cours en Afrique dès fin 2013-début 2014, pour se rapprocher du terrain. Il faudrait aussi mettre en place des options spécifiques en assainissement, mais cet aspect du métier, qui dispose de moins d’argent et requiert des investissements plus lourds, souffre d’un manque d’attractivité et requiert des notions de génie urbain. Les services d’assainissement sont en devenir dans leur dimension managériale.
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