Finance : l’agence WARA dégrade la note du port de Dakar

L’agence de notation ouest-africaine a abaissé d’un cran à « BBB » la note du Port autonome de Dakar, a appris « Jeune Afrique ». En cause : la dégradation de sa situation financière et la qualité de sa gouvernance.

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Publié le 15 février 2016 Lecture : 2 minutes.

Dans un rapport à paraître cette semaine et auquel a eu accès Jeune Afrique, l’agence de notation West Africa Rating Agency (WARA) a baissé de « BBB+ » à « BBB » la notation du Port autonome de Dakar (PAD).

Cette décision, explique l’agence dirigée par Seydina Tandian « reflète l’affaiblissement de la qualité de la gouvernance du Port, ainsi que la dégradation de sa situation financière structurelle ».

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Parmi les difficultés constatées par l’agence de notation figurent : le faible taux de marge de l’entreprise publique (inférieur à 3 % en 2012-2013) dû à une mauvaise maîtrise de certains postes de charges, notamment celles de personnel ; les lacunes dans le recouvrement des créances, tout particulièrement, celles du secteur public (19 milliards de F CFA et en hausse de 1 milliard par an) ; mais aussi, et surtout, les incertitudes entourant la relation entre le gestionnaire des conteneurs Dubai Port World, le Port autonome de Dakar et l’État.

Le PAD, détenu à 100 % par l’État sénégalais, a accordé des concessions : à Dubai Port World, en 2007, pour la gestion du terminal à conteneurs, aux français Necotrans et Bolloré (en 2013-2014) pour la gestion des terminaux vraquier et roulier respectivement.

Risque

Dans son étude, WARA note « un risque contractuel non négligeable » lié à la convention d’exploitation avec Dubai Port World. En effet, une enquête a été ouverte en 2013 par l’Inspection générale de l’État sur les conditions d’attribution de cette concession et sur le ticket d’entrée payé. Suite à quoi une demande d’arbitrage a été déposée par DPW auprès de la Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce de Paris en octobre 2013. Cette tension et les retards enregistrés dans le chantier du projet du « Port du futur », destiné à moderniser les infrastructures du terminal à conteneurs du PAD, sont autant d’incertitudes qui pèsent sur les perspectives de la société publique.

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Autre écueil, si l’agence juge l’équipe dirigeante du PAD « solide, compétente et expérimentée », elle s’étonne du contrat « ambigu » signé avec le groupe G3S, chargé de la sûreté des installations portuaires et de la certification ISO 28000. Et auquel de nombreuses facilités assez surprenantes ont été accordées : dans le cadre de ce contrat (d’une durée indéterminée et avec un coût annuel en millions d’euros), le port de Dakar s’engage à se substituer pour les emprunts souscrits par G3S et à assurer seul le remboursement sans aucune responsabilité de G3S…

Position stratégique

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Malgré ces réserves, le diagnostic de WARA demeure toutefois optimiste : la note du port de Dakar reste dans la catégorie de celle dites d’investissement et sa perspective est stable. L’agence rappelle en outre la position stratégique du port de Dakar en Afrique de l’Ouest et son rôle indispensable pour le pays : 30 % du budget de l’État et près de 90 % de ses recettes douanières, selon les estimations de WARA.

Son trafic de marchandises a atteint 13,4 millions de tonnes en 2014 au PAD, pour un chiffre d’affaires de 34,7 milliards de F CFA (+11,2%) et un résultat net de 5,79 milliards de F CFA (une hausse de +529,5 % biaisée due notamment à la comptabilisation du complément du ticket d’entrée de DPW pour une somme de 24,6 milliards de F CFA).

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