Le pape François vs Donald Trump : retour sur la passe d’armes entre les deux hommes
Le candidat républicain s’en est violemment pris jeudi au pape François après que le pontife ait insinué qu’il n’était pas un « bon chrétien », pour finalement tenter de calmer le jeu.
1) Qu’a dit le pape ?
« Une personne qui veut construire des murs et non des ponts n’est pas chrétienne. Ce n’est pas dans l’Évangile », a déclaré le pape dans l’avion qui le ramenait du Mexique jeudi. Il faisait référence à la proposition du candidat républicain Donald Trump de construire un mur entre le Mexique et les États-Unis pour lutter contre l’immigration illégale.
2) Comment Trump a-t-il réagi ?
Le candidat républicain lui a d’abord répondu par communiqué, jugeant les propos du pape « honteux », avant de rebondir le soir même lors d’un meeting en Caroline du Sud, sur la côte est des États-Unis. « Je suis un bon chrétien. Le pape a dit que peut-être Donald Trump n’était pas chrétien, j’étais très surpris qu’il remette en question ma foi. Je suis chrétien et fier de l’être », a-t-il déclaré.
Si l’EI attaquait le Vatican. Le seul souhait du pape aurait été que je sois président
Mais, Donald Trump ne s’arrête pas là. Le jour-même, il n’a pas hésité à en remettre une couche sur Facebook, se livrant à un exercice de politique fiction. « Si le Vatican était attaqué par l’État Islamique, le pape ne pourrait que prier pour que Donald Trump soit président », a-t-il déclaré, dans un message posté sur le mur de sa page Facebook.
3) Quels remous dans la campagne ?
Le New York Times ne manque pas de souligner que c’est « l’attaque la plus audacieuse » que Donald Trump ait encore jamais formulée à l’égard d’ »une personnalité (aussi) vénérée », même si les attaques personnelles représentent son fond de commerce.
Sur Twitter, les soutiens de l’homme d’affaires répliquent, comme les « Évangéliques pour Trump » : « Quiconque veut un mur frontière n’est pas chrétien. Alors pourquoi vous avez un mur frontière pour protéger la ville du Vatican ? »
.@Pontifex "Anyone who wants border walls not Christian." Thn why do you have a border wall protecting Vatican City? pic.twitter.com/TsWfEpR9rk
— EvangelicalsForTrump (@EvangForTrump) February 18, 2016
« Je me fous de savoir que c’est le pape. Votre foi, c’est votre foi », rétorque Keith Summey, maire de Charleston (Nord) et soutien du candidat républicain, cité par le Washington post.
Jerry Falwell, président de l’Université Liberty dans l’État de Virginie (Est) et soutien de Donald Trump, va plus loin : « Jésus n’a jamais eu l’intention de donner des instructions aux hommes politiques sur leur façon de gérer le pays », a-t-il déclaré sur CNN, soulignant que le pape avait franchi la ligne rouge.
4) Quelles conséquences pour Donald Trump?
En règle générale, les hommes politiques américains ne s’en prennent pas au Vatican, au risque de s’aliéner le vote catholique, relève le New York Times.
Selon le journal, cette agressivité s’explique par l’imminence du scrutin en Caroline du Sud (Est) samedi, dans un État conservateur où la gouverneure, Nikki Haley, a appelé à voter pour son adversaire républicain, le sénateur de Floride Marco Rubio. En revanche, à terme, ses propos virulents envers le pape pourraient lui coûter cher dans les États très catholiques du New Jersey, de New York et de Pennsylvanie relève le New York Times .
Au contraire, pour le Washington Post, cette remarque du pape va permettre à Donald Trump, mis en difficulté cette semaine sur les questions sociales, de replacer l’attention sur l’immigration.
Seul fait avéré, souligne le journal, le pape François rejoint définitivement les chefs d’État qui ont déjà exprimé de vives critiques envers Donald Trump. À commencer par le Premier ministre britannique David Cameron et son homologue français Manuel Valls à l’annonce du candidat républicain de vouloir fermer les frontières américaines aux musulmans.
Afin de calmer le jeu, Donald Trump a tout de même déclaré jeudi soir sur CNN qu’il avait « beaucoup de respect pour le pape ». « Un type formidable » a souligné le milliardaire, ajoutant qu’il « n’aim(ait) pas se battre avec lui ».
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