La bête sauvage vous salue bien
Netanyahou, ce « menteur » (c’est ainsi que le qualifia Sarkozy lors d’une rencontre avec Obama), ce falsificateur de l’Histoire (il a osé prétendre, il y a quelques mois, que Hitler n’avait décidé d’exterminer les Juifs que parce que le mufti de Jérusalem le lui avait demandé…), Netanyahou, cette catastrophe ambulante qui est, hélas, Premier ministre d’Israël, vient d’annoncer son intention d’ériger un mur tout autour de son pays pour l’isoler du monde arabe – ou plutôt des « bêtes sauvages », pour utiliser sa prose délicate.
Les bêtes sauvages, c’est nous. Je ne me connaissais pas une parenté directe avec le grizzli, le loup ou le tigre de Sibérie. Quelque part, c’est presque flatteur, vu les horreurs qu’inflige ces jours-ci l’homme à l’homme, un peu partout sur cette planète que, par ailleurs, il encombre, pollue et détruit méthodiquement.
Pour ceux qui ont la mémoire longue, le projet de Netanyahou ne fait que reprendre celui de Ze’ev Jabotinsky, le fondateur du groupe terroriste Irgoun, qui voulait ériger un « mur de fer » contre les Arabes. Il exprima son idée dans une brochure publiée en 1923 en russe (sa langue maternelle) et traduite en anglais sous le titre The Iron Wall (We and the Arabs), soit : « le mur de fer (nous et les Arabes) ».
Bravo, Bennett et Netanyahou ! Vous avez tout compris. Grâce à vous, la paix est pour demain.
Et la paix, dans tout ça ? Il y a quelques décennies, Samir Amin, le grand économiste égyptien qui fut une icône du tiers-mondisme, écrivit un livre sur la question du Proche-Orient dans lequel il indiquait que le seul espoir de paix était la « levantinisation » d’Israël. Par ce néologisme, il exprimait l’espoir qu’au lieu de n’être qu’un morceau d’Europe implanté au cœur du monde arabe, comme une colonie, Israël s’intégrerait progressivement dans la région, le Levant, de tous les points de vue : économique (un marché commun), sociologique (un profil similaire des classes moyennes), politique (une fédération avec les Palestiniens et la Jordanie), voire… gastronomique, musical, etc.
L’idée était généreuse et optimiste mais elle supposait l’impossible : que les dirigeants israéliens voient dans leurs voisins arabes des êtres humains. Hélas, entre Begin, qui les traitait de « bipèdes », Rafael Eitan, chef d’état-major de l’armée israélienne, qui les appelait « cafards », son prédécesseur, qui voyait en eux une « manifestation cancéreuse », Ehoud Barak, qui les comparaît en août 2000 à des crocodiles, et Naftali Bennett, l’actuel ministre de l’Éducation, qui se vante tranquillement d’avoir « tué beaucoup d’Arabes » sans en éprouver le moindre remords ni même un simple regret, on est loin, très loin, du compte.
Contre des cafards à tête de crocodile qui se métastasent sur deux pattes (essayez seulement d’imaginer une telle chimère…), on comprend que la seule défense soit de les tuer tous ou de s’enfermer soi-même dans un ghetto, derrière un mur, pour les tenir à distance. Bravo, Bennett et Netanyahou ! Vous avez tout compris. Grâce à vous, la paix est pour demain.
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