Tunisie : le groupe hôtelier Yadis nargue la crise touristique

Alors que l’activité touristique tunisienne est en chute libre depuis la révolution, le groupe Yadis s’apprête à inaugurer deux nouveaux hôtels.

Julien_Clemencot

Publié le 29 novembre 2011 Lecture : 3 minutes.

À Djerba, l’entreprise familiale inaugurera un établissement cinq étoiles, acheté il y a deux ans et refait à neuf. « Avec près de 500 chambres, il sera parmi les plus grands de cette zone », explique Karim Kamoun, responsable du développement de Yadis en Europe. L’autre ouverture concernera un quatre-étoiles situé dans l’oasis de Tozeur (Sud-Ouest). Son acquisition en 2006, comme celles, la même année, du trois-étoiles de Tabarka (Nord-Ouest) et du quatre-étoiles de Kébili (à l’est de Tozeur), avait concrétisé les ambitions nationales de Jalel Bouricha, faisant de son groupe le quatrième acteur tunisien du secteur. Outre sept hôtels, Yadis Holding contrôle un campement de luxe à Ksar Ghilane, dans le Sud, un restaurant à Tataouine et une maison traditionnelle à Djerba. « En tout, nous avons une capacité de 3 600 lits », précise Karim Kamoun.

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Offre variée

Pour bâtir son empire, Jalel Bouricha n’a pas lésiné sur les investissements : « 45 millions d’euros entre 2006 et 2012 », précise-t-il. Un montant financé sur fonds propres à hauteur de 40 %. Grâce à cet effort, il espère à terme générer environ 30 millions d’euros de chiffre d’affaires pour un bénéfice de 3 % à 5 %. Le pari n’est pas encore gagné. Compte tenu du contexte, Yadis devrait voir cette année ses revenus fondre de moitié, passant de 20 à 10 millions d’euros.

Le groupe présente néanmoins l’avantage de proposer un catalogue diversifié. Il a notamment misé sur la thalassothérapie en équipant ses hôtels de Kébili, Djerba et Tozeur de spas. Un projet géré en interne grâce au recrutement, l’an dernier, d’une manageuse spécialisée et au centre de formation du groupe, installé à Djerba. Le tourisme d’affaires, les excursions culturelles et les séjours destinés aux golfeurs sont aussi au programme. Autant de produits à valeur ajoutée qui permettront de limiter l’importance des tour-opérateurs comme Thomas Cook, Marmara, TUI ou Jahn Reisen. « Aujourd’hui, ils apportent 75 % de notre clientèle. Mais parce qu’ils garantissent de gros volumes, les négociations tarifaires sont très dures », reconnaît Karim Kamoun.

Lobbying

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« Changer le modèle de l’industrie touristique passe inévitablement par l’ouverture du ciel tunisien », plaide Jalel Bouricha, également vice-président de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie. Pour lui, multiplier les dessertes aériennes permettrait par exemple de développer les courts séjours, comme a su le faire le rival turc, et de profiter davantage de la proximité avec l’Europe. Mais la signature de l’accord de libéralisation Open Sky a été repoussée. Faut-il encore ménager Tunisair au détriment d’un secteur tout entier ? semble s’interroger le PDG.

Autre combat du patron de Yadis : obtenir de l’État la possibilité de régionaliser les campagnes de promotion du pays à l’étranger, pour mieux vendre les spécificités locales. « La Tunisie a plus de sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco que l’Égypte ! Qui le sait ? » surenchérit Karim Kamoun. En cas de succès, le lobbying de Jalel Bouricha ouvrirait, il en est sûr, de belles perspectives au tourisme tunisien. Optimiste, il a en tout cas déjà en tête la prochaine étape de développement de son groupe. D’ici à deux ans, il a prévu de l’introduire à la Bourse de Tunis. 

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