Entre morosité et espoir à la clôture de Mining Indaba
La conférence qui rassemblait quelques 6 000 professionnels du secteur minier au Cap s’est achevée ce 11 février dans une ambiance peu joyeuse, du fait des difficultés financières de nombreux groupes, saignés à blanc par la chute des cours des minerais.
La plupart des participants ont quitté la conférence sud-africaine avec des inquiétudes pour l’avenir de leur secteur sur le continent. « L’Afrique a perdu beaucoup de terrains ces 10 dernières années en matière de compétitivité », regrette Michael Kloss, directeur associé du cabinet de conseil en stratégie McKinsey, qui vient de piloter une étude destinée aux dirigeants miniers pour inverser la tendance.
« Toutes les banques d’investissement ont clairement fermé le robinet du financement du secteur sur le continent. La conjoncture dramatique dans les mines est plus défavorable à l’Afrique qu’aux autres continents, dans la mesure où l’aversion aux risques, politiques en particulier, est encore plus forte aujourd’hui », observe un avocat européen spécialisé dans les projets extractifs et d’infrastructures.
« La situation est notamment critique en Afrique du Sud, où les miniers et l’État donnent le sentiment de ne pas savoir où ils vont, ce qui entraîne un sous-investissement majeur dans l’exploration de nouveaux gisements, pourtant essentiel pour l’avenir de ce pilier de l’économie de la Nation arc-en-ciel », note de son côté Magnus Ericsson, directeur associé au cabinet d’analyse SNL Metal & Mining, qui arpente le pays depuis la fin des années 90.
Notes d’espoir
Subsistent cependant quelques notes d’espoirs pour certains. Dans la filière aurifère, on observe un mouvement de concentration. Des compagnies comme Randgold et Endeavour, qui font partie des rares compagnies en bonne santé financière, sont en phase d’acquisition de gisements à moindre prix, vendus par des juniors du secteur exsangues. Et le cours de l’or pourrait avoir touché le fond fin 2015 pour amorcer une lente remontée, aidé par son statut de valeur refuge.
« Sur le continent, il y a une place pour des compagnies de taille moyenne, pilotant des projets de taille moyenne, qui peuvent tirer leur épingle du jeu, analyse Magnus Ericsson. Les mégaprojets – comme celui du Simandou mené par Rio Tinto en Guinée, nécessitent des infrastructures d’un coût si important qu’ils ne trouveront pas les fonds avant la remontée des cours d’ici un à 4 ans », estime-t-il.
« Cette conjoncture difficile peut être vue comme une opportunité pour développer des mines à un prix bien inférieur qu’auparavant : les prix des intrants, de la sous-traitance, de l’expertise, et même les licences sont moins chers ! », fait valoir de son côté le ministre guinéen des mines et de la géologie Abdoulaye Magassouba, pour qui la filière or, mais aussi le secteur de la bauxite (composante de l’aluminium), dont le sous-sol de son pays est riche, restent des marchés bien orientés contrairement à ceux des autres minerais.
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