Urbanisme : Casablanca, cap sur 2030

Humaniser, sécuriser, développer une agglomération de plus de 4 millions d’habitants à l’urbanisme anarchique… Pour atteindre ces objectifs, les autorités multiplient les chantiers. Et transforment la cité de fond en comble.

Publié le 27 juillet 2011 Lecture : 4 minutes.

À l’époque, quatorze kamikazes venant du bidonville de Sidi Moumen s’étaient fait exploser à divers endroits de la ville. Bilan : 45 morts et des dizaines de blessés. Si les autorités prêtent tant d’attention à Casablanca, c’est, bien sûr, pour relever le défi sécuritaire, mais aussi pour en faire une métropole moderne, agréable à vivre et non pas seulement attractive professionnellement.

Croissance chaotique

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La ville d’aujourd’hui a pris forme sous le protectorat. Le futur maréchal Lyautey, nommé résident général en 1912, qui allait y faire construire l’un des plus grands ports d’Afrique, confia à l’architecte urbaniste Henri Prost le soin de réaliser le premier plan d’urbanisme. Casa abritait alors 60 % d’Européens qui allaient se répartir dans les quartiers résidentiels d’Anfa, de Longchamp, de l’Oasis, du Maarif et des Roches noires. Les Marocains étaient, pour leur part, concentrés dans l’ancienne médina et le quartier des Habous.

« Au niveau des extensions prévues par ce plan, rien n’aura été respecté », écrivent les chercheurs Mohamed Tozy et Michel Peraldi dans Casablanca, figures et scènes métropolitaines (éd. Karthala, 2011). « La spéculation sur les terrains gèle l’espace entre les lotissements situés en bord de mer et l’intérieur des terres. Il s’ensuit une dispersion des lotissements privés. »

Ce fut le début de l’accroissement chaotique de la ville. Avec les sécheresses successives des années 1930 et 1940, les familles de paysans des régions de la Chaouia, des Doukkala, du Souss et du Drâa vinrent s’y entasser. L’essor économique draina toujours davantage de main-d’œuvre. Près des industries et grands chantiers, les nouveaux arrivants s’entassèrent dans les grands bidonvilles comme Ben M’sik et les Carrières centrales. Cette croissance désordonnée allait s’accentuer sur l’axe Casablanca-Mohammedia, échappant toujours aux règles des aménageurs.

Rééquilibrage

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Aujourd’hui, l’agglomération abrite 400 des 500 premières entreprises du pays, concentre 47 % des emplois industriels, représente 35 % des besoins électriques. Son aéroport accueille la moitié des passagers du royaume. La wilaya du Grand Casablanca atteindra quelque 2 millions d’actifs en 2030, pour 5,1 millions d’habitants.

Les autorités ont adopté le plan de développement stratégique de la métropole, qui va jusqu’à l’horizon 2030. L’Agence urbaine de Casablanca est chargée de sa mise en œuvre. Il prévoit, entre autres, la mise à niveau du centre-ville, le rééquilibrage entre les parties est et ouest de l’agglomération, l’installation des arrivants autour des pôles périphériques, la résorption de l’habitat insalubre, la mobilisation de 25 000 ha à urbaniser, dont 5 000 consacrés aux activités économiques (industrie, tertiaire et logistique).

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Le plan doit aussi améliorer le système de transports en commun, pour répondre aux besoins croissants en matière de déplacements, tout en limitant le recours à l’automobile. Outre un réseau ferroviaire équivalent au RER parisien, quatre lignes de tramway sont notamment prévues. La construction de la première, confiée à la société Casa Transports, est engagée, avec une ouverture officielle attendue pour décembre 2012.

Le schéma directeur d’aménagement urbain, homologué en janvier 2010, prévoit la réalisation de pôles urbains, la création de zones logistiques, la mise en valeur du littoral, la réalisation de grands équipements culturels et sportifs, l’aménagement de parcs. Tous ces projets sont en voie de concrétisation, notamment la marina, la cité financière d’Anfa – Casablanca Finance City, dont l’ambition est de devenir un hub régional -, la ville nouvelle de Zenata, qui abrite l’une des grandes zones logistiques du royaume, et les pôles de Rahma et Lahraouiyine. Ce dernier reçoit le grand stade de la région. Dans le centre-ville, la première ligne du tramway. Sans oublier le lancement prochain des travaux du grand théâtre et l’aménagement du parc récréatif de Sindibad…

Ville culturelle

Le tissu économique aussi a été repensé. Objectif : reconquérir et moderniser les anciens espaces industriels du centre, organiser de nouveaux pôles. Deux couloirs d’activité ont été créés, l’un consacré au tertiaire (axe Anfa-Sidi Marouf), l’autre à l’industrie (axe Mohammedia-Nouaceur), qui connaissent aujourd’hui la valorisation de la zone d’Ouled Hadda sur 800 ha, l’implantation d’une plateforme industrielle intégrée dans l’aéroville de Nouaceur pour renforcer le secteur aéronautique…

Le secteur touristique n’est pas en reste. Troisième destination du royaume, Casa soigne ses atouts de ville culturelle, de centre de tourisme d’affaires, et développe sa façade maritime. Les initiatives ne manquent pas : Casa City Center, la marina, les projets d’hôtels et de commerces qui se réalisent sur la côte Atlantique. L’Agence urbaine de Casablanca conduit aussi le projet de réhabilitation et de mise à niveau de l’ancienne médina, et tente de préserver le patrimoine architectural, notamment l’hôtel Lincoln, l’un des premiers immeubles Art déco de la ville. 

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