RDC : sans révision du fichier électoral, pas de présidentielle dans les délais, selon la Ceni
Corneille Nangaa, président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), a confirmé vendredi à Jeune Afrique que le scrutin présidentiel en RD Congo, initialement prévue fin novembre, ne pourra pas être organisé sans une révision préalable du fichier électoral. Un processus désormais « impossible » à finaliser avant le 30 septembre, délai constitutionnel pour la convocation de l’électorat.
Hormis l’élection des gouverneurs dans les 21 nouvelles provinces, fixée au 26 mars, « plus aucun scrutin ne sera organisé en RD Congo cette année avant de procéder à la révision du fichier électoral ». Au lendemain de sa rencontre avec les représentants des partis politiques à Kinshasa, Corneille Nangaa, président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), revient pour Jeune Afrique sur « la complexité » du processus électoral en cours.
Pour Corneille Nangaa, « le calendrier global des élections, publié à la mi-février 2015, qui avait fixé la présidentielle le 27 novembre, a été faiblement appliqué ». Le président de la Ceni fait allusion à plusieurs échéances électorales prévues en 2015 et début 2016 qui n’ont pas été tenues. Des élections locales, communales et provinciales d’octobre n’ont pas eu lieu. Idem pour les sénatoriales et d’autres scrutins locaux et municipaux initialement programmés entre le 13 janvier et 7 mars 2016.
Pas de présidentielle en 2016 ?
Qu’en est-il de la présidentielle ? Est-il encore matériellement possible de l’organiser dans les délais constitutionnels ? À cette question délicate qui divise la classe politique, Corneille Nangaa se veut pédagogue. L’expert électoral souligne que « le délai constitutionnel pour le scrutin présidentiel en RD Congo est géré et organisé par la Constitution ». Le numéro 1 de la Ceni rappelle les dispositions de l’article 73 de la Loi fondamentale congolaise qui stipule que la Ceni doit convoquer l’électorat « 90 jours avant l’expiration du mandat du président en exercice », soit avant le 30 septembre, Joseph Kabila ayant prêté serment le 19 décembre 2011.
Problème : « Pour convoquer l’électorat, il faut avoir un fichier électoral », explique Corneille Nangaa. Et le processus de révision de ce dernier ne peut pas s’achever avant le 30 septembre, selon le président de la Ceni. En conséquence : « Pas de révision du fichier électoral, pas d’électorat ; pas d’électorat, pas de présidentielle dans les délais constitutionnels », martèle-t-il.
Une révision partielle du fichier électoral durerait « 13 mois et 10 jours »
Des « simulations » internes au sein de la Ceni ont récemment indiqué qu’une révision partielle du fichier électoral durerait « 13 mois et 10 jours » pour un budget estimé à près de 123 millions de dollars. Mais Corneille Nangaa rassure : « Le processus électoral est de nouveau en marche. Depuis le début de l’année, le gouvernement s’est notamment engagé à débloquer chaque mois 20 millions de dollars pour le processus électoral. » De son côté, la Ceni a lancé depuis le 10 février un appel international d’offres pour l’achat des kits d’enrôlement des électeurs.
« Le même processus s’était étendu sur au moins 17 mois lors des élections de 2006 et 2011 alors que la Ceni bénéficiait de l’appui massif de la Monusco », relève par ailleurs Corneille Nangaa. Cette fois-ci, le soutien de la mission onusienne a été réduit et « il faudra, contrairement aux précédentes opérations de révision du fichier électoral, enrôler, outre les nouveaux majeurs, les Congolais de la diaspora, désormais électeurs », rappelle-t-il.
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