Niger : les résultats de la présidentielle tombent toujours au compte-gouttes

Alors que l’opposition a déjà annoncé qu’elle ne les reconnaîtrait pas les résultats de l’élection présidentielle de dimanche et lundi, ils continuent mercredi à tomber au compte-gouttes.

Bureau de vote pendant le premier tour des élections présidentielles au Niger, à Niamey, le 21 février 2016. © Gael Cogne/AP/SIPA

Bureau de vote pendant le premier tour des élections présidentielles au Niger, à Niamey, le 21 février 2016. © Gael Cogne/AP/SIPA

Publié le 24 février 2016 Lecture : 3 minutes.

Seules 82 des 308 communes ont été comptabilisées par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), pour seulement un peu plus d’1,3 million d’électeurs sur les 7,5 millions d’inscrits, soit moins de 15% du corps électoral. À ce stade, Mahamadou Issoufou arriverait en tête de la présidentielle avec 36,65% des voix, devant Hama Amadou, 22,08% et Seini Oumarou (14,17%).

Mahamane Ousmane est en quatrième position avec 7,39%, devant Ibrahim Yacouba, ancien directeur de cabinet adjoint de Mahamadou Issoufou (7,16%). Le taux de participation est de 66,43%.

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Une population impatiente

Les résultats globaux doivent être annoncés au plus tard le 25 janvier, selon le chronogramme de la Ceni mais la population commence à s’impatienter. « L’attente des résultats, ce n’est pas bon mais il faut rappeler qu’il y a une augmentation conséquente du nombre d’électeurs (par rapport à 2011) et il y a des zones reculées. On a confiance dans la Ceni et nous souhaitons que ça se déroule dans le calme, que celui qui perde, accepte le résultat », explique Amadou Ali, enseignant de 47 ans.

Certains sont plus vindicatifs et craignent la fraude électorale. « Sincèrement, on craint ça ! On n’a jamais connu ça : attendre deux, trois quatre jours comme ça », s’insurge Abderamane Cheikh Ahmed, qui tient une boutique de tissus près du grand marché. « Il faut que l’État respecte le peuple nigérien. Il y a des fraudes partout. C’est pour gâter l’élection », proteste Issa Daouda, chauffeur de taxi.

L’opposition dénonce des fraudes

La coalition de l’opposition Copa 216 a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne reconnaîtrait pas le scrutin parlant de résultats « fantaisistes », « surprenants » ou « fabriqués », et accusant le pouvoir d’avoir mis en place des « bureaux fictifs ». Elle appelait ses partisans à se « mobiliser » et « résister ». Selon les informations de Jeune Afrique, la Copa 2016 devrait en outre recevoir le soutien de plusieurs candidats à la présidentielle, qui se sont rapprochés de Seini Oumarou. Les négociations seraient actuellement en cours.

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Le camp du président Issoufou a en revanche estimé que « l’opposition [venait] une fois de plus de se ridiculiser » avec sa « déclaration des plus mensongères ». « Le mécanisme électoral dans notre pays est verrouillé et ne permet aucune manipulation des résultats », a assuré Al-Kassoum Saleh, porte-parole de la coalition pro-Issoufou, en rappelant que des représentants de l’opposition siégeaient à la Céni.

« L’opposition verse dans l’intoxication en propageant de fausses informations dans le seul but d’entacher la crédibilité des scrutins reconnus par tous », a-t-il poursuivi. « Elle cherche à cacher sa régression face au parti au pouvoir », a quant à lui commenté un responsable du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir).

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La Ceni réfute l’existence de bureaux fictifs à Zinder

Dans un communiqué mercredi, la Ceni a réfuté les accusations concernant des bureaux de vote fictifs dans la région de Zinder, au sujet desquels elle avait été saisie la veille par le Mouvement nigérien pour la société du développement (MNSD) de Seini Oumarou.

« Je profite de l’occasion pour demander à tous les Présidents des Commissions électorales décentralisées de rester concentrés et vigilants dans le traitement des résultats et de faire diligence dans l’envoi des résultats disponibles pour diffusion par la CENI », a déclaré Ibrahim Boubé, président de la Ceni.

De leur côté, les chefs des missions d’observation et d’information de l’Union Africaine (UA), le Gabonais Jean Eyeghé Ndong, et de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), le Burkinabè Michel Kafando, ont constaté que les scrutins s’étaient « déroulés dans le calme et la sérénité ». Les États-Unis et la France ont également salué le déroulement du scrutin, tout en se déclarant attentifs au dépouillement et au processus post électoral.

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