Obama dévoile son plan pour fermer Gantánamo avant la fin de son mandat

Barack Obama a dévoilé mardi son plan pour fermer la prison de Guantánamo avec l’espoir de tenir enfin cette promesse de campagne, juste avant son départ de la Maison Blanche.

Barack Obama applaudi à son arrivée le 12 janvier 2016 au Congrès à Washington pour son  discours de l’Union. © AFP

Barack Obama applaudi à son arrivée le 12 janvier 2016 au Congrès à Washington pour son discours de l’Union. © AFP

Publié le 24 février 2016 Lecture : 3 minutes.

Barack Obama parviendra-t-il à tenir sa promesse ? Il en affiche en tout cas la volonté. « Je ne veux pas refiler le problème au prochain président », a-t-il martelé mardi 23 février. Dès sa campagne de 2008, le président américain  avait promis de fermer la prison de Guantánamo. Mais en sept années au pouvoir, il n’a pas réussi à faire bouger les lignes.

« Il s’agit de refermer un chapitre de notre histoire », a déclaré le président américain en évoquant ce centre de détention qui incarne, à travers le monde, les excès dans la lutte anti-terroriste des États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001.

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« Depuis plusieurs années, il est devenu clair que (cette prison) ne permet de renforcer notre sécurité nationale, elle l’affaiblit, a-t-il déclaré, évoquant un outil de recrutement pour les jihadistes. Garder ce centre ouvert est contraire à nos valeurs ».

91 détenus

Dans ce plan qui laisse nombre de questions en suspens, l’exécutif a identifié 13 sites sur le sol américain susceptibles d’accueillir les prisonniers actuellement détenus sur l’île de Cuba. Mais il n’en communique cependant pas la liste exhaustive et n’en recommande pas un en particulier.

Le coût total de ce transfert serait significatif, se situant dans une fourchette de 290 à 475 millions de dollars.

Il reste à ce jour 91 détenus dans cette prison qui en a un temps accueilli près de 800. Trente-cinq d’entre eux pourraient être transférés dans des pays tiers dans les mois à venir, selon l’exécutif américain.

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La détention sur le sol américain, plutôt qu’à Guantánamo, engendrerait des économies annuelles de l’ordre de 65 à 85 millions de dollars par an, ce qui permettrait donc d’amortir le coût transfert en « trois à cinq ans », selon l’exécutif.

« Si, en tant que pays, nous ne réglons pas ce problème aujourd’hui, quand le ferons nous ? Allons-nous laisser traîner le dossier pendant 15, 20, 30 ans ? », s’est interrogé M. Obama.

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Critiques républicaines

Sans surprise, le projet a immédiatement suscité de vives réactions dans le camp républicain.

« Sa proposition manque de détails cruciaux, requis par la loi, comme le coût exact et le lieu d’un nouveau centre de détention », a critiqué Paul Ryan, président républicain de la Chambre des représentants. « Nous ne risquerons pas notre sécurité nationale pour une promesse de campagne ».

Le sénateur de Floride Marco Rubio, en lice dans la primaire républicaine pour la Maison Blanche, a opté pour un ton résolument guerrier : « Lorsque je serai président, si nous capturerons des terroristes vivants, ils ne seront pas jugés à Manhattan, ils ne seront pas envoyés au Nevada. Ils iront à Guantánamo et nous découvrirons tout ce qu’ils savent ».

Le sénateur républicain John McCain a lui aussi déploré un projet « vague », mais annoncé que sa commission tiendrait néanmoins des auditions pour examiner les propositions du président.

Si, comme c’est prévisible, le Congrès bloque tout mouvement, l’exécutif américain pourrait être tenté d’agir par décret. La Maison Blanche est cependant restée jusqu’ici évasive sur ce thème. Et la marge de manoeuvre juridique du président américain est incertaine et divise les experts.

Critiques des organisations de défense des droits de l’homme

Les organisations de défense des droits de l’homme mettent en garde de longue date contre la tentation de pérenniser sur le sol américain un système de détention illimitée sans inculpation, dénonçant une solution consistant à simplement « changer le code postal de Guantánamo ».

« Guantánamo doit être fermé en s’attaquant au problème de manière frontale, pas en le déplaçant ailleurs », a réagi Naureen Shah, directrice d’Amnesty International pour les États-Unis.

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Zeid Ra’ad al Hussein, a lui salué l’annonce de ce plan, rappelant que Guantánamo était, depuis 14 ans, « une tache » sur la réputation des États-Unis et avait été utilisé par de nombreux régimes répressifs pour justifier leurs comportements condamnables.

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