La Bourse de Casablanca finit 2011 sur une note positive
Entre fin novembre et fin décembre, la place marocaine aura connu trois introductions. Une fin d’année honorable, qui ne masque pas la forte baisse des volumes échangés.
À Marrakech, où s’est tenue mi-décembre la 15e conférence annuelle de l’Association des Bourses africaines (Asea), Karim Hajji, le directeur général de la Bourse de Casablanca et hôte de l’événement, a pu garder la tête haute et se targuer de la fin d’année honorable de la place marocaine. Car si elle a connu une année 2011 difficile, comme toutes les places du continent, Casablanca réalise en quelques semaines trois introductions. Après Jet alu du 22 au 24 novembre, c’est au tour de la Société maghrébine de monétique (S2M) de faire ses premiers pas en Bourse, du 16 au 20 décembre. Elle sera suivie, du 20 au 22 décembre, par Afric Industries, filiale à près de 54 % d’Aluminium du Maroc. Il s’agit de la quatrième introduction depuis le début de l’année à Casablanca.
« Certes, un bon score pour le Maroc aurait été dix à douze introductions sur l’année, mais dans un contexte international difficile on aurait pu imaginer qu’il n’y en ait pas du tout », fait remarquer Younes Benjelloun, associé et administrateur directeur général de CFG Group. En fait, les autorités boursières ont décidé d’accélérer un certain nombre de projets qui sommeillaient dans les cartons depuis janvier. À défaut d’une grande introduction, cette série de petites opérations vient renouveler l’offre existante.
Engagements
Celle de Jet alu consistait en l’émission de 400 000 actions nouvelles et la cession de 416 667 existantes au prix unitaire de 288 dirhams (près de 26 euros). Les souscriptions ont atteint 471,5 millions de dirhams, soit environ le double du montant demandé (235,2 millions de dirhams). « Cette opération n’a pas été une grande réussite : les introductions sont généralement souscrites six à huit fois », pointe Widad Ouardi, analyste financière pour la société d’intermédiation Integra Bourse (qui intervient dans l’introduction de S2M). En outre, le titre a enregistré une baisse de près de 10 % dès les premiers jours de cotation. Mais d’après Younes Benjelloun, « ce qui compte, c’est le comportement du titre sur une période plus longue, allant au-delà d’une année. Et celui-ci dépend de la capacité des dirigeants d’une entreprise à respecter ou non leurs engagements pris au moment de l’introduction ».
Contrat record pour S2M
Signé en novembre, l’accord liant S2M à trois banques éthiopiennes (NIB International Bank, Awash International Bank, United Bank) a été remis sur le devant de la scène quelques jours avant l’introduction en Bourse de la société marocaine. Celle-ci doit mettre en place, dans un délai de dix-huit mois, un système de paiement électronique permettant aux clients des trois banques éthiopiennes d’effectuer des retraits dans n’importe lequel des trois établissements. Le montant du contrat n’a pas été révélé, mais d’après S2M, c’est le plus important jamais signé depuis la création de la société, aujourd’hui présente dans une vingtaine de pays africains avec un portefeuille clients d’environ cent vingt établissements bancaires.
Du côté de S2M, l’opération porte sur la cession de 30 % du capital de l’entreprise, soit 240 000 titres (à 325 dirhams) pour une valeur de 78 millions de dirhams. Elle est menée par un consortium de douze intermédiaires financiers dont le chef de file est le Crédit du Maroc. Pour augmenter ses chances, le patron de S2M, Aziz Daddane, mène une offensive en matière de communication. À quelques jours de l’introduction, il a confirmé avoir conclu en novembre « le plus important contrat jamais signé par S2M », selon ses propres termes. Mais ce n’est pas tout : la société promet de verser, même aux nouveaux actionnaires, un dividende d’environ 30 dirhams dans le cadre de son exercice 2011.
Asphyxie
En termes d’introduction, l’année n’aura donc pas été si mauvaise. Mais en ce qui concerne les volumes échangés, elle reste catastrophique. « Sur les onze premiers mois de 2011, nous avons enregistré une baisse de 40 % par rapport à la même période de l’année dernière », affirme le directeur général de la Bourse de Casablanca. Qui ajoute que les autres marchés de la région souffrent aussi : Le Caire et Tunis, où la situation a été aggravée par les révolutions, mais aussi Riyad ou les places d’Afrique subsaharienne.
Pour Widad Ouardi, « 2011 a été encore plus difficile que 2010 » sur la place marocaine. D’après elle, avant la crise, les intermédiaires boursiers traitaient en moyenne 600 millions de dirhams de transactions par jour ; ce montant est descendu à environ 200 millions de dirhams en 2010 et atteindrait 120 à 130 millions cette année. De quoi asphyxier ces sociétés qui tirent l’essentiel de leurs revenus des commissions perçues sur les transactions.
Investisseurs frileux. De près de 580 milliards de dirhams fin 2010, la capitalisation de la place a chuté à 510 milliards de dirhams fin novembre 2011. Le FTSE 15 (les 15 valeurs les plus liquides) est en baisse de 2 % sur les onze premiers mois de 2011, tandis que l’ensemble des valeurs cotées (Masi) chute de 14 %.
Explications de Karim Hajji : « Les marchés ont horreur de l’incertitude. Nous étions en attente d’élections législatives, et les investisseurs sont souvent frileux à l’approche de ce type d’échéances. » Avec la tenue sans encombre du scrutin et la nomination d’un chef du gouvernement, les acteurs de la Bourse de Casa redeviennent optimistes. Ils espèrent surtout que quelques-unes des introductions annoncées par le groupe SNI lors de sa fusion avec ONA en 2010 surviendront au premier semestre 2012 et redynamiseront un peu la place.
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