Niger : le vote par témoignage fait polémique avant la présidentielle
L’autorisation mercredi au Niger du « vote par témoignage » (vote sans pièce d’identité mais avec deux personnes attestant de l’identité du votant) a suscité la colère de l’opposition et de la société civile au Niger, à quatre jours de la présidentielle.
![Des affiches électorales dans une rue de Niamey, le 30 janvier 2016. © AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2016/02/18/edccbb3a8daf9d35bc8de6e37f69743a3ad20946.jpg)
Des affiches électorales dans une rue de Niamey, le 30 janvier 2016. © AFP
La télévision nationale a annoncé mercredi 17 février que le Conseil d’État avait donné un avis favorable au « vote par témoignage » des inscrits ne disposant pas de pièces d’identité. Le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Boubé Ibrahim, a pris un arrêté pour autoriser ce type de vote, selon la télévision.
Le vote par témoignage concerne environ 1,5 million d’électeurs dans le pays sur près de 7,5 millions d’inscrits. Ce chiffre a été mis au jour lors de l’audit du fichier électoral nigérien par l’Organisation internationale de la francophonie en janvier.
Une décision très critiquée
La décision est toutefois loin de faire l’unanimité des représentants de l’opposition et de la société civile qui siègent à la Ceni. « Le vote par témoignage pose problème parce que ça permet des fraudes », a affirmé Moussa Tchangari, figure de la société civile et opposant.
« Quelqu’un vient avec une carte d’électeur qui peut ne pas être la sienne, il trouve deux personnes qui peuvent témoigner et il peut voter. Dans un contexte très partisan, ce n’est pas difficile de trouver quelques témoins », ajoute Moussa Tchangari, qui souligne que ce type de vote avait été accepté en 2011 mais que c’était une « disposition transitoire en attendant d’établir les fichiers biométrique qui n’ont pas été faits ».
« Fraude massive planifiée » ?
Au sein de l’opposition, on dénonce le fait que des milliers de cartes d’électeurs, fausses ou non distribuées, circulent et pourraient être utilisées lors du vote. Les cartes correspondent aux noms inscrits sur les listes mais ne comportent pas de photo ou d’empreinte digitale.
S’exprimant au nom de la Coalition pour l’Alternance (COPA 2016, opposition), Tahirou Kalilou rappelle que « le vote par témoignage n’est pas inscrit dans la loi. En réalité, l’action du Premier Ministre (qui a saisi le Conseil d’Etat) cache mal l’intention du pouvoir sortant de troubler la sincérité, la fiabilité et la crédibilité des élections ».
« La COPA 2016 prend à témoin l’opinion relativement à la fraude massive planifiée » par le pouvoir. « Le vote par témoignage participe de cette tromperie à grande échelle », a-t-il conclu.
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