Maroc: désillusion sur la place boursière

En baisse de 11 % depuis le début de l’année, le marché local souffre également d’une diminution de moitié des capitaux échangés. Du fait du contexte politique régional, mais aussi parce qu’il reste trop cher.

ProfilAuteur_FredMaury

Publié le 6 septembre 2011 Lecture : 3 minutes.

En 2011, les espoirs auront vite été douchés. « L’année avait démarré de belle manière, explique l’équipe de recherche d’Attijari Intermédiation. Sur les deux premières semaines de janvier, le Masi a enregistré une performance de 5,9 %. » Mais mi-janvier, la machine se grippe. « La crise sociale en Tunisie, transformée en crise politique entraînant le départ de Ben Ali le 14 janvier, et son effet de contagion sur les autres pays arabes ont indubitablement installé une méfiance quant à l’investissement dans la région », poursuivent les analystes d’Attijari Intermédiation. Résultat : si Tunis et Le Caire sombrent, Casablanca souffre aussi. Signe de la désaffection des investisseurs, les volumes sont en berne : les capitaux échangés au deuxième trimestre sur le marché central et le marché de blocs affichent une chute de 51,5 % par rapport au même trimestre en 2010. Les émissions obligataires sont également en forte baisse (- 66,7 %).

Désintérêt

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Autre sujet d’inquiétude : le recul de la part des investisseurs étrangers dans les échanges quotidiens. Selon Attijari Intermédiation, celle-ci serait passée, au cours du premier trimestre, de 14 % à 12,5 %, la diminution étant pour l’essentiel due aux investisseurs professionnels. « Il a été observé durant ces dernières années que les étrangers étaient de véritables initiateurs de tendances, explique le courtier numéro un sur la Place marocaine. Lorsqu’ils déclenchent un trend haussier, cela impacte le marché dans sa globalité puisque les investisseurs institutionnels et les particuliers préfèrent acheter dans un cycle haussier entamé. Cette année, les étrangers semblent se désintéresser de la région compte tenu de son contexte géopolitique, ce qui explique cette tendance baissière que nous observons. »

Du côté des investisseurs en question, le son de cloche diverge quelque peu. « Malgré la baisse, le marché marocain est toujours très cher, ce qui explique à mon avis qu’il soit délaissé malgré les qualités des sociétés qui y sont cotées », explique un gérant de fonds. À la fin du premier semestre, le ratio cours/bénéfice (PE) estimé par Attijari Intermédiation pour l’ensemble du marché marocain s’élevait à 18,5, contre 16,5 en Tunisie et 17,2 en Égypte. Malgré une amélioration sensible par rapport au ratio de 21,5 constaté un an plus tôt, il faudrait une correction supplémentaire pour que Casa revienne dans les clous. « Cette prime de valorisation est d’autant plus difficile à justifier que les perspectives de croissance des sociétés marocaines sont moins tangibles à court et à moyen terme que celles présentées par d’autres sociétés ailleurs en Afrique », analyse Malek Bou-Diab, gérant du fonds Bellevue African Opportunities.

Bol d’air

Quelques valeurs en particulier semblent condamnées à voir leurs cours chuter, comme BMCE Bank, le groupe immobilier CGI ou le distributeur Label’Vie, dont les valorisations sont disproportionnées (un PE supérieur à 40). La baisse de ces titres pourrait rendre un visage plus attrayant au marché. Mais c’est surtout de l’élargissement du flottant de plusieurs filiales ou ex-filiales du holding royal SNI que pourrait venir le bol d’air tant attendu. Depuis le début de l’année, le marché a connu peu d’opérations, si ce n’est la modeste introduction en Bourse de Stroc Industrie (103 millions de dirhams, soit 9,1 millions d’euros) et quelques placements auprès d’institutionnels. Pas de quoi nourrir l’intérêt pour un marché dont le visage n’a quasiment pas changé depuis plusieurs années.

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Mais peut-être les investisseurs internationaux, obnubilés par les promesses de croissance africaine, ont-ils tort ? « Si vous considérez les marchés les plus liquides en Afrique, le Maroc présente à ce jour la deuxième meilleure performance annuelle, souligne Malek Bou-Diab. Grâce à une solide base de capital institutionnel local, le marché marocain conserve un caractère défensif en période de turbulences sur les marchés internationaux. »

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