Afrique du Sud : Jacob Zuma sévèrement chahuté devant le Parlement

C’est peu dire que le discours annuel au Parlement du président sud-africain Jacob Zuma a été perturbé. Empêtré dans le scandale de sa résidence privée de Nkandla, le discours du chef de l’État a été interrompu par les députés de l’opposition radicale qui ont quitté l’hémicycle en chantant des slogans hostiles au chef de l’État.

Le président sud-africain, Jacob Zuma, à Abuja, Nigeria, 29 mai 2015. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Le président sud-africain, Jacob Zuma, à Abuja, Nigeria, 29 mai 2015. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Publié le 11 février 2016 Lecture : 2 minutes.

Mis sous pression, le chef de l’État s’est donc livré à un timide début de contrition, admettant que le pays traversait une crise économique.

« Nous allons traverser une période difficile pendant un moment », a déclaré un président affaibli politiquement, accusant la crise financière de 2008 et le ralentissement de la croissance mondiale. « Notre pays court le risque de voir sa note souveraine dégradée par les agences de notation« , a-t-il reconnu.

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 « Zuma ne mérite le respect de personne »

Auparavant, les députés du parti de gauche radicale EFF (Combattants de la liberté économique) avaient empêché pendant une heure le président de prononcer son discours sur l’état de la nation en multipliant les rappels au règlement.

« Zuma ne mérite le respect de personne, il nous a volés, il a corrompu l’économie de l’Afrique du Sud, il a transformé ce pays en blague », a martelé Julius Malema, dirigeant de l’EFF, ignorant les injonctions de la présidente de la chambre.

Fronde grandissante contre Zuma 

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Les parlementaires EFF, vêtus de leurs traditionnelles combinaisons rouges, sont finalement partis en cognant leurs casques d’ouvriers sur les bancs de l’assemblée et en scandant « Zupta doit tomber », jeu de mot en référence aux liens étroits entre le chef de l’État et les Gupta, ces richissimes hommes d’affaires d’origine indienne soupçonnés d’avoir une influence directe sur le pouvoir sud-africain.

Jacob Zuma est de plus en plus contesté. Dans l’après-midi, la police sud-africaine a dispersé à coups de grenades assourdissantes des manifestants réunis au Cap, à proximité du Parlement. Des échauffourées ont éclaté environ deux heures avant l’intervention du président entre quelques centaines de partisans de l’EFF et la police.

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Zuma muet sur les scandales

Plusieurs scandales sont à l’origine de la fronde grandissante contre le président. Notamment celui des accusation d’abus de biens sociaux – le scandale Nkandla, du nom de la résidence privée du chef de l’État – et les répercussions économiques catastrophiques du limogeage successif de deux ministres des Finances en décembre.

Deux affaires qui alimentent depuis des semaines une vigoureuse campagne « Zuma doit tomber » (#ZumaMustFall), et sur lesquelles le président est resté muet dans son discours, deux jours après une audience de la Cour constitutionnelle, saisie par l’opposition, dans l’affaire Nkandla.

Évolution sur la réforme agraire

En revanche, Jacob Zuma s’est attardé sur débat sur la réforme agraire, l’un des points essentiels du débat sur la compensation des inégalités créés par l’apartheid, qui avait interdit aux Noirs de posséder des terres. L’EFF réclame l’expropriation sans compensation des grands propriétaires terriens blancs pour redistribuer la terre aux fermiers noirs.

Jacob Zuma a annoncé une loi pour interdire aux étrangers de posséder des terres agricoles. « Nous devons verrouiller la propriété terrienne, et interdire aux citoyens étrangers de posséder des terres » agricoles, a-t-il dit, précisant que les étrangers seraient « éligibles pour des baux à long terme ».

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