Mohammed VI fait le ménage dans les consulats du Maroc à l’étranger
Après les ambassades, le roi du Maroc a entamé le renouvellement de l’appareil consulaire dans le but d’améliorer les services fournis aux Marocains résidant à l’étranger.
Pendant deux heures, l’avenue de la Victoire de la ville d’Orly, en banlieue parisienne, est devenu un petit bout du Maroc. Une centaine de ressortissants du royaume chérifien portant des drapeaux rouges et verts se sont agglutinés, mardi 23 février, devant le consulat du Maroc pour saluer le roi Mohammed VI, venu donner le coup d’envoi d’une nouvelle politique de proximité de Rabat en faveur de la communauté marocaine résidant en France. Sous les youyous, pancartes et vivats à sa gloire, le roi du Maroc, en costard-cravate, s’est offert un bain de foule royal comme il en a l’habitude dans son propre pays. Bravant les consignes de sécurité, il est parti, comme il fait toujours, saluer ses sujets que les CRS français avaient bien du mal à maîtriser.
Colère royale
Son déplacement au consulat du Maroc à Orly fait suite à son discours du 30 juillet 2015, date anniversaire de son accession au Trône, où il avait sévèrement tancé certains responsables consulaires, accusés d’avoir manqué à leurs devoirs les plus élémentaires. « Certains membres de la communauté marocaine m’ont fait part de leur mécontentement du mauvais traitement qui leur est réservé par certains consulats, ainsi que de la faiblesse des prestations qu’ils leur fournissent, tant pour ce qui concerne la qualité des services que pour ce qui est du respect des délais, ou de certaines entraves administratives », avait-il asséné.
Reserrer les liens avec les Marocains de l’étranger
Depuis qu’il s’est fait remonter les bretelles par le monarque, le ministère des Affaires étrangères marocain s’active pour améliorer les prestations consulaires. Dans le cadre d’un mouvement de mise à niveau des ressources humaines, 31 chefs de postes ont été renouvelés, un mouvement qui comprend 26 nouvelles nominations. En France, 6 consuls généraux sur 16 ont été remplacés. Il s’agit des postes de Lille, Marseille, Orléans, Orly, Pontoise et Toulouse. « L’Espagne, l’Italie et la Belgique ont été aussi concernés par ce renouvellement et des sanctions disciplinaires ont été prises à l’encontre des agents ayant commis des fautes graves dans l’exercice de leurs fonctions », a signalé Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires étrangères et de la coopération, dans un discours prononcé devant le roi, mardi au consulat d’Orly.
Coup de balai consulaire
Les consuls ont signé une charte de valeurs concernant l’éthique et l’intégrité de leur mission et se sont engagés à améliorer les conditions d’accueil des 5 millions de Marocains vivant à l’étranger, dont 1,5 million en France. Réaménagement des locaux consulaires, simplification et modernisation des procédures administratives, actions culturelles… La colère royale a produit son effet. Un numéro vert pour recueillir les réclamations et les doléances des marocains a été mis en place l’été dernier. Jusqu’au 15 février, le nombre d’appels reçus a dépassé les 4 000. C’est dire combien la communauté marocaine avait besoin de communiquer sur ses problèmes et ses attentes.
Acte II d’un vaste remaniement
À travers cette politique d’ouverture sur ses sujets résidant à l’étranger, Mohammed VI entame la deuxième partie d’un vaste mouvement de remaniement dans le ministère des affaires étrangères. Le 6 février, il avait renouvelé plus des trois quarts des postes diplomatiques du royaume à l’étranger, en mettant à leurs têtes de nouveaux ambassadeurs, issus entre autres du monde politique et des droits de l’homme. L’objectif est de mieux défendre les dossiers sensibles du Maroc sur la scène internationale, à leur tête la question du Sahara.
VRP à l’international
La réforme de l’appareil diplomatique suit la nouvelle stratégie de développement de l’influence du royaume à l’échelle internationale, dans laquelle Rabat cherche à mettre en avant ses atouts (islam modéré, lutte contre le terrorisme, engagement pour le climat…). Le 17 février, le roi du Maroc a rencontré le président François Hollande et a assisté avec lui à la présentation du projet de création d’un centre culturel marocain à Paris, le premier en France, qui sera édifié en plein quartier Latin. Un investissement de 6,7 millions d’euros entièrement à la charge du Maroc.
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