Kingdom Zephyr, un tour et puis s’en va

Créé par le prince saoudien Al Walid, Kingdom Zephyr Africa Management suspend brutalement ses activités. Spécialisé sur le continent, il avait pourtant levé plus de 450 millions d’euros.

ProfilAuteur_FredMaury

Publié le 17 février 2012 Lecture : 3 minutes.

Clap de fin pour Kingdom Zephyr Africa Management (KZAM). La société de private equity fondée en 2004 par le prince saoudien Al Walid Ibn Talal et le gérant américain Zephyr Management vient de suspendre ses activités, signant la fin d’une aventure parmi les plus intéressantes du capital-investissement panafricain. En quelques années, la structure était parvenue à lever plus de 600 millions de dollars (plus de 450 millions d’euros). Sa fermeture est donc un coup dur pour la profession de l’investissement en fonds propres.

« KZAM a toujours souffert d’un problème de management, la personnalité de Thomas Barry [dirigeant de Zephyr et ancien patron de Rockefeller & Co, NDLR] étant loin de faire l’unanimité », souligne un fin connaisseur de la société. « C’est un cas classique de divergence entre un management éloigné et une équipe d’investissement non-actionnaire », ajoute un des membres de ladite équipe. Au fil des problèmes de gouvernance interne, les meilleurs professionnels ont quitté un à un la maison : Runa Alam, figure du capital-investissement en Afrique, est partie fonder Development Partners International en 2007 ; Sofiane Lahmar l’a rejointe quelques années plus tard ; Saad Aouad est désormais chez Duet Africa ; et fin 2011, Panos Voutyritsas, responsable de l’ensemble des investissements, a quitté la société… sans autre point de chute. « Son départ a suscité un électrochoc au sein de la structure, explique un financier. C’est à la suite de cela que les activités de KZAM ont été mises en veilleuse. »

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Les débuts étaient pourtant prometteurs. Outre le prince Al Walid, Kingdom Zephyr Africa Management (KZAM) était parvenu à attirer dans son deuxième fonds, mi-2010, la Société financière internationale, la Banque européenne d’investissement et la Banque africaine de développement. Temasek Holdings, le fonds souverain de Singapour, s’était lui aussi laissé convaincre et y avait engagé environ 60 millions d’euros. Les investissements de KZAM réalisés dans le cadre de son premier fonds avaient alors séduit tout ce beau monde. La société avait en effet décroché le jackpot en misant sur l’opérateur de télécoms Celtel (devenu Zain puis Airtel), les groupes Ecobank et United Bank for Africa ou encore l’assureur CNIA Saada, revendu fin 2010 plus du double du montant investi. F.M.

Aujourd’hui, presque tous les membres de l’équipe sont partis. Quant aux institutions internationales qui avaient promis d’apporter mi-2010 les 492 millions de dollars du fonds PAIP II (Pan-African Investment Partners II), elles devraient récupérer bientôt les sommes non investies (environ 300 millions de dollars). « Il est probable que les souscripteurs du dernier fonds retirent leurs mises, puisqu’il n’y a plus personne pour les investir », confirme un investisseur. D’autant que, sur les 150 millions de dollars déjà investis, le bilan est à ce jour décevant.

Redressement

Ainsi, l’investissement dans le thonier ivoirien Thunnus Overseas Group est peu rentable, et le sud-africain Consolidated Infrastructure Group ne rapporte pas plus. Quant au groupe immobilier hispano-marocain Mixta Africa, dans lequel 45 millions d’euros ont été injectés, « il a connu beaucoup de difficultés mais est en voie de redressement », explique un ancien employé de KZAM. Bouclé fin 2011, l’investissement réalisé dans une filiale nigériane du pétrolier Afren a pour principale vocation de redresser – à moindre risque – la rentabilité globale.

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Actionnaire de référence de KZAM, mais aussi principal soutien du dernier fonds – dans lequel il a injecté 165 millions de dollars -, le prince Al Walid reste pour l’instant silencieux. Mais une chose est sûre : malgré cet accroc, l’homme d’affaires, qui a investi en Afrique dès les années 1990, ne délaissera pas le continent.

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