Guinée-Bissau : face à l’impasse politique, la communauté internationale exaspérée
La crise politique qui persiste depuis six mois en Guinée-Bissau risque de lasser la communauté internationale dans son soutien au pays, ont prévenu des émissaires africains et européens en visite à Bissau.
![À Bissau, en mars 2014. © Sylvain CHERKAOUI pour Jeune Afrique](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2016/02/12/guineb.jpg)
À Bissau, en mars 2014. © Sylvain CHERKAOUI pour Jeune Afrique
Au cœur de l’impasse, les partisans du chef de l’État José Mario Vaz, élu en mai 2014, et ceux de son ex-Premier ministre, Domingos Simoes Pereira (DSP), président de sa formation, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC).
La crise avait éclaté en août 2015, quand José Mario Vaz avait limogé DSP, suscitant de vives critiques du PAIGC (57 députés sur 102 au Parlement). La mésentente entre les deux hommes sur la façon de diriger le pays était notoire. Depuis ce limogeage, les deux camps se livrent à une lutte politique sans merci, y compris devant la justice et à l’Assemblée nationale.
La CPLP et la Cedeao en première ligne pour dénouer la crise
Face à l’impasse, la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont dépêché cette semaine à Bissau des missions de médiation. Ces dernières se sont entretenues mercredi et jeudi avec la classe politique et la société civile.
Mais la rencontre de mercredi avec le président Vaz a été boycottée par le PAIGC et le chef du Parlement, Cipriano Cassama, protestant contre la présence des frondeurs du PAIGC que le parti a récemment exclus.
Olusegun Obasanjo en colère
Si l’ex-ministre mozambicain des Affaires étrangères, Murade Miguigy Murargy, chef de la mission de la CPLP, a fait part de son inquiétude, l’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo s’est montré beaucoup moins diplomate. Ce dernier, chef de la mission du Groupe de contact de la Cedeao sur la Guinée-Bissau, a haussé le ton mercredi.
« La communauté internationale pourrait être fatiguée de vos crises qui n’en finissent pas », elle « a atteint la limite de sa patience », a-t-il lancé à l’issue de la réunion, visiblement en colère. Peu avant de quitter Bissau, il a également invité « le peuple à ne pas laisser la classe politique prolonger davantage la crise qu’il vit ».
L’aide financière en jeu ?
Des avertissements en lien avec les sommes promises par la communauté internationale. En mars 2015, les bailleurs de fonds internationaux s’étaient engagés à accorder plus d’un milliard d’euros d’aides à la Guinée-Bissau.
Malgré ces coups de semonce, l’impasse politique se poursuit, en dépit de la nomination comme Premier ministre le 17 septembre 2015, d’un vétéran du PAIGC, Carlos Correia, 81 ans, sur proposition de ce parti. Mais le 23 décembre, 15 députés frondeurs du PAIGC se sont abstenus lors du vote à l’Assemblée nationale de la déclaration de politique générale de Carlos Correia. Conséquence, ce dernier avait échoué à obtenir une majorité.
Micmac politique
Le PAIGC avait alors sévi et les 15 frondeurs avaient été exclus par le parti. Ils avaient ensuite été déchus de leurs mandats par un tribunal de Bissau et avaient été remplacés par 15 suppléants, qui ont permis l’adoption du programme du Premier ministre lors d’un nouveau vote contesté, le 28 janvier.
Mais mardi, nouveau revirement de situation : le tribunal est revenu sur sa décision , ordonnant leur réintégration à l’Assemblée. Depuis cette décision, aucune explication n’a pu être obtenue sur les motifs de ce revirement. Autant de rebondissements qui ravivent les craintes d’une nouvelle crise politique.
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