Musique : les sept familles du rap africain
Ce n’est pas un exercice facile mais Jeune Afrique n’a pas peur d’aller au clash ! En ce début d’année 2016, nous avons voulu dresser le portrait, forcément subjectif, du rap africain. Le voici, sous forme d’un jeu des sept familles, de l’Algérie à l’Afrique du Sud, en passant par le Sahel, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.
Publié le 11 février 2016 Lecture : 4 minutes.
Que vous l’écoutiez en Europe, aux États-Unis ou sur le continent, vous ne pouvez pas vous y tromper : les Africains n’ont jamais été aussi influents dans le rap game mondial. Bien sûr, les Nigérians ont sans doute un temps d’avance, tout comme les Sud-Africains, qui ont depuis de nombreuses années des liens affirmés avec les États-Unis.
Mais que dire des références sénégalaises, ivoiriennes, camerounaises ou maghrébines ? Elles sont nombreuses, parfois impliquées politiquement, quelques fois « bling bling », souvent représentatives d’une jeunesse en ébullition, connectée et ouverte aux influences extérieures sans se couper de ses racines. Car c’est bien le succès de cette scène hip-hop du continent : être à la fois africaine et mondiale.
Il fallait bien sept familles, 35 artistes et une playlist (en bas de cette article) pour en parler.
Les poids lourds
Si leur nom ne vous dit rien, c’est que vous avez encore du chemin à faire dans le monde du rap ! Le Ghana et le Nigéria sont logiquement bien représentés, avec Sarkodie, l’un des artistes les plus riches d’Afrique, Olamide, et la seule représentante féminine, Eva Alordiah. Les accompagnent les cinq Ivoiriens de Kiff No Beat, incontournables, et la pépite sud-africaine Cassper Nyovest. Die Antwoord et PSquare auraient sans doute mérités d’y être mais ils figurent dans une autre famille. Parmi les pressentis : le Sud-Africain AKA, le Camerounais Jovi, dont le dernier album est une réussite incontestable, ou encore Tumi, né en Tanzanie mais sans doute encore un peu tendre, et la Mozambicaine Dama Do Bling.
Les pionniers
Vous pourriez avoir oublié leurs noms. Mais ce serait une erreur. Ils ont marqué l’histoire du rap africain chacun à leur manière. Né à Yaoundé en 1995, Negrissim’ était incontournable, tout comme le duo sénégalais des Positive Black Soul formé en 1989 à Dakar et Prophets of Da City, né un an plus tôt en Afrique du Sud. Le groupe algérien Le Micro Brise Le Silence, ou simplement MBS, a également marqué la génération hip-hop à partir 1993. Enfin Zara Moussa (ZM), la rappeuse nigérienne, nous a paru indispensable tant ses textes en français, haoussa et djerma ont bouleversé le rap ouest-africain. Parmi les pressentis : le Camerounais Ak-Sang Grave, les Gabonais de Movaizhaleine, les Sénégalais de Daara J et les Marocains de H-Kayne.
Les engagés
Si vous lisez régulièrement Jeune Afrique, vous en avez forcément entendu parler, tant ils ont fait de leur art un message politique. Smockey, le rappeur burkinabè, est un représentant de poids de la société civile de son pays, quand El General a composé le morceau qui est considéré comme l’hymne de la révolution tunisienne. Lotfi Double kanon, très critique envers le pouvoir algérien, le collectif Bent al-Masarwa, qui lutte pour les droits des femmes en Égypte, et Sister Fa, qui a lutté contre l’excision en Afrique, font également partie de notre choix. Parmi les pressentis : les Gabonais de Movaizhaleine, le Sénégalais Didier Awadi, des Positive Black Soul, le Tunisien Weld El 15 ou encore Tata Pound, qui a affronté la censure au Mali dans les années 2000.
Les promesses
C’est l’une des catégories les plus difficiles, tant les jeunes rappeurs sont nombreux sur le continent. Nous avons toutefois choisi le Burkinabès Joey le Soldat, qui nous paraît représenter les promesses d’une génération, ainsi que le jeune Nigérian Wizkid, Doksy, l’étoile montante du rap ivoirien, et sa compatriote Nash, et Stanley Enow, même s’il se considère déjà comme le roi du rap camerounais. Les pressentis : Amenem, Reekado Banks ou encore Tumi.
Les rois du clip
Au-delà de leur musique, ce sont également leur image qui font leur succès. Régulièrement salués pour leurs clips particulièrement léchés, les Sud-Africains de Die Antwoord et les Nigérians de PSquare, qui auraient pu figurer dans les poids lourds, remportent la palme. Les accompagnent Ice Prince, Davido, deux autres rappeurs nigérians, et le Canado-Somalien K’Naan.
Les princes de la diaspora
Il y avait foule aux portes de cette famille, pour laquelle les choix ont été difficiles. Difficile cependant d’écarter, dans les artistes d’origine africaine ayant construit leur succès à l’étranger, Skepta, qui a conquis la Grande-Bretagne, l’Américain d’origine sénégalaise Akon, et les Français, Booba, chef de file, Gradur qui représente la relève, et Mokobé, présent depuis deux décennies. Cela a été un crève-cœur de se séparer de Maître Gims, Youssoupha, Oxmo Puccino (qui s’est éloigné des terres du hip hop pour naviguer librement entre les styles), Passi, Blitz The Ambassador ou encore le petit dernier, MHD.
Les cousins
Cette dernière catégorie vise à ne pas faire du rap un monde à part, au sein de la culture urbaine. Beaucoup d’artistes gravitent autour du style sans forcément l’adopter totalement. Parmi eux, la slammeuse malgache Caylah, le Béninois Fanicko (RnB), l’Ivoirien DJ Arafat, plutôt dans le coupé-décalé, tout comme ses compatriotes de Tour2Garde. Dernier membre de cette famille, avec mention spéciale : Xuman et Keyti avec leur JT rappé au Sénégal.
La playlist des sept familles du rap africain
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