Diplomatie : Manuel Valls attendu au Mali et au Burkina
Après le Tchad et le Niger en 2014, Manuel Valls s’apprête à fouler de nouveau le sol de l’Afrique subsaharienne. Jeudi et vendredi, le Premier ministre français séjournera au Mali avant de se rendre samedi au Burkina Faso.
Le Premier ministre Manuel Valls est attendu à Bamako jeudi 18 février à 19h20 à l’aéroport de Bamako Senou. Le Premier ministre se rend au Mali pour une visite de « 36 heures » en compagnie du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian et du député socialiste Razzi Hamadi, président du groupe d’amitié France-Mali. La dernière visite de Manuel Valls au Mali remonte à 2013, lorsqu’il était encore ministre de l’Intérieur. C’est le premier chef de gouvernement français sous la présidence Hollande à se rendre au Mali depuis l’opération Serval en janvier 2013.
Tête à tête avec le président IBK
Le Premier ministre se rend d’abord au Mali pour apporter son soutien à la population malienne durement ébranlée par le terrorisme qui frappe aux quatre coins du pays. Il viendra rappeler la vieille amitié qui lit deux pays aux liens démographiques très étroits. Il sera accueilli à son arrivée par le Premier ministre malien, Modibo Keïta, avant de s’entretenir au palais présidentiel de Koulouba avec le président Ibrahim Boubacar Keita. Les deux hommes se connaissent bien « pour avoir fréquenté les mêmes réseaux socialistes en France, et s’apprécient », selon une source diplomatique.
La lutte contre le terrorisme au cœur des discussions
Matignon parle d’un voyage « léger », sans aucun chef d’entreprise, car l’accent sera mis sur la dimension sécuritaire… Manuel Valls vient pour assurer le président IBK de la volonté française de continuer de lutter contre les réseaux jihadistes et les trafiquants dans la zone sahélienne. À ce titre, aucun renforcement du dispositif Barkhane n’est prévu ; ce dernier mobilise déjà 1300 hommes au Mali, concentrés à Gao, sur les 3000 dispersés entre le Mali, le Niger et le Tchad. La France est en revanche favorable au renforcement en effectif de la Minusma.
Manuel Valls doit se rendre dès vendredi à la base française de Barkhane à Gao pour passer en revue les troupes, en présence des principaux chefs d’état-majors maliens. Un hommage sera rendu durant cette étape aux soldats maliens, français et étrangers tombés au combat, notamment aux sept soldats guinéens de la Minusma récemment tués lors de l’attaque revendiquée par le groupe Ansar Eddine contre un camp de la mission de l’ONU à Kidal (nord-est).
Le Premier ministre français veut aussi assurer le président IBK du soutien matériel de l’armée malienne. Plusieurs blindés Truck Renault ont été vendus pour une valeur de 31 millions d’euros, ainsi que deux hélicoptères Super Puma. Enfin, la France soutient le groupe G5 Sahel, pour une meilleure coopération des armées dans la lutte contre le terrorisme. (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad). Au menu de la discussion, Manuel Valls vient aussi au Mali pour approfondir son soutien dans la mise en place de l’accord de paix d’Alger au Nord du pays, dans la région de Kidal, notamment en terme de suivi du processus DDR, (désarmement, démobilisation et Réintégration), lutte contre l’impunité, mise en place des patrouilles mixtes.
Soutien à la communauté française
Manuel Valls rencontrera la communauté française au Mali, notamment lors d’un cocktail organisé à la résidence de l’ambassadeur de France, jeudi 18 février vers 21H30. Il devrait se rendre durant son séjour, sans horaire précis pour des raisons de sécurité, devant l’un des deux établissements visés par les récents attentats. Le Premier ministre tient tout particulièrement à témoigner sa solidarité aux quelque 10 000 Français présents au Mali. Les attentats du restaurant-bar La terrasse et de l’Hôtel Radisson Blu visaient en partie cette communauté, qui est en bonne partie binationale. À la surprise générale, la présence française au Mali a d’ailleurs fait un bond de 23 % depuis 2013, malgré le climat d’insécurité. Une réalité en partie due à l’inscription récente au consulat de nombreux binationaux qui ne l’avaient pas fait auparavant, mais aussi au retour des investisseurs français au Mali.
Perspective du sommet Afrique – France et échanges économiques
La France veut accompagner le retour du Mali sur la scène internationale en apportant son aide au développement. À quelques mois du sommet Afrique-France qui doit se dérouler à Bamako en janvier 2017, Matignon veut « booster» des échanges commerciaux en pleine croissance et « développer sa diplomatie hôtelière ».
« Nous espérons apporter notre expertise en matière d’organisation de sommet », prévient un proche du Premier ministre. Manuel Valls vient au Mali dans l’optique de soutenir économiquement le Mali qui connaît une croissance de 7%, malgré les récents attentats. Le solde commercial de la France, autour de 340 millions d’euros au Mali est le troisième excédent commercial de la zone Franc CFA…
À ce titre, la plupart des efforts sont consentis dans les domaines de la défense, de l’équipement, des produits pharmaceutiques et des transports. De nombreux projets sont en cours. L’entreprise Veolia réalise un gros programme de forage, de pose et conduite d’eau à Bamako, où Degrémont et Sogea construisent également une station d’épuration. La France a octroyé une deuxième aide de 360 millions d’euros, dont 150 millions doivent être utilisés en priorité pour l’eau et l’énergie, 90 millions pour l’agriculture, et 40 autres millions dans les domaines sociaux et éducatifs.
Lutte contre l’immigration illégale
Manuel Valls ne veut pas éviter les sujets qui fâchent… Un dialogue franc devrait avoir lieu à l’issue de cette visite pour continuer de lutter contre l’immigration clandestine vers l’Europe. Le Premier ministre tient à évoquer clairement le problème des réadmissions de ressortissants maliens renvoyés de France.
Il souhaiterait que le Mali redouble d’efforts afin de dissuader les candidats au voyage périlleux à travers le Sahara et la Méditerranée. Si aucun budget supplémentaire n’est prévu pour aider le Mali dans ce sens, Matignon souhaiterait que l’enveloppe du fond fiduciaire décidé lors du sommet sur la migration de La Valette, le 11 novembre dernier, pour développer entre autres la région sahélienne, servent aussi davantage à soutenir les « projets de retour » .
Le Premier ministre français doit s’envoler samedi matin tôt, vers 6 heures, pour le Burkina Faso, où il entamera une visite de quelques heures à Ouagadougou, avant de revenir dans la soirée en France. Accompagné du député de l’Eure François Loncle, président du groupe d’amitié Burkina Faso, Manuel Valls vient apporter son soutien à la population, deux mois après l’attaque terroriste de janvier dernier dans le centre de la capitale. Il devrait à ce titre rencontrer le nouveau président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré.
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