Total – Tradex : conflit sans fin à Bangui autour d’une station-service

Total a repris possession le 03 février de la station-service « Les Martyrs », située au cœur de la capitale centrafricaine, suscitant la protestation de Tradex qui, sur la base d’une décision de justice, en revendique la propriété. Le bras de fer franco-camerounais, vieux de dix ans, se poursuit.

L’excédent mondial de la production pétrolière, supérieur en moyenne à 1 million de barils par jour cette année, serait au total largement effacé l’an prochain, selon les estimations de l’Opep. © Michel Euler/AP/SIPA

L’excédent mondial de la production pétrolière, supérieur en moyenne à 1 million de barils par jour cette année, serait au total largement effacé l’an prochain, selon les estimations de l’Opep. © Michel Euler/AP/SIPA

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Publié le 11 février 2016 Lecture : 2 minutes.

Le bras de fer entre Total et Tradex à Bangui n’est pas près de connaître son épilogue. Le 08 février, le groupe camerounais s’indignait, à travers un communiqué, de ce que son concurrent ait brisé les scellés qu’il a fait apposer six jours plus tôt à la station- service « Les Martyrs », en plein cœur de la capitale centrafricaine.

En exécution d’un arrêt de la Cour de cassation du 23 décembre reconnaissant à Tradex RCA la propriété de cette station et ordonnant à Total RCA de lui verser 500 millions de F CFA (762 000 euros) de dommages et intérêts, l’huissier de justice Brice Martial Baidou a fait expulser la filiale du groupe français le 02 février.

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Le lendemain, le procureur général près de la cour d’appel de Bangui, sur instruction du ministre de la Justice excipant un « motif d’intérêt d’ordre public », ordonne la réouverture de l’établissement « sans en préciser le propriétaire », précise le communiqué de Tradex.

Tradex procureur RCA

Tradex procureur RCA

Ingérence

La filiale de Total a donc repris possession de « Les Martyrs ». Ce contentieux concentre depuis des années les ingrédients d’une ingérence politico-judiciaire et d’une privatisation mal menée.

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La libéralisation du secteur pétrolier aval centrafricain, au début des années 2000, conduit à un premier échec de la cession aux marketeurs des actifs de la distribution des hydrocarbures, jusque-là contrôlés par l’entreprise publique Petroca.

L’État scinde alors le nombre de stations-services – 40 au total – du pays en deux lots. Le premier est racheté par Total, tandis que Trans-oil, une entreprise publique créée sous le régime d’Ange Félix Patassé, s’empare du second lot dans lequel figure « Les Martyrs ».

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Après avoir liquidé Trans-oil, le régime de François Bozizé, dans un souci de continuité de l’activité, charge Total de gérer provisoirement ses actifs, en attendant leur attribution à un concurrent.

Tradex entre alors en scène en remportant, en 2006, l’appel d’offres de reprise desdits actifs. Total RCA lui restitue les stations-services du second lot – 20 au total -, à l’exception de « Les Martyrs »,  qui du fait de sa position stratégique dans la capitale est la station la plus lucrative du pays.

Tradex saisit la justice centrafricaine après trois années d’attente. S’ensuit un contentieux fleuve où la Cour de cassation, sollicitée à trois reprises, est restée constante.

Un processus judiciaire du reste gelé durant la période où Jean-François Bozizé, alors ministre délégué à la Défense de son père, a assumé la gérance de « Les Martyrs » sur la base d’une entente avec Total.

La dernière étape du feuilleton aurait dû être la décision du 23 décembre dernier.

Avec les derniers développements, le bras de fer entre les deux distributeurs promet d’autres rebondissements dans les jours à venir sur les rives de l’Oubangui.

Un dossier que devra peut-être trancher le prochain président centrafricain.

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