Ce que les analyses ADN des défenses d’éléphants révèlent des barons africains du trafic d’ivoire
D’après les résultats des analyses ADN réalisés sur des défenses d’éléphants saisies, présentés ce week-end lors de la conférence annuelle de l’American Association for the Advancement of Science (AAAS), à Washington, seuls « quelques barons » contrôlent le trafic illégal d’ivoire en Afrique.
D’où vient l’ivoire saisi?
L’ivoire saisi vient principalement de deux régions : une zone protégée qui s’étend de entre le Cameroun, le Congo et le Gabon (85% des défenses d’éléphants de forêt interceptées) et d’Afrique de l’Est, surtout de Tanzanie (85% de l’ivoire d’éléphants de savane). Il faut savoir que les trafiquants font sortir leurs prises très rapidement du pays où a eu lieu le braconnage.
Monbasa, plaque tournante
Toutes les défenses interceptées sur lesquelles ont été prélevés des échantillons ADN ont transité par Monbasa, au Kenya véritable « plaque tournante » du trafic d’ivoire en Afrique, afin de camoufler l’origine des cargaisons.
Un trafic contrôlé par un ou deux barons
Pour Pr. Samuel Wasser de l’Université de Washington, « le trafic est probablement contrôlé par un ou deux trafiquants ». Grâce à ces analyses ADN, « nos travaux ont déjà permis de neutraliser l’un des plus grands trafiquants d’ivoire d’Afrique de l’Ouest et nous sommes actuellement sur la piste du probablement plus gros trafiquant du continent africain », a indiqué le scientifique.
Combien pèse le commerce illégal d’ivoire?
Le braconnage et le commerce d’espèces sauvages protégées est la quatrième plus grande activité criminelle internationale juste après le trafic des armes, de drogue et d’êtres humains.
Au total, ce commerce illégal pèse 20 milliards de dollars par an dont trois milliards pour l’ivoire. Un trafic puissant et rentable, formé de réseaux sophistiqués et de groupes experts dans la contrebande.
Quel rôle joue l’Asie?
L’ivoire est très prisé sur les marchés asiatiques. La Chine représente plus de 70% de la demande mondiale d’ivoire. Depuis 2008, la vente d’ivoire par trois pays africains du sud du continent y est autorisée, tout comme au Japon.
Selon Allan Thornton, président de l’ONG, Environmental Investigation Agency, c’est sous l’influence de ce dernier que l’interdiction internationale qui pesait sur le commerce de l’ivoire depuis huit ans avait été en partie levée en 1997.
D’après lui, c’est « la seule mesure efficace ». Elle s’était imposée en 1989 quand, en dix ans, la moitié de la population d’éléphants avait été décimée, passant de 1,3 million à 624 000, jusqu’à atteindre 70 000 éléphants tués par an. Aujourd’hui, il reste 450 000 éléphants sur le continent, sachant que 50 000 spécimens sont tués chaque année.
Pour William Clark, ancien membre d’Interpol dans le service de lutte contre le trafic illégal d’ivoire, l’Asie manque de volonté politique et « n’assume pas ses responsabilités pour se saisir de ce problème, laissant le fardeau sur les épaules des Africains.
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