Égypte : un forum pour se repositionner en Afrique
Le « forum Africa 2016 » s’ouvre ce 20 février à Charm el-Cheikh. Avec cette première édition, où plus de 2000 participants sont attendus, l’Égypte entend se refaire une place sur le continent.
Moins connu comme centre d’affaires et de conférences que pour ses plages et ses spots de plongées en mer Rouge, la cité de Charm el-Cheikh au sud du Sinaï accueille les 20 et 21 février le forum Africa 2016. Affichant l’objectif « Des affaires pour l’Afrique, l’Égypte et le monde », il est le premier événement panafricain de cette ampleur organisé par l’Égypte et traduit la volonté du Caire de se refaire une place sur son continent dont elle s’était détournée depuis les années 1980.
« Nos relations avec l’Afrique sont organiques et historiques. L’Égypte veut y revenir en force, elle doit redevenir ce qu’elle a déjà été, la porte du continent sur le monde », a expliqué à Jeune Afrique le président Abdel Fattah al-Sissi, parrain de l’événement.
Et les Africains ont répondu présent à l’invitation : sur place, une douzaine de chefs d’États du continent (dont les présidents gabonais, kényan, sénégalais, togolais et nigérian, équato-guinéen, soudanais et éthiopien), une vingtaine d’agences de promotion des investissements et près de 2000 participants dont 1400 patrons, rassemblés afin de « renforcer notre coopération et de trouver des solutions à nos défis communs » explique Hazem el-Fahmy, qui dirige l’Agence égyptienne de partenariat pour le développement totalement réorganisée ces dernières années.
Un soft power stratégique en Afrique
Durant deux jours, le forum Africa 2016 se focalisera sur cinq secteurs prioritaires ou stratégiques : les NTIC, la santé, l’agriculture, l’énergie et une session spéciale consacrée au canal de Suez, aux ports égyptiens et à leurs connections avec le continent.
Nous sommes africains et partageons une histoire avec le continent
Comme le souligne Fahmy, il s’agit surtout pour Le Caire de faire connaître l’Égypte, ses compétences et ses opportunités d’investissements sur un continent dont les promesses attirent les poids lourds de la mondialisation.
« Les Turcs, les Chinois, les Indiens ont des moyens que nous n’avons pas mais nous sommes africains et partageons avec le continent une histoire qui nous confère un soft power dont ces puissances sont loin de disposer ! Il est ainsi bien plus aisé pour un ingénieur égyptien que pour un confrère chinois de communiquer, partager et transmettre avec un autre Africain. Et nos infrastructures, notre position géostratégique comme les ALE rendent aussi l’Égypte très attractive pour, par exemple, un industriel indien qui voudrait produire pour les marchés africains. »
Grand pays continental recherche partenaires et investisseurs
Situation géostratégique optimale, relations privilégiées avec les financiers du Golfe comme avec les États occidentaux, infrastructures renouvelées à l’exemple du canal de Suez doublé en un temps record entre 2014 et 2015 et du chantier engagé d’une nouvelle capitale pour désengorger le Caire : autant de grands projets à long terme pour lesquels l’Égypte recherche partenaires et investisseurs, autant d’opportunités pour ces derniers de conquérir un vaste marché et de diversifier leurs sources de croissance.
« L’Afrique est le marché de l’avenir et ne devons en tirer profit. Ses ressources naturelles intéressent ainsi beaucoup nos industries. Et au-delà de l’aspect économique, l’Égypte peut aussi y gagner en influence politique, dans les arènes de l’Union africaine et des Nations unies par exemple », conclut Hazem al-Fahmy.
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